Menace extérieure et enjeu intérieur


Dans le contexte actuel des tensions historiques Est-Ouest, le conflit du Donbass qui en est l'épicentre est pour certains plus que jamais au coeur des regards et des analyses, je parle des larbins et des courtisans qui, pour quelques carrières, affaires et breloques, lèchent les culs des pouvoirs, à Washington mais aussi à Moscou. Mais pour l'immense majorité des familles du Donbass (Donetsk et Lugansk ont malheureusement aussi leurs grappes de courtisans à breloques ventripotents), les bombardements, les peurs, les deuils, les destructions, les privations sont depuis 8 ans une tragédie quotidienne telle que beaucoup pensent qu'une guerre libérée de ses tranchées violente et radicale est la seule voie pour sortir le Donbass et aussi une grande partie de l'Ukraine de ce cauchemar qui n'a que trop duré.

Depuis 2014, j'ai souvent évoqué que ce conflit du Donbass qui n'est que la déclinaison radicale et meurtrière du coup d'Etat du Maïdan présentait une menace extérieure pour la sécurité régionale mais aussi un enjeu intérieur pour une Fédération de Russie certes internationalement restaurée dans sa puissance, mais toujours rongée par un libéralisme protéiforme allant du courtisan affairiste et affable jusqu'à paraître "pro-russe" jusqu'à l'opposant virulent et subversif, soutenu par les réseaux Soros. Tous, à degrés différents, de Moreau ce français jouant les pro-Poutine pour faire fructifier ses affaires, à Navalny l'escroc jouant l'opposant pour politiser ses condamnations, tous ne sont que les acteurs passifs ou actifs d'une cinquième colonne libérale cherchant a attiré la Russie vers une vision étatique et capitaliste du Politis.

Depuis 2014, le Donbass a exprimé moult fois par référendum, suffrages divers et manifestations multiples son désir d'en finir avec l'Ukraine et de rallier la Fédération de Russie. Et plus fort que n'importe quel bulletin de vote, quelques secondes remué silencieusement dans le secret chauffé d'un isoloir, les hommes et les femmes du Donbass fournissent depuis 8 années des dizaines de milliers de volontaires qui jour et nuit, dans le gel ou la poussière résistent sur 480 kilomètres de front à une armée aujourd'hui 5 fois supérieure en hommes et encore plus en matériels.

Cette semaine le Parti communiste russe a présenté à la Douma un projet de résolution parlementaire demandant au Président russe de reconnaître officiellement les républiques autonomes de Donetsk et de Lougansk.

Nous y voilà enfin au pied de ce mur où les affairistes, les pleutres et les traitres vont devoir regarder en face les valeurs qu'ils agitent et sacrifier pour elles leurs petits calculs égocentriques et intérêts minables. Et j'entends déjà certains pauvres idiots hurler "quoi ? "communiste" ? ah non !, Vade Retro Stalinas !".

Et pourtant, l'initiative portée par Guennadi Ziouganov n'est pas négligeable (le parti communiste russe est le premier parti d'opposition avec environ 20% et fédère régulièrement autour de ses propositions) et a le mérite de demander aux politiciens russes de montrer leurs cartes

Et déjà des stratèges de paille, qui ne sont en fait que des calculateurs infectés par le courant libéral, ont poussé des cris d'orfraie, comme ce Viktor Vodolatsky, un vice président de la Douma, qui a sorti que une telle reconnaissance reviendrait pour la Russie à détruire les accords de Minsk et se désigner coupable

J'invite ce Vodolatsky à venir dormir dans le Donbass et pas au Donbass Palace entre les boulevards Pouchkine et Artiom, mais dans une cave de Spartak, Trudovsky, Oktyabrsky ou autres zones résidentielles, depuis 8 années bombardées. Là peut-être comprendra t-il entre 2 tirs de mortiers ukrainiens que les accords ne peuvent être détruits pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont jamais été construits, et que la Russie n'a plus rien à perdre sur le plan de la propagande occidentale, surtout dans le contexte de la crise actuelle où elle est au paroxysme de la russophobie hystérique.

Le débat sera sans nul doute intéressant et révélateur car cette proposition propose simplement de passer des paroles et des gesticulations aux actes concrets à commencer par continuer le ménage intérieur !

Avant de laisser l'analyse à Karine Bechet Golovoko qui s'est fendue d'une nouvelle pertinence sans ambages sur le sujet, j'oserai pour conclure citer cette phrase attribuée à Winston Churchill au lendemain des pleutres accords de Munich :

« Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; 
il a choisi le déshonneur et il aura la guerre. »

Source de l'article : Russie Politics

Billet donbassien : les Communistes 
russes posent la question 
de la reconnaissance par la Russie 
des républiques du Donbass




Karine Bechet Golovko

"En déposant un projet de résolution parlementaire demandant au Président russe de reconnaître officiellement les républiques autonomes de Donetsk et de Lougansk, les députés communistes obligent à clarifier le débat politique intérieur, à ce jour très ambigu sur la question. Car si la Russie soutient effectivement ces républiques, surtout sur le plan humanitaire et technique, elle s'accroche de toutes ses forces, et au-delà semble-t-il du raisonnable, aux moribonds accords de Minsk, largement foulés aux pieds par l'Ukraine. Les autorités russes, ainsi, refusent à ce jour d'envisager toute reconnaissance officielle ou encore pire, une possible intégration du Donbass. Mais cette position défensive est-elle encore adaptée à la situation géopolitique ?

Des députés communistes ont hier, 19 janvier 2022, déposé un projet de résolution parlementaire, dans lequel ils demandent au Président russe Vladimir Poutine de reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougasnk comme, je cite, "des Etats démocratiques, souverains et indépendants". Les députés estiment, que ces dernières années, sur la base de la volonté populaire, des véritables organes étatiques ont vu le jour, faisant de ces structures des Etats légitimes.

La dimension sécuritaire est particulièrement présente dans le projet de résolution, puisque selon les auteurs, cette reconnaissance serait une véritable protection pour les populations civiles, qui sont actuellement confrontées à danger réel de génocide.

Cette initiative a provoqué un véritable tsunami politico-médiatique, un vent de panique s'est levé, montrant bien que, malheureusement, elle a très peu de chances d'aboutir. La politique défensive de la Russie sur la question du Donbass, avec le temps, l'a conduite à totalement intégrer le discours globaliste, à avoir peur de ne pas froisser, de ne pas se faire critiquer, comme si les critiques diffusées contre elle pouvaient être rationnellement endiguées par une politique "d'autocontainment". Son discours est totalement centré sur les déclarations défensives, répétant plusieurs fois par semaine qu'elle ne va pas "agresser" l'Ukraine ... quand l'armée ukrainienne, aidée par de plus en plus de "consultants" de l'OTAN, armée par les pays de l'OTAN masse des forces sur la ligne de front. Comment continuer à s'accrocher aux accords de Minsk dans ces conditions ? S'ils sont bafoués par la partie centrale, l'Ukraine, ils n'existent plus. Un accord international bilatéral est existant, tant qu'il est appliqué d'une manière plus ou moins systémique par les deux parties, sinon il ne s'agit plus que d'une prise unilatérale d'obligation.

Ainsi, le vice-président du comité de la Douma pour les affaires de la CEI et de l'intégration eurasienne est immédiatement monté au créneau, pour montrer patte blanche, mais celle du mouton qui veut faire comprendre au loup qu'il est gentil et donc qu'il n'est pas nécessaire de mordre. Assez surprenant comme ligne politique ... Selon Viktor Vodolatsky, la proposition des députés communistes tombe mal, car elle risque de provoquer des critiques à l'égard de la Russie, alors qu'elle cherche à obtenir de très improbables garanties de sécurité, qui ont déjà pour l'essentiel, de toute manière, été refusées. Je cite :
  • "Il me semble qu'aujourd'hui est il important d'obtenir des décisions plus fondamentales, que nous avons formulées dans nos exigences. Une déclaration de reconnaissance de DNR et LNR pourrait conduire les négociateurs du côté des Etats-Unis et de l'OTAN à qualifier la Russie d'agresseur et l'accuser de vouloir récupérer la moitié de l'Ukraine"
Peut-être Viktor Vodolatsky n'est-il pas au courant que la Russie est déjà qualifiée d'agresseur, qu'elle est déjà accusée de vouloir envahir l'Ukraine, que les lignes rouges, comme l'interdiction de l'élargissement de l'OTAN à l'Est, ont déjà été rejetées d'un revers de main par les Etats-Unis et l'OTAN. Peut-être, simplement, n'est-il pas au courant ? Sinon sa position serait surprenante. Comment, en effet, refuser a priori par peur d'un "nouveau" danger qui existe déjà, une décision stratégique pouvant jouer à long terme, qui donnerait immédiatement du poids justement pour des négociations difficiles, qui ne sont rien d'autre qu'un rapport de force direct entre la Russie et les Etats-Unis, dans lequel chacun joue sa vision du monde ?

Il serait bon d'y réfléchir en tout cas."

Karine Bechet Golovko

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