Les lignes rouges de la Russie

Alors que les tensions entre Washington et Moscou, sur fond d'une nouvelle éruption de la crise ukrainienne, le président étasunien Biden, répondant à la proposition du président russe Poutine de négocier par traité des garanties juridiques empêchant toute progression de l'OTAN vers l'Est, vient de rejeter ce 4 décembre 2021 toute idée de "lignes rouges du Kremlin" en Europe de l'Est.

L'intervention de Jo Biden au sujet des "lignes rouges" du Kremlin
introduite par la rhétorique alarmiste et malhonnête de TV5 Monde
illustrant cette russophobie hystérique de la merdiacratie occidentale
aux ordres de cette propagande de guerre mondialiste qui la finance.

Dans le scénario vécu ou prévu d'une confrontation militaire Est-Ouest, la principale faiblesse de la défense russe est l'absence critique de profondeur stratégique car la majorité des centres névralgiques se la Russie se situent au bord de son flanc occidental. Déjà par le passé,  les polono-lituaniens (17e siècle) ou les français (19e siècle) par exemple avaient réussi à s'emparer de Moscou, et les allemands (20e siècle) étaient arrivés aux portes de Leningrad, Moscou, et Stalingrad, imposant d'immenses sacrifices pour la libération du territoire national. Et Staline, comprenant, avant la chute du IIIe Reich, qu'une autre  confrontation Est-Ouest menacerait la Russie avait doté la Russie de cette profondeur stratégique occidentale qui lui fait cruellement défaut, grâce aux républiques socialistes soviétiques de l'Europe de l'Est.

Lorsque l'URRS s'effondre, cette absence de profondeur stratégique russe reste une obsession pour les russes et à juste titre car depuis 1991, la stratégie occidentale va rapprocher ses forces militaires jusqu'aux frontières de la Fédération de Russie, trahissant jusqu'à aujourd'hui la promesse faite en 1990 à Gorbatchev de ne jamais étendre l'OTAN à l'Est de l'Allemagne réunifiée. 

Et aujourd'hui, dans le contexte de la nouvelle aggravation des relations Est-Ouest, la Russie souffre plus que jamais de cette absence de profondeur stratégique du fait des portées accrues des armements et radars modernes. Si avant Moscou n'était qu'à quelques semaines des armées napoléoniennes ou quelques jours des armées hitlériennes, aujourd'hui, la capitale de la Russie n'est qu'à quelques minutes des missiles de l'OTAN !

Pour comprendre en quelques minutes cette situation géostratégique 
occidentale de la Russie, voici l'analyse, neutre, claire et pertinente de
Benjamin Tremblay un animateur du média québéquois indépendant 
"7 jours sur Terre". Mise à part l'utilisation erronée du terme invasion 
russe pour la Crimée (elle était constitutionnellement déjà présente dans
sa péninsule historique), cette synthèse non partisane est remarquable. 

Or, l'Ukraine, que le géopolitologue polono-étasunien Zbigniew Brzeziński définissait comme le "pivot stratégique de l'Europe est aujourd'hui sur le point de tomber à son tour dans l'escarcelle de l'OTAN, et factuellement cette dernière a déjà mis un pied sur cette côte de la Mer Noire où se trouve la base de Sébastopol cette sentinelle Sud vitale à la défense occidentale russe et dont la péninsule de Crimée reste l'objectif prioritaire de l'OTAN motivant sans nul doute le coup d'Etat du Maïdan (à quelques mois du renouvellement du contrat de stationnement de la flotte de la Mer Noire), mais protégée in extrémis par Moscou en mars 2014 via un référendum populaire auprès de sa population russe.

Pour visualiser l'importance stratégique vitale de la Mer Noire, de l'Ukraine et particulièrement de la Crimée qui est sa clef de voute militaire, voici deux exemples de portée de systèmes de défense que la Russie y a installé pour protéger son flanc occidental Sud (ce même principe stratégique se retrouve au centre du continent en Belarus et au Nord, sur les bords de la Mer Baltique, à Kaliningrad :

Parmi l'arsenal des radars terrestres, maritimes et aériens russes 
installés en Péninsule de Crimée se trouve le radar ultra moderne 
Voronezh-SM  permettant à Moscou de surveiller l'ensemble des
activités de l'OTAN en Europe, en Méditerranée jusqu'à Gibraltar.

Enfin, en cas de conflit contre la Russie, le bastion de Crimée a en plus 
des moyens dédiés à sa propre défense péninsulaire,  dispose d'une force 
de frappe terrestre et embarquée permettant à Moscou de réagir en avant
de ses frontières, comme ici avec le missile de croisière 3M54K Kalibr qui
peut atteindre sa cible à plus de 660 km (ici depuis le port de Sébastopol).


Malgré le rattachement référendaire de la Crimée à la Fédération de Russie, les ukro-atlantistes n'ont pas abandonné leur stratégie, bien au contraire, car s'il ne peuvent plus faire main basse sur Sébastopol, ils rêvent de l'assiéger avec des bases de l'OTAN, terrestres et navales (dont une est déjà en construction à Ochakov, sur l'embouchure du Dniepr), au mépris des "lignes rouges" pourtant maintes fois rappelées par Vladimir Poutine et dont la patience semble avoir atteint ses limites.

Unités de blindés ukrainiens sur le front du Donbass

Et c'est ici qu'intervient la guerre du Donbass, entretenue méticuleusement par les ukrainiens comme le feu sous une marmite avant que ne commence le repas, tandis que Washington comme à son habitude sert en apéritif son discours hypocrite émaillé d'inversions accusatoires et de mensonges éhontés comme ceux de déclarer une invasion imminente de l'Ukraine par la Russie ou de prétendre que l'intégration de Kiev dans l'OTAN n'est pas à l'ordre du jour :


Un délire russophobe qui n'est qu'inversion accusatoire

Dans un concert tonitruant d'articles, de déclarations, de reportages, d'"expertises" etc. la propagande politico-médiatique occidentale alerte quotidiennement l'opinion d'une invasion russe imminente de l'Ukraine dans des hypothèses toutes plus délirantes les unes que les autres !
  
Dernier délire occidental : une cartographie du journal allemand Bild décrivant 
"selon des sources du Pentagone" l'invasion russe de l'Ukraine, prévue début 2022.

Et pour argumenter leurs délires, les ukro-atlantistes nous montrent les concentrations militaires des forces russes autour de l'Ukraine, niant le droit élémentaire qu'a une armée de manœuvrer sur son propre territoire tout en trouvant normal que des unités de l'OTAN quittent leurs territoires nationaux pour se déployer le long des frontières russes et bélarusses !

Un autre délire de la propagande ukro-occidentale, cette fois vomi par le Washington 
Post, et qui nous montre 175 000 russes assoiffés de sang ukrainien sur le point de 
précipiter le Monde dans la 3ème guerre mondiale ! Fait très intéressant dans cette 
infographie officielle: après avoir hurlé pendant 7 années que les militaires russes 
avaient envahi l'Ukraine dans le Donbass, les voilà maintenant absents du territoire 
des républiques de Donetsk et Lugansk: Quand un mensonge en chasse un autre !

Et dans leur coutumière malhonnêteté journalistique collaborant ici avec les criminels de guerres ukrainiens, ces médias occidentaux omettent bien sûr de mentionner les bombardements accrus sur les territoires de Donetsk et Lugansk, l'accumulation de nouvelles forces ukrainiennes portant leurs effectifs sur le front à 125 000 hommes en articulation offensive.

Bien sûr l'OTAN ne veut pas plus que la Russie d'une confrontation militaire directe et les dernières déclarations des hauts responsables étasuniens et de l'alliance le confirment, promettant de lourdes sanctions contre la Russie en cas d'agression russe en Ukraine mais jamais de riposte militaire occidentale, tout au plus une aide accrue à l'armée ukrainienne.

On pourrait résumer cette stratégie occidentale, et qui n'est pas dénuée de cynisme vis à vis de son partenaire ukrainien, à cette expression populaire "vouloir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière", car un conflit russo-ukrainien, même limité à un accrochage éphémère provoqué par Kiev, permettra à l'Occident désignant Moscou comme coupable de passer ses sanctions anti-russes à la vitesse supérieure vers un blocus total de la Fédération et à l'OTAN d'accélérer sa militarisation du territoire ukrainien qu'il occupera massivement, vraisemblablement à l'Ouest du Dniepr, au prétexte de le protéger contre la très méchante Russie, mais sans s'impliquer directement dans le conflit (sauf concernant ses ressources de renseignement qui sont déjà en mission depuis plusieurs années sur le front du Donbass et les frontières russes).

C'est ce que vient de confirmer à demi mots 
Christina Queen, la chargée d'affaires des Etats-Unis à son ambassade en Ukraine à l'occasion d'une réunion avec le ministre ukrainien de l'Intérieur Denis Monastyrsky où elle a assuré que les USA étaient prêts "à continuer à soutenir" l'Ukraine en cas d'aggravation de la situation à ses frontières. "Continuer" c'est donc rien de nouveau comme un engagement militaire direct sur le front, mais aider par la logistique, la formation et la vente d'armes comme vient de le confirmer Jo Biden en débloquant une autre enveloppe de 60 millions de dollars pour la fourniture d'armes dont de nouveaux missiles antichars "Javelin".

Mais, même si l'OTAN ne s'engage pas directement dans un conflit armé avec Moscou, sa présence sur le territoire de Kiev imposant à Moscou une intégration de facto de l'Ukraine dans l'alliance (ou plus précisément une intégration de l'OTAN dans l'Ukraine) est inadmissible aux yeux de la Russie qui a été à nouveau définie comme l'ennemi principal dans les derniers sommets de l'alliance militaire occidentale comme vient de le rappeler une fois encore Sergeï Lavrov, le ministre russe des Affaires Etrangères :

"La décision du sommet de l'OTAN, à Bucarest en avril 2008, que la Géorgie et l'Ukraine deviendront membres de l'OTAN mine les fondations mêmes de la structure de sécurité européenne. Une première fois, en août 2008, elle a déjà « explosé » lorsque Mikhaïl Saakachvili, qui était dans l'euphorie du point de vue de l'OTAN, a décidé d'une aventure militaire qui s'est transformée en conséquences désastreuses pour la Géorgie elle-même et a amené la situation de sécurité en Europe sur une ligne dangereuse... 

Il est parfaitement clair que la transformation de nos pays voisins en un tremplin pour la confrontation avec la Russie, le déploiement des forces de l'OTAN à proximité immédiate de zones stratégiquement importantes pour notre sécurité est catégoriquement inacceptable".

La Russie, tout en maintenant la porte du dialogue ouverte a décidé de marquer elle même ses lignes rouges, ignorées par Washington, par des actes concrets et de prévenir par exemple par le voix de son Etat Major : "Les deux bases navales en mer Noire et en mer d'Azov, que Kiev commence à construire (annoncées par annoncée par le ministre ukrainien de la Défense Alexeï Reznikov), seront ciblées à 100 % par les forces armées russes si des navires lance-missiles de l'OTAN qui menacent la RF y sont déployés.".

A bon entendeur salut !

Erwan Castel

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