Une seule garantie face à l'OTAN : occuper le terrain !

L'extension de l'OTAN vers la Russie est au coeur de toutes les trahisons de Washington.


"Chaque pays a le droit de choisir le moyen le plus acceptable pour assurer 
sa sécurité, mais cela doit être fait de manière à ne pas violer les intérêts 
des autres parties et à ne pas porter atteinte à la sécurité des autres pays"

Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, 7 décembre 2021

Ce phrase du président russe est ce qu'on appelle du "bon sens" et qui ne demanderait pas normalement à être rappelé si les engagements internationaux n'étaient pas sans cesse trahis par les USA et ses séides de l'OTAN depuis 30 ans, confirmant que dans la passation du relais pour une hégémonie ploutocratique mondiale, la thalassocratie britannique n'a pas oublié de transmettre à la thalassocratie étasunienne la mentalité de la "perfide Albion".

Lors de son entretien avec son homologue Biden, le président russe Vladimir Poutine a rappelé une nouvelle fois la nécessité vitale pour la sécurité de la Fédération de Russie de ne pas voir s'installer des bases stratégiques de l'OTAN sur son flanc occidental, qui de plus, n'a aucune profondeur stratégique. les centres névralgiques russes comme Moscou ou Saint Petersbourg n'étant qu'à 200 km seulement des frontières).

Cette demande, qui fait référence à un principe de sécurité légitime et universel (invoqué souvent par les USA eux mêmes comme en 1962 lors de la crise des missiles à Cuba) était d'ailleurs la condition sine qua non des négociations en 1990 entre Moscou et Washington concernant la réunification de l'Allemagne.


Gorbatchev et Baker - 1990
Ce jour là, le 9 février 1990, James Baker, le secrétaire d'Etat étasunien du président Reagan,  rencontre le président russe Mikhaïl Gorbatchev qui approuve la réunification allemande à condition que l'OTAN ne déborde pas vers l'Est de ses frontières, promesse alors qui fut acceptée par la Maison Blanche avant d'être trahie quelques années plus tard et à de nombreuses reprises jusqu'à aujourd'hui.

Les atlantistes et autres russophobes des salons médiatiques, lorsqu'on évoque cette trahison de Washington menaçant les sécurités russe et européenne, rétorquent que cette promesse de Reagan n'est qu'une invention de la propagande du Kremlin... sauf que depuis 1990, de nombreux documents déclassifiés du département d'Etat américain confirment bien cet engagement de la Maison Blanche à ne pas faire ramper l'OTAN vers la Russie :


Extrait de la transcription de l'entretien du 9 février 1990 entre Gorbatchev et Baker. 

Et que ces mondialistes de merde ne viennent pas dire qu'une promesse orale n'a aucune valeur juridique car dans ce cas pourquoi les USA et leurs laquais de l'OTAN n'ont jamais respecté au cours des 30 dernières années les traités suivants pourtant dûment signés par eux :
  • Charte des Nations Unies, 
  • Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, 
  • Traité d'interdiction complète et complète des essais, 
  • Traité sur la limitation de la défense antimissile balistique, 
  • Convention sur les armes biologiques et toxiques, 
  • Convention des Nations Unies sur le contrôle du climat (Protocole de Kyoto), 
  • Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, 
  • Traité sur le ciel ouvert, 
  • Traité sur l'élimination des missiles à portée intermédiaire et à courte portée ..
A chaque fois que les USA et leurs alliés ont signé un traité, c'est pour l'imposer aux autres et non à eux mêmes, et ceci depuis toujours jusqu'aux accords de Minsk chargés de résoudre le conflit du Donbass.

Lorsque le président Poutine demande au président Biden des "garanties juridiques" que l'Ukraine n'accueillera pas de nouvelles bases stratégiques de l'OTAN aux missiles pointés vers la Russie comme celles qui ont été installées en Roumanie et en Pologne, il sait très bien que le document le plus officiel et décorés de signatures multiples qui pourra lui être présenté n'aura en réalité aucune valeur aux yeux des occidentaux qui l'auront signé.

Bombardement de la Yougoslavie en 1999

Et ceci n'est pas un fantasme, il suffit juste de se souvenir de la Yougoslavie par exemple,  et de Slobodan Milosevic qui croyait également à un accord avec l'Occident, quelques années seulement après celui entre Gorbatchev et Reagan, car c'est la même stratégie perfide de l'OTAN qui aujourd'hui est à l'œuvre autour du Donbass :
  • En août 1994, face à des sanctions occidentales étouffantes que Washington promettait de lever si la Serbie coopérait, Slobodan Milosevic a accepté le blocus de la Republika Srpska, interdit l'entrée de Radovan Karadzic et Ratko Mladic. 
  • Plus tard, en1995, Milosevic refusa de soutenir la Krajina serbe, et celle-ci fut éliminée lors de la tragique opération Tempête. 
  • À l'automne 1998, sous la menace d'être bombardé par l'OTAN la Serbie arrête ses opérations anti-terroristes contre l'UÇK albanais dans le Kosovo qui est alors effacé unilatéralement et politiquement de la liste des organisations terroristes par le département d'Etat étasunien. 
  • Début 1999, l'OSCE arrive, sous la direction d'un certain William Walker, un diplomate étasunien que l'on retrouve comme par hasard au centre du dossier concernant le massacre du 15 janvier à Račak de 45 albanais du Kosovo et qui sera attribué à la police serbe sur ordre comme l'a rappelé dans ses mémoires Helena Ranta qui dirigea l'équipe médico-légale de l'Union Européenne chargée de l'enquête, "Walker voulait que je déclare que les Serbes étaient derrière le massacre de Račak afin que la guerre puisse commencer".
  • Puis en février 1999 ce sont les hypocrites négociations de Rambouillet pour la Paix mais qui prévoient ni plus ni moins qu'une occupation militaire du territoire serbe ce qui logiquement pousse la Serbie à refuser ce traité de paix inique.
  • De mars à juin, en violation de tous les traités internationaux en vigueur, l'OTAN va bombarder intensivement la Yougoslavie pendant 78 jours, jusqu'à ce qu'elle abandonne le Kosovo aux casques bleus et une nouvelle série de violations occidentales des traités organisant des épurations ethniques..
Certains chroniqueurs rapportent que peu de temps avant de mourir à la prison de la Haye en mars 2006, le président Milosevic, dont les accusations de crimes de guerre portées contre lui n'ont jamais pu être prouvées, aurait dit en s'adressant aux autres pays de l'Europe de l'Est :

"Regardez-nous et rappelez-vous - ils vous feront la même chose lorsque vous vous 
dissocierez et donnerez du mou. L'Ouest, tel un chien enragé vous saisira à la gorge. 
Frères, souvenez-vous du sort de la Yougoslavie ! 
Ne les laissez pas vous faire la même chose !"

Depuis la Yougoslavie, l'OTAN n'a jamais cessé de ramper vers les frontières de la Russie, à coup de révolution colorées, guerres régionales ou coup d'Etat comme sur le Maïdan. Et toujours la même stratégie étasunienne à l'œuvre : 
  1. Installer le chaos via des extrémistes voir des terroristes soutenus en sous main,
  2. Intervenir comme négociateur mais proposer des solutions inacceptables,
  3. Créer des provocations les attribuer à la partie adverse pour la sanctionner, 
  4. Obliger la partie adverse à la capitulation ou créer un "casus belli" pour un conflit.
Au delà des belles paroles, trahisons et opérations criminelles des relaps occidentaux, force est de constater que la seule méthode efficace pour arrêter l'expansion agressive de l'OTAN et les guerres hybrides qu'elle déclenche contre le flanc de la Russie est l'occupation physique du terrain par ses forces armées. C'est ainsi que les conflits en Transnistrie, Ossétie, Abkhazie ou plus récemment dans le Haut Karabagh ont été arrêtés et les situations stabilisées dès lors que Moscou y a envoyé ses soldats.

Dans le Donbass, depuis 7 ans tous les engagements écrits des ukro-occidentaux ont été systématiquement déchirés par les forces de Kiev qui, rappelons le sont depuis 2014 factuellement aux ordres de l'OTAN la chaîne de commandement politico-militaire ukrainienne étant dépendante des conseillers militaires étasuniens. D'ailleurs le président Biden, au cours d'un entretien avec son homologue Zelensky lui a renouvelé "l'indéfectible soutien des Etats Unis pour protéger l'intégrité territoriale de l'Ukraine". 

Cette photo peut symboliser à elle seule la guerre menée par Kiev depuis 7 ans
contre la population russe du Donbass. Entre deux bombardements ukrainiens, des
habitants de Pervomaisk ont procédé en 2014 à l'enterrement spontané d'une victime
devant les habitations détruites - Photo N.Y. Sidorov 


A Moscou, si la diplomatie russe se prête encore par courtoisie et politesse aux simagrées de la perfidie occidentale, d'une part elle a durci sensiblement sa rhétorique et même a fait comprendre que le jeu de l'OTAN en Europe de l'Est était terminé :

Ainsi pour conclure il est a relever 2 discours russes  complémentaires qui sont selon moi plus significatifs que les positionnements courtois affichés lors de la réunion Biden / Poutine qui les a précédé :

Pour commencer le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine lors d' une réunion du Conseil des droits de l' homme a déclaré ce 9 décembre que les actions des forces armées ukrainiennes dans le Donbass s'apparentent bien à un génocide.
 
"Je dois parler de la russophobie comme d'un premier pas vers un génocide. C'est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. Et cela ressemble bien sûr au génocide dont vous avez parlé", a répondu le président russe à un journaliste russo-ukrainien, Kirill Vychinsky, qui lui demandait d'introduire les notions de "génocide" et d'"incitation au génocide" dans la législation russe.

La deuxième intervention notable vient de Valery Gerasimov, le chef d'état-major général des forces russes, à l'occasion d'un briefing pour les attachés militaires étrangers, a déclaré au lendemain de la réunion Biden Poutine que toute provocation des autorités ukrainiennes pour résoudre les problèmes du Donbass par la force sera réprimée :

"Les informations diffusées dans les médias sur l'invasion russe prétendument imminente de l'Ukraine sont un mensonge. 
Dans le même temps, la fourniture d'hélicoptères, de véhicules aériens sans pilote et d'avions à l'Ukraine pousse les autorités ukrainiennes à prendre des mesures drastiques et dangereuses. Kiev ne respecte pas les accords de Minsk. 
Les forces armées ukrainiennes annoncent le début de l'utilisation dans le Donbass de l'ATGM (missile antichar) "Javelin", qui a été fourni par les États-Unis, et utilisent également des drones de reconnaissance et de frappe de fabrication turque. 

En conséquence, la situation déjà tendue dans l'Est de ce pays s'aggrave. Cependant, toute provocation des autorités ukrainiennes pour résoudre les problèmes du Donbass par la force sera réprimée".


Ces deux rappels complémentaires sont explicitement un avertissement en direction des ukro-atlantistes qui entretiennent une guerre russophobe à caractère génocidaire dans le Donbass, servant ainsi de concert la stratégie d'expansion de l'OTAN vers les frontières russes et une propagande russophobe hystérique la justifiant.  

A ceux qui prétendront que ceci n'est qu'un délire de la propagande du Kremlin, je les invite à psychanalyser les paroles de cet "ukropithèque" interviewé sur le front du Donbass :

Confiant d'une victoire militaire ukrainienne ce
 ce soldat ukrainien ironise cyniquement "notre 
problème: où allons nous enterrer tous les morts" 

Plus que jamais l'ombre de l'expérience douloureuse yougoslave s'étend sur le Donbass, des discours hypocrites occidentaux qui tentent de cacher le poignard qu'ils tiennent dans leur dos aux projets d'épuration ethnique du Donbass répétés régulièrement sous l'euphémisme de "lustration" par les responsables ukrainiens, en passant par les bombardements et provocations quotidiennes ukrainiennes sur le front ainsi que les aides et présences de plus en plus factuelles de l'OTAN à l'armée ukrainienne.

Mais une toute autre issue guette désormais le camp ukro-atlantiste, car aujourd'hui la Russie, acculée sur ses frontières n'a plus d'autre choix que d'imposer sa légitimité sécuritaire par la force, ce qu''elle a déjà commencé à faire avec le déploiement de renforts importants le long des frontières ukrainiennes, pour dissuader aujourd'hui ou riposter demain à une offensive ukrainienne génocidaire dans le Donbass.

Car l'OTAN le montre depuis des années, elle cesse de provoquer Moscou dès lors que cette dernière occupe les territoires convoités par l'impérialisme étasunien, Washington ne pouvant supporter une confrontation militaire directe avec la Russie. Au pire, et au mieux de sa guerre économique anti-russe, la ploutocratie mondialiste ira sacrifier quelques milliers d'idiots utiles ukrainiens, que nous saurons enterrer sans problème dans l'enfer avec leur Bandera... 

Erwan Castel



Concernant les discussions et les promesses étasuniennes de 1990, voir cette synthèse complète ici : https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2011-3-page-85.htm

Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat