Washington et Moscou creusent leurs tranchées en Ukraine

Cette année 2021, les actions exponentielles des ukro-atlantistes sabotant les accords de Minsk en bombardant quotidiennement les républiques de Donetsk et Lugansk tout en engageant factuellement l'occupation de l'Ukraine par l'OTAN sur fond d'une russophobie de plus en plus hystérique, semblent avoir épuisé définitivement la patience d'une Fédération de Russie qui aujourd'hui, face à l'extension militaire occidentale vers ses frontières "n'a nulle part où reculer davantage".

Si depuis le coup d'Etat du Maïdan le Kremlin a fait montre pendant 6 années d'une ténacité flegmatique exemplaire pour défendre une résolution diplomatique du conflit du Donbass malgré les provocations ukrainiennes et les représailles économiques occidentales acharnées, on a pu observer cette année 2021, un changement progressif dans les discours du président Poutine et de Sergeï Lavrov son chef de la diplomatie:

  • 7 juillet. Dans son article conceptuel "Sur l'unité historique des Russes et des Ukrainiens", Vladimir Poutine a rappelé : "Au début de 1918, la République de Donetsk-Kryvyi Rih avait l'intention de faire partie de la Russie. Les habitants de Donetsk et de Lugansk ont ​​pris les armes en 2014 pour protéger leur maison, leur langue et leur vie. Ont-ils eu d'autre choix après le drame du 2 mai 2014 à Odessa?", (rappel sur la république de Donetsk Krivï Rog ICI)
  •  9 décembre. Lors d'une réunion du Conseil présidentiel des droits de l'homme : "Ce qui se passe maintenant dans le Donbass, on le voit très bien, on le sait. Ceci, bien sûr, rappelle beaucoup le génocide",
  • 23 décembre. Lors de la grande conférence de presse annuelle, le président russe a confirmé sa position sur la RPD et la RPL : "L'avenir du Donbass devrait être déterminé par les gens qui vivent dans le Donbass. C'est tout. Et il ne peut en être autrement", 
  • 15 novembre. Décret du Président de la Russie sur la reconnaissance des certificats d'origine des marchandises délivrés par les organisations opérant actuellement dans la RPD et la RPL.
  • 21 décembre. Lors de la session finale du Collegium de la Défense, le président russe reappelant le conflit du Donbass dans son contexte de l'élargissement de l'OTAN vers le flanc oriental russe a conclu :  "Nous n'avons nulle part où reculer davantage !"

Le 8 décembre 2021, alors que l'escalade politique et militaire bat son plein, les présidents russe et étasunien se contactent pour mettre en place un dialogue où les positions de chacun seront clarifiées.

Le 17 décembre, le Ministère russe des Affaires Etrangères soumet à la Maison Blanche un ensemble de propositions concernant un traité bilatéral de sécurité collective et dont l'arrêt de l'extension de l'OTAN constitue la garantie majeure..

Dès le lendemain, l'OTAN, l'Ukraine, la Maison Blanche, et de nombreux pays occidentaux comme la Lituanie, la Pologne, la France par exemple jugent inacceptables les propositions du Kremlin.

Le 24 décembre, Washington et Moscou conviennent d'une réunion autour de la crise ukrainienne et des propositions russes le 10 janvier 2022

Le 30 décembre, un nouvel entretien privé à l'initiative de la Russie s'est réalisé entre Jo Biden et Vladimir Poutine qui, selon les comptes rendus réalisés s'est avéré plutôt difficile et tendu, Biden menaçant de paralyser économiquement la Russie en cas d'intervention militaire:


Tout d'abord il est difficile de connaître le détail de cette nouvelle conversation entre les présidents Poutine et Biden car seules les comptes rendus officiels filtrés sont à ce jour connus. Cependant en croisant les communiqués de la Maison Blanche et du Kremlin on peut déjà conclure que la discussion fut plutôt difficile et émaillée de menaces autour d'une nouvelle escalade militaire dans le Donbass que de déclarations d'intentions pacifiques.

  • Du côté des USA, en agitant une nouvelle fois le fantasme d'une invasion russe de l'Ukraine et que Moscou est partie prenante du conflit du Donbass, Biden a promis une paralysie économique de la Russie en cas de nouvelle escalade dans le Donbass: " Le président Biden a appelé la Russie à désamorcer les tensions avec l'Ukraine. Il a clairement indiqué que les États-Unis et leurs alliés et partenaires réagiraient de manière décisive si la Russie continuait d'envahir l'Ukraine" 
  • Du côté de la Russie, Poutine a répliqué que toute nouvelle sanctions économique entrainerait la rupture des relations entre les 2 pays, et que les négociations doivent aboutir à des garanties juridiques fermes de cesser l'extension de  l'OTAN et alliés: "La partie russe a donné une réponse exhaustive à l'option, encore évoquée par Joseph Biden, d'adopter des sanctions «à grande échelle» contre la Russie en cas d'escalade de la situation autour de l'Ukraine. En particulier, il a été dit que ce serait une grave erreur, menaçant en fait une rupture complète des relations russo-américaines" 

Concernant cette menace que représente l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, Biden a notifié à son homologue russe, pour se donner bonne figure, qu'une guerre nucléaire était inconcevable et que les USA n'avaient pas l'intention de déployer en Ukraine des "armes stratégiques offensives". 

Premières remarques :

  1. Biden évite de parler de l'intégration potentielle de l'Ukraine dans l'OTAN, ce que refuse Moscou au même titre qu'une toute autre militarisation atlantiste à ses frontières sous couvert de coopération avec des pays "membres" ou "alliés" de l'Alliance.
  2. La notion d'armes offensives est très floue car elle sous entend par exemple que des systèmes étasuniens officiellement "défensifs" pourraient en revanche être déployés comme les système "Aegis" en Pologne et Roumanie qui peuvent devenir offensifs.

Des négociations vont donc se tenir prochainement et confirmer ce que tous savons déjà, à savoir que :

  • L'OTAN n'abandonnera jamais sa stratégie d'expansion vers l'Est quitte à la contourner en militarisant même sans les intégrer des pays déclarés alliés comme la Géorgie, la Moldavie ou comme on peut l'observer depuis le coup d'Etat du Maïdan en Ukraine où des milliers de soldats occidentaux opèrent sous couvert d'exercices, de formations, de conseils militaires tout en y déployant bases et ressources de renseignement.
  • La Russie va devoir soit capituler et se contenter de nouvelles promesses vagues qu'elle sait sans garantie et contournables ou passer aux actes pour marquer concrètement ses "lignes rouges", comme par exemple reconnaître les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk et, sous traité de coopération militaire, déployer des unités dans leurs territoires pour, enfin, mettre fin aux provocations meurtrières ukrainiennes.

Ces rendez-vous diplomatiques Est-Ouest se dérouleront pendant la deuxième semaine de janvier et en 3 étapes, les 9 et 10 janvier à Genève puis le 12 dans le cadre du Conseil Russie-OTAN à Bruxelles et enfin le 13 janvier, à l'OSCE.

Il ne reste plus qu'à attendre l'issue de ces réunions où 3 options peuvent être engagées :

  • Soit un statu quo sans traité où la situation actuelle entre guerre et paix (sauf pour les populations bombardées du Donbass) est reconduite dans l'hypocrisie de relations internationales hypocrites et peureuses.
  • Soit la table des négociations est renversée par des USA refusant les propositions russes concernant l'arrêt de l'extension de l'OTAN vers l'Est, directe par adhésion ou indirecte par coopération alliée.
  • Soit un traité est effectivement signé entre Moscou et Washington sachant que dans ce cas, l'un des deux capitulera, les USA défendant l'extension de l'OTAN ou la Russie affirmant qu'il n'y a pas de plan B à ses propositions.
Dans les 3 cas les chemins mèneront toujours à la guerre, plus ou moins rapidement, car l'Histoire moderne nous a appris que les USA n'ont jamais respecté leurs promesses ni même les traités signés d'autant que le naufrage économique du mondialisme les invitent à tenter une réinitialisation belliqueuse du système.

En attendant on ne peut que constater que les USA, même si Washington n'a pas l'intention d'envoyer un GI's mourir pour Kiev, cherchent du haut de leur arrogance à intimider la Russie en lui proposant de se soumettre soit volontairement à leur hégémonie diplomatique soit contraint par leur guerre économique qui sera sans nul doute accompagnée appuyée par des guerres asymétriques régionales. 

Poursuivant la stratégie russophobe du "Containment" si cher aux thalassocraties britannique puis étasunienne, Biden a juste proposer à Poutine de choisir entre un confinement militaire ou un confinement économique...

La Russie va devoir maintenant renverser la table de cette diplomatie unilatérale sur la gueule des ukro-atlantistes ou capituler et les dernières déclarations singulièrement fermes du Kremlin ont déjà annoncé à Washington la fin de son jeu de dupe.

Erwan Castel

Poutine le 22 octobre 2015 à Sotchi :
"La rue m'a appris une règle : si la bagarre est inévitable, il faut frapper le premier !"


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