L'armée ukrainienne fait le plein

"Quant à la reprise des hostilités à grande échelle, la perspective est 
réelle. Nous entendons constamment parler de cela dans les déclarations 
de l'Ukraine et de ses partenaires occidentaux. Le nombre de personnes et 
d'équipements tirés dans la zone de conflit indique que l'Ukraine est prête." 

Denis Pushilin, Président de la République Populaire de Donetsk


Dans le Donbass, alors que tous les projecteurs occidentaux n'éclairent que les mouvements russes sur leurs territoires frontaliers, les forces ukrainiennes - qui les ont provoqué en réaction - continuent de déployer quotidiennement vers le front des dizaines d'unités de combat dont les effectifs globaux sont évaluer au minimum à 125 000 hommes aujourd'hui. 

Ainsi par exemple parmi les renforts repérés par les observateurs de l'OSCE:

Le 4 décembre, l'OSCE constate le transfert vers le front de nouveaux matériels lourds ukrainiens:
17 chars T64 et 10 obusiers automoteurs de 122mm "Gvozdika" débarqués en gare d'Artemvosk.

Les mouvements des matériels ukrainiens peuvent aussi être repérés par des vidéos amateurs diffusés sur les réseaux sociaux, montrant des convois routiers ou ferroviaires faisant route vers le Donbass (par exemple ici) et, plus cocasse, avec les rapports concernant les accidents qu'ils provoquent régulièrement sur les routes, parfois pour le malheur de la population locale occupée :

A Nikolaiev, accident entre 1 camion et un obusier tracté.

A Kherson, camion ukrainien entré en collision avec une voiture.

Des mouvements militaires ukrainiens sont également observés se dirigeant vers les frontières Nord de l'Ukraine où vers celles de la Crimée où l'Etat major de Kiev organise très régulièrement, à quelques kilomètres seulement des postes frontières des exercices provocateurs d'artillerie et de chars.

Traversant la ville d'Odessa une importante colonne 
d'artillerie ukrainienne fait mouvement vers la Crimée


Du côté de l'OTAN

Si l'OTAN a bien fait comprendre à Kiev qu'elle n'était pas intéressée pour envoyer de ses soldats mourir pour Donetsk, Lugansk et encore moins Sébastopol, en revanche l'alliance militaire n'est pas absente dans les soutiens occidentaux promettant d'aider Kiev à défendre l'intégrité de l'Ukraine par des aides logistiques et des formations accrues.

Ainsi par exemple, sur "recommandation" du Pentagone à Varsovie, la société d'armement polonaise Metalexport-S va livrer à l'Ukraine un premier lot de 5 000 roquettes de 122 mm pour le ses Lance Roquettes Multiples BM-21 "Grad" qui depuis 2015 connaissent des ruptures d'approvisionnement régulières au point qui les ont même contraint au silence pendant plusieurs années.
   

L'agence Bloomberg a récemment confirmé que Kiev avait en fait acquis beaucoup plus de drones d'attaque TB2 Bayraktars qu'on ne le pensait (6). La flotte de ses drones d'attaque de fabrication turque serait en réalité de plusieurs dizaines d'appareils et un lot de 24 Bayraktars arrivera sous peu en Ukraine. Dans plus, récemment, Vasily Bodnar, ambassadeur ukrainien à Ankara a déclaré que le terrain pour le début de la construction de l'usine de Bayraktar en Ukraine avait déjà été acquis. Selon un accord signé entre Kiev et Ankara, la firme Bayraktar construira un centre de maintenance et de modernisation des drones dans la région de Vasilkov.

Rappelons que le drone turc Bayraktar est désormais en permanence dans le ciel du Donbass pour effectuer des missions de reconnaissance, a déjà été employé dans une attaque au sol le 26 octobre dernier dans la région de Telmanovo et que le président turc Erdogan se propose d'être le conciliateur de paix entre Kiev et Moscou... cherchez l'erreur !

A vomir !
A l'occasion de la journée des forces armées ukrainiennes
l'ambassade étasunienne de Kiev s'est fendu d'un clip de
félicitations dignes des caresses du maître à son clébard
malade qu'il veut voir aboyer dans la tanière de l'ours !

Bien que le ministre ukrainien de la Défense Reznikov ait solennellement appelé les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada à déployer des troupes sur la « ligne de front avec la Russie » (Kharkov, Kramatorsk et Marioupol), les pays occidentaux ne semblent pas très pressés de poser un rangers sur le front bouillant du Donbass ou du coté de la Crimée et, malgré les déclarations d'intentions britanniques, françaises et même suédoises, pas une seule unité combattante occidentale a montré à ce jour le bout de ses fusils dans l'Est de l'Ukraine.

2 intentions (et espérances kiéviennes) cumulables sont possibles quant à se déploiement occidental demandé par Reznikov sur son sol : 
  • En cas de contre offensive russo-républicaine, Moscou dans les combats du Donbass contre les ukrainiens ne poussera jamais la victoire certaine de ses unités jusqu'au contact avec des membres de l'OTAN qui ne s'y seront pas directement engagés.
  • Si une unité étrangère est prise sous le feu volontaire ou non d'une unité russe, cela augmentera les chances pour Kiev de voir s'internationaliser encore plus le conflit au moins sur leplan des relations internationales et des sanctions anti-russes.
En attendant, l'OTAN multiplie donc ses aides financières (en 2021, l'Ukraine a reçu des USA 390 millions de dollars et de l'UE, 600 millions d'euros), ses exportations d'armes, ses assistances techniques et ses formations à destination des forces armées ukrainiennes qui restent matériellement et tactiquement loin d'être "la meilleure armée du Monde" comme l'a clabaudé récemment Zelensky à la Verkhona Rada, oubliant comme souvent qu'il n'est plus un clown mais un président. 

Soldat canadien de l'opération "Unifier" formant des soldats ukrainiens sur la base de Yavoriv

Même si officiellement l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN et que cette dernière, par la voix de son secrétaire général Stoltenberg, a signifié à Zelensky que son intégration - laquelle est un des objectif majeur de la politique ukrainienne - n'est pas prévue à court terme, sur le sol ukrainien, l'alliance militaire est déjà très présente, voici quelques exemples  :
  • Au sein du ministère ukrainien de la Défense et de son Etat Major, plusieurs conseillers militaires de l'OTAN sont en poste. 
  • Sur la base de Yavoriv près de Lvov. 400 combattants de l'OTAN y sont stationnés en permanence. Depuis avril 2021, c'est le colonel James Perrin, chef du groupe opérationnel « Raven » de l'unité de combat de la 81e brigade « Stryker » de la garde nationale américaine, qui a été nommé commandant de la base. Sous son commandement des officiers canadiens, britanniques, suédois, polonais, danois, lituaniens procèdent à la normalisation et l'entrainement d'unités de combat ukrainiennes (déjà 13 bataillons et 8 brigades y ont été formés). 
  • Au sein du SBU, depuis février 2019, des experts du Pentagone sur les menaces transnationales forment des unités spéciales aux opérations clandestines et de sabotage. Sur ordre du Pentagone les services de renseignement américains ont même créé le "SBU Special Operations Center" un nouveau département du SBU spécialisé dans le sabotage et la reconnaissance à l'étranger (comprendre: la Russie) et dont les membres sont recrutés par les agents étasuniens eux mêmes.
  • A l'académie militaro-diplomatique de la Direction principale du renseignement du ministère de la Défense de l'Ukraine, du personnel du MI-6 britannique organise des stages de formation. 
  • Au 73e centre d'opérations spéciales de la marine à Ochakov, d'autres experts britanniques préparent des groupes de sabotage pour des opérations en Crimée et en mer Noire et d'Azov, (destruction ou saisie de navires et d'installations côtières). Au total plus de 200 "instructeurs" occidentaux seraient en poste à Ochakov pour former les commandos ukrainiens.
  • etc.
Une estimation minimum de la présence déjà effective de l'OTAN en Ukraine est d'une dizaines de bases militaires camouflées et "centre de formation", ce qui représente environ 4000 militaires étasuniens et 8000 militaires des autres pays de l'OTAN et alliés. Ces militaires de l'OTAN, principalement des cadres de forces spéciales sont en mesure d'être activé immédiatement et sans délais pour des missions spéciales (s'ils ne le sont déjà pas déjà dans la reconnaissance). A noter à ce sujet que des "conseillers" militaires de l'OTAN effectuent très régulièrement des visites du front du Donbass, jusqu'en première ligne et réalisent des missions de formation de plus en plus proches du Donbass.

Les "conseillers" de l'OTAN, viennent régulièrement sur le front du Donbass, 
certains en grande pompe, accompagnant des officiels et des journalistes, d'autres 
plus discrètement, sans laisser de traces... enfin, presque sans laisser de trace ! 

Il convient de rajouter à ces assistances humaines des soldats et experts les structures (bases navales, terrestres, ou aériennes) qui sont réalisées en Ukraine "aux normes de l'OTAN" et conçues dans l'objectif d'accueillir des unités de l'Alliance, ce qui se fait également factuellement dans le cadre des exercices interalliés que les occidentaux organisent plusieurs fois par an, en Mer Noire et en Ukraine.

De facto l'OTAN a donc bien mis une botte en Ukraine et pour ceux qui douteraient encore de son intention il suffit d'écouter le Commandant en second des forces terrestres de l'OTAN, le lieutenant-général britannique Richard Cripwell qui, commentant les missions des forces britanniques auprès de forces de Kiev déclare que "la Grande-Bretagne et l'Ukraine ont des opposants communs : la Russie et la Biélorussie".  Je ferai ultérieurement un article plus détaillé sur cette présence actuelle de l'OTAN en Ukraine.

Et dans le domaine du renseignement, les forces de l'OTAN sont en revanche bien opérationnelle sur le théâtre d'opération pontique, notamment avec leurs unités d'observation stratégiques, avions, drones ou bâtiments de surface.

3 déc 21, un Boieng RC135V et un CL-600 "ARTEMIS" de l'US Air Force en mission au large 
des côtes russes ont été "escortés" par des chasseurs russes  Su-27 et Su-30. il est à noter qu'un
incident s'était produit entre le CL600 US et un Airbus de la compagnie Aeroflot assurant une 
liaison entre Tel Aviv et Moscou, avec 142 passagers à bord et qui a du effectuer une manœuvre 
d'évitement d'urgence lorsque le CL600 étasunien a brutalement changé d'altitude sans répondre
aux appels répétés des services de la circulation aérienne, incident répété avec un avion privé.

Boeing US de reconnaissance électronique RC-135V en provenance de la base
de Suda en Crête effectuant une mission d'observation des régions côtières russes.

6 déc 21, c'est encore un CL-600 "ARTEMIS" (Airborne Reconnaissance and Targeting 
Multi-Mission Intelligence System) de l'US Air Force qui effectue une mission d'observation
électronique le long des côtes de la Russie, au large de Sébastopol et Krasnodar.



Du côté de la Russie

La Russie de son côté continue ses déploiements dissuasifs autour de l'Ukraine espérant qu'elle n'aura pas à dégainer une contre-offensive en cas d'attaque ukrainienne massive dans le Donbass 

Quelques exemples récents observés en Crimée :

5 déc 21, Crimée secteur de Sébastopol, convoi russe en 
chemin vers Dzhankoy, près de la frontière ukrainienne

Crimée, concentration d'unités de combat russes près de Novoozernoe (district de Evpatoria.)

5 déc 21, secteur de Tver, la 126e brigade russe de défense 
côtière en mouvement vers la frontière ukrainienne.

Sur le front du Donbass

Le jour où le Président ukrainien Zelensky visite le front du Donbass, dans le secteur de Svetlodarsk, au Nord Est de Gorlovka (à l'occasion de la journée des forces armées ukrainiennes), ses soudards continuent leurs bombardements sur les territoire des républiques comme sur le village minier 6/7 à l'Ouest de Gorlovka, bombardé en fin d'après midi par du mortier de 120mm ukrainien. 

Mais pour terminer sur une bonne nouvelle, la neige a enfin fait son apparition cachant les cicatrices de la steppe meurtrie et faisant naître entre les mains des enfants rieurs des bonhommes de neige dans les parcs et les jardins.

Erwan Castel


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