"Reculer pour mieux sauter"
Continuant leur habituel jeu de dupe, les ukro-atlantistes, par la voix du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, viennent de proposer une rencontre Washington / Moscou concernant les propositions de Sécurité collective soumis par le Kremlin le 17 décembre et pour lesquelles la Maison Blanche comme l'OTAN ont jugé inacceptable la demande de stopper l'extension de l'alliance vers les frontières de la Fédération de Russie.
Il serait naïf de croire que cette rencontre proposée pour le 12 janvier, et par l'OTAN elle même soit un changement de rhétorique occidentale concernant sa stratégie vis à vis de Moscou. Il s'agit selon moi d'une manœuvre dilatoire destinée à parer médiatiquement les occidentaux d'un masque bienveillant pour ensuite accuser la Russie de saboter les négociations. Souvenons nous des négociations initiées par les occidentaux et qui ont précédé les attaques de l'Irak en 1990 ou de la Serbie en 1999.
Car le seul changement de rhétorique qui a été réalisé ce n'est pas du côté de Washington mais plutôt de Moscou qui diplomatiquement a frappé du poing sur la table devant l'obstination occidentale de faire de l'Ukraine un porte-avion pro-atlantiste dirigé contre la Russie.
Depuis plusieurs semaines le président et les responsables politiques et militaires de la Fédération de Russie rappellent et de façon radicale les "lignes rouges" sécuritaires à ne pas franchir dans la zone stratégique entourant leurs frontières. Et la pierre d'angle de cette sécurité périphérique de la Russie c'est la garantie (et son respect) que l'alliance militaire atlantique ne progressera plus vers l'Est que ce soit via des pays membres ou des pays alliés. Et, comme l'a rappelé ce 26 décembre le porte parole du Kremlin Dmitry Peskov, cette garantie ne concerne pas seulement l'Ukraine, mais aussi d'autres pays situés autour de la Russie tel que la Géorgie ou la Moldavie par exemple.
Car si l'OTAN ne veut pas affronter militairement des forces russes, que ce soit en Syrie ou en Ukraine, en revanche les occidentaux veulent toujours qu'elle soutienne logistiquement et normalise les forces auxiliaires gouvernementales, paramilitaires ou terroristes qui luttent contre la Russie. On le voit bien avec l'Ukraine dont les occidentaux répètent régulièrement qu'elle n'est pas prête d'intégrer l'OTAN mais que cette dernière occupe déjà factuellement et jusque dans le Donbass.
Et, en arrière plan de ce jeu de dupe, les occidentaux essayent déjà de jouer la carte du chantage géo-stratégique avec par exemple le nouveau report de la validation allemande nécessaire au lancement concret du gazoduc russe North Sream II. Cette menace de torpiller définitivement le gazoduc russe est à la fois un levier dans les négociations autour de l'Ukraine pour dissuader Moscou de protéger le Donbass et maintenir le transit ukrainien de son gaz vers l'Europe, très lucratif pour Kiev.
L'OTAN aujourd'hui ne peut stopper son élargissement vers l'Est sans discréditer la stratégie et les relations internationales de Washington et Moscou, comme l'a rappelé Poutine, "n'a plus nulle part où reculer". C'est donc vers une épreuve de force que se dirigent les puissances antagonistes et qui se cristallisera vraisemblablement autour du Donbass, à moins qu'un événement grave n'intervienne avant sur le front asiatique où les tensions entre Washington et Pékin vont également crescendo.
Concernant le flanc occidental de la fédération, le président Poutine a confirmé que, si les garanties solides demandées au sujet de l'OTAN n'étaient pas obtenues, alors la réponse du Kremlin sera confiée aux experts militaires et il est difficile de na pas penser alors à l'expérience en Géorgie lorsque Tbilissi avait attaqué les républiques pro-russes d'Abkhazie et d'Ossétie : reconnaissance politique de Moscou, intervention et déploiement de l'armée russe sur leurs territoires.
En attendant cette réunion, qui sera je le crains un "non événement", les forces armées ukrainiennes continuent de jouer "la mouche du coche" de l'OTAN, comme par exemple pour la journée du 26 décembre :
- A 09h25, Front de Gorlovka (40km Nord Donetsk), Bombardement ukrainien du village de Gagarine. 4 roquettes RPG 7 et 10 grenades AGS tirées ainsi que des tirs aux armes légères.
- A 12h20, Front de Donetsk, Bombardement ukrainien du village de Veseloe (Nord de Donetsk, secteur aéroport). 5 grenades AGS tirées.
Avec leurs véhicules, les soldats russes adressent aux observateurs US une interjection ("bite") |
- Alors que depuis 7 ans l'OSCE qui y est déployée conclue qu'il n'y a pas de troupes russes dans le Donbass, cette carte nous ressort le mensonge de leur présence,
- Que parmi les troupes russes inventoriées il y a celles nombreuses dont les implantations de garnisons sont depuis toujours dans ces régions frontalières,
- Aucune infographie occidentale bien sûr ne fait mention des mouvements militaires de Kiev qui désormais a déployé plus de 50% de ses unités d'assaut dans le Donbass,
- Que les mouvements des troupes russes sont réalisés d'une part sur leur territoire national et pour beaucoup dans le cadre d'exercices depuis longtemps programmés,
- Aucune chronologie des actions militaires prouvant que l'escalade a été initiée par les forces de Kiev à la mi octobre et que Moscou ne fait que réagir par des dissuasions,
Le bras de fer continue donc, entre les milices et les "ukrops" sur le front du Donbass et jusqu'au niveau rideau de fer entre Moscou et Washington.
Et dans les semaines à venir, il est plus probable que nous allons observer de nouveaux coups tordus ukro-atlantistes que un mea culpa de Washington concernant les provocations de l'OTAN sur les frontières russes.
Erwan Castel