La voix de son maître

Le discours de guerre de Zelensky

Ce 2 décembre 2021, le président ukrainien Zelensky, ou devrait-on plutôt préciser le "gouverneur de la colonie étasunienne Ukraine", dans un discours à la tribune de la Rada, le parlement ukrainien, a exhorté les députés à mettre un terme à la question du Donbass Lors d'un appel aux députés de la Rada :

« Si nous voulons retourner dans le Donbass, allons-y ! 
Mettons un terme à ce problème : battons-nous pour notre terre. 
Il est nécessaire que tous les politiciens, quel que soit le parti, 
et tous les hommes d'affaires, des petits aux grands, se battent »

Cette harangue belliciste du pantin de Kiev n'est qu'un nouveau tir de cette rhétorique russophobe méticuleusement orchestrée par la stratégie étasunienne en Europe dont l'OTAN est le fer de lance et l'UE la hampe.

Cette stratégie russopgobe au service de l'impérialisme capitaliste occidental èst ancienne, et certains, avec raison la font remonter au gouvernement britannique Pitt, lorsque la thalassocratie d'alors voulait déjà bloquer l'accès à la Méditerranée à la flotte de l'impératrice Catherine II (et déjà l'Ukraine et la Crimée étaient au centre de la confrontation).

Cette "stratégie du Containment" (isolement) de la Russie, qui fut mise de côté pendant les 2 guerres mondiales (alliés russe et soviétique obligent) et gelée par l'équilibre imposé de la guerre froide, a été brutalement libérée avec l'effondrement de L'URSS. Et, depuis 1991 nous observons une poussée agressive de l'OTAN vers les frontières russes avec des ramifications, de l'Afghanistan jusqu'à la Géorgie, dans tout le "Rimland" cette ceinture continentale entre l'imperium russe historique et les mers chaudes économiques.

Aujourd'hui, l'Ukraine est l'épicentre principal de cette tectonique géopolitique provoquée par Washington et qui a été exacerbée en 2004 puis 2014 avec la "révolution.orange" avortée puis le coup d'Etat du Maidan. 

Il faut bien comprendre que Washington, dont l'OTAN est arrivée au contact des frontières de la Fédération de Russie et du Belarus son allié régional, soit directement (Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie) soit indirectement (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan...), ne veut pas "porter le chapeau" d'un conflit militaire ouvert et direct avec Moscou. La stratégie occidentale consiste donc à provoquer Moscou via des auxiliaires et idiots utiles, jusqu'à ce que le Kremlin finalement réagisse légitimement mais en ouvrant aussi une série de "représailles" contre la Russie:
  • Diabolisation de la Russie et ses alliés,
  • Sanctions économiques et diplomatiques, 
  • Renforcement militaire de l'OTAN,  etc.
Ainsi, en Ukraine a t-on observé :

1 / Alors que la Russie n`était pas intervenue pendant le Maidan (contrairement aux occidentaux), une radicalisation russophobe des putschistes déclenchant le rattachement référendaire de la Crimée voulu par sa population russe et validé par Moscou qui voulait dans l'urgence protégé sa base stratégique de Sébastopol qui est la sentinelle Sud vitale à son flanc occidental qui n'a  plus de profondeur stratégique depuis 1991 (Kaliningrad étant sa sentinelle Nord et Minsk sa sentinelle centre).

Puis ce fut l`avalanche des sanctions économiques anti-russes que l`on sait et qui continuent d'année en année.

2 / Alors que la Russie n'était pas intervenue dans la rébellion du Donbass, les putschistes kiéviens, sur ordre de la CIA (dont le directeur Brennan se déplace en personne à Kiev) décident de déclencher une opération militaire disproportionnée et criminelles contre Donetsk et Lugansk, obligeant finalement la Russie à réagir (normalisation des républiques, accords de Minsk...), et soutien des milices pour militairement, ne pas avoir à intervenir directement dans le piège tendu par les occidentaux. 

Et ce furent de nouvelles sanctions économiques contre Moscou et une accélération de la militarisation atlantiste de l'Ukraine.

3 / Tout comme "les snipers du Maïdan", qui avaient fait avorté en février 2014 l'accord politique entre le président Ianoukovitch et son opposition, les forces ukrainiennes depuis 7 ans sabotent méticuleusement les accords de paix diplomatiquement lors des réunions du groupe de travail de Minsk et militairement en violant quotidiennement le Cessez le feu. 

Mais là encore Moscou n'intervient pas directement (aide militaire ou reconnaissance des républiques) comme le souhaitent les occidentaux, qui n'attendent que cela pour déclencher de nouvelles représailles politico-économiques contre la Russie.

 

Il faut donc forcer la Russie... mais pas à n'importe quel prix !

L'OTAN, ici révèle une stratégie finalement mûrement réfléchie qui consiste à provoquer Moscou pour pouvoir déclencher contre elle, grâce à l'hégémonie de sa propagande de guerre et la soumission des occidentaux, une ire internationale et son cortège de représailles diverses, MAIS sans risquer de se retrouver engagée dans un conflit armé global contre la Russie ou même de perdre l'Ukraine dans sa totalité.

Mais alors, comment Washington entreprend-il de faire bouger Moscou - pour engager son blocus - sans risquer de perdre du même coup l'acquis du coup d'Etat du Maidan ?

Réponse: en jouant avec le principe de proportionnalité d`une diplomatie russe qui veut toujours laisser une porte ouverte aux négociations pacifiques (on l'a vu re récemment dans les initiatives russes désamorçant le conflit arméno-azéri par exemple). 

Dans ce jeu des provocations progressives occidentales on a observé cette année en plus d`un abandon politique ukrainien de plus en plus assumé des accords de paix une escalade militaire nouvelle sur le front du Donbass :

  • Au printemps de cette année 2021 ont eu lieu, sous couvert d'exercices militaires programmés, un premier bras de fer important entre Moscou et Kiev, suite à l'accumulation dans le Donbass d'importantes forces d'assaut ukrainiennes. Finalement, devant l'ampleur des forces russes déployées près de leurs frontières Kiev avait renoncé à un quelconque coup de force sur le front (à moins que ce n'était qu'une répétition pour justement évaluer les capacités opérationnelles des uns et des autres).
  • En octobre 2021, Kiev engage de nouveaux bombardements et préparatifs offensifs dans le Donbass. Pas de réaction militaire russe.
  • Le 26 octobre 2021, les forces ukrainiennes rouvrent le front aérien en rélisant une attaque avec un drone d'attaque Bayraktar, et réalisent des bombardements dans la profondeur et sur une localité (Telmanovo), actions qui avaient disparues du front depuis 2014. Pas de réaction militaire russe.
  • En novembre 2021, de nouveaux renforts offensifs  ukrainiens (artillerie et blindés) sont déployés sur le front du Donbass, élevant les effectifs de l' "Opération des Forces Combinées" à 125 000 hommes. La Russie déploie symétriquement des unités vers les frontières ukrainiennes.

Nous pouvons voir ici que si les mouvements de troupes en cours ressemblent à ceux du mois de mars, la situation a nettement évolué, en agressivité ukrainienne militaire et politique et surtout, le comportement russophobe des occidentaux s'est radicalisé. L'équipe Biden (qui lorsqu'il était vice président d'Obama, fut l'un des soutiens étasuniens les plus actifs du Maidan) est désormais bien installée aux commandes et qui plus est, l'OTAN est débarrassée de l'épine afghane et d'une chancelière Merkel qui bien qu'atlantiste ne sombrait pas dans l'hystérie russophobe et une servilité étasunienne comme les autres partenaires occidentaux, notamment français ou britanniques, comme l'illustre par exemple sa volonté de voir aboutir le projet de gazoduc russe "North Stream 2" au grand dam de Washington, Paris, Londres, Toronto...

La stratégie ukro-atlantiste "provoquer jusqu'à faire réagir pour pouvoir sanctionner" est donc à nouveau à plein régime et les ukrops jouent ici avec zèle le rôle des chiens de chasse qui sont chargés de faire sortir l'ours de sa tanière.

Loin des délires russophobes ou russophiles qui cauchemardent ou rêvent d'une "invasion russe" de l'Ukraine, il est probable que Washington recherche plutôt un action limitée de l'armée ukrainienne limitée dans l'espace et la durée, suffisamment violente pour engager une réaction russe mais pas trop pour que elle aussi soit limitée. Cela suffira aux occidentaux pour montrer du doigt Moscou en l'accusant d'être l'agresseur et d'engager alors de nouvelles sanctions anti-russes hystériques et débridées (sanctions économiques et diplomatiques accrues, arrêt définitif du North Stream 2, coupure du Swift etc...) et radicaliser la militarisation atlantiste de l'Ukraine (livraisons d'armements, déploiements d'unités, zone d'exclusion aérienne, accélération du processus d'intégration dans l'OTAN). 

Pour réussir cette stratégie étasunienne dosée, Kiev doit réaliser un coup de force militaire dans le Donbass, avec un minimum de pertes civiles et la capture, même temporaire, d'un territoire vital à la défense républicaine obligeant les forces russes a prêter main forte aux milices républicaines. Quant aux pertes ukrainiennes que cette réaction russe provoquera, elles doivent être significatives pour pouvoir être exhibées dans la justification des nouvelles sanctions occidentales (tout comme l'avaient été les victimes du vol civil MH17 en juillet 2014 en cachant qu'il avait été abattu par les forces ukrainiennes).

Si en revanche, Kiev lance une offensive générale et longue et sur des zones à forte densité démographique, d'une part les pertes civiles républicaines et militaires ukrainiennes qui ne pourront pas être cachées par la propagande de guerre occidentale, non seulement révéleront qui est le véritable agresseur dans le Donbass et justifieront alors une intervention de Moscou qui pourra alors aller jusqu'au renversement du régime de Kiev, sans que l'OTAN ne lève le petit doigt.

Vraisemblablement, un coup de force ukrainien, limité mais inacceptable, comme la prise d'une localité moyenne comme Telmanovo ou d'une voie logistique vitale comme la route de Yasinovataya (qui ensuite serait abandonnée après les premières interventions des forces russes) serait idéal à Washington pour faire bouillir la marmite ukrainienne sans qu'elle déborde. Relancer des sanctions contre Moscou et accélérer la militarisation atlantiste de Kiev vaut bien le sacrifice de quelques centaines de soldats ukrainiens, surtout si ce sont des tarés du Secteur Droit néo-nazi que Kiev veut redéployer en masse sur le front.

Voilà pourquoi il est important de traduire cette harangue du président Zelensky au parlement ukrainien à l'aune de sa soumission à la Maison Blanche, et cela donne alors quelque chose comme :

"Si nous voulons intégrer l'OTAN, faisons le venir à nous
Mettons un terme à cette attente : sacrifions quelques soldats..." 

Cette stratégie bien entendu est connue parfaitement par le Kremlin qui a réussi depuis 7 ans à rester en dehors du piège Donbass, et qui aujourd'hui anticipe sur l'hypothèse de plus en plus probable d'y intervenir quand même pour secourir la population des républiques.

Ainsi le Kremlin a garanti que la Russie aiderait "dans la mesure du possible" les républiques en cas d'agression ukrainienne et aujourd'hui le président Poutine a suggéré de négocier des garanties juridiques pour empêcher toute progression de l'OTAN vers l'Est. Même si cette proposition (un peu tardive) n'a aucune chance d'aboutir, elle a au moins l'avantage de pouvoir présenter médiatiquement l'OTAN comme cet agresseur qu'elle est si elle agit encore, directement ou indirectement, en Ukraine. Alors la réaction russe sera légitime et incontestée tout comme celle qui répondrait à un massacre de civils à Donetsk ou Lugansk.

Erwan Castel

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