Assiégés par la terreur


Dans ce court article, je veux vous parler de Donetsk, non pas de son magnifique centre ville rutilant où quelques courtisans aiment faire des selfies narcissiques au milieu de jolies femmes où des selfies mythos en uniforme et posture patriotiques alors qu'il n'ont jamais entendu une balle frôler leur pédantisme ridicule.

A quelques stations de bus seulement de cette bulle spatio-temporelle aux ministères tristes et aux banques vides sont les quartiers populaires où serpentent bondés du matin au soir des vieux tramways grinçants et taxis collectifs brinquebalants mais toujours gaillards. Ici au milieu des artisans et retraités, des mineurs et métallurgistes, des marchés et des estaminets populaires, bat le vrai coeur du Donbass comme dans les villages agricoles ou miniers environnants de la steppe dont les jardins potagers des banlieues rappellent des traditions communes à la ville et la campagne. 

Beaucoup de ses quartiers sont au contact physique de la guerre depuis 2014 et la densité graduelle des cicatrices de leurs murs et leurs ruines calcinées mesurent votre approche de la première ligne du front. Pour celles et ceux qui suivent ici ou ailleurs les événements tragiques du Donbass, les noms de Zaetsevo, Trudovsky, Oktyabrsky, Kominternovo, Spartak etc. résonnent comme autant de cris de souffrance d'un martyr torturé depuis bientôt 8 ans. 


Plus de 800 000 personnes vivent, survivent sur le front du Donbass depuis l'été 2014 et la capitale de la République Populaire de Donetsk n'échappe pas à cette souffrance, car tous les jours les "ukrops" massés à ses lisières Nord, Ouest et Sud tirent, mitraillent ou bombardent leurs zones résidentielles. 

Pour illustrer la proximité de cette guerre hémorragique dont les menaces (tir de sniper, rafales de mitrailleuses, grenades autopropulsées, mines terrestres ou obus d'artillerie) j'ai choisi cette courte vidéo des lisières Nord de Donetsk prise depuis un poste avancé ukrainien du secteur d'Avdeevka..

Depuis les positions avancées du front d'Avdeevka, les soldats ukrainiens peuvent 
observer en détail les quartiers résidentiels situés en arrière des lignes de défense 
républicaines. Ici, le secteur d'Oktyabrsky avec à l'Est le village de Spartak (détruit), 
au centre l'aéroport de Donetsk (détruit), à l'Ouest les 2 tours de la mine d'Oktyabrsky
(détruite) tous des quartiers martyrisés où vivent encore des centaines de familles.

Dans de nombreux quartiers résidentiels des civils survivent à portée de tir immédiate des lignes ukrainiennes, dormant depuis 8 ans dans les caves de leurs maisons aux fenêtres murées et criblées d'impacts. Année après année à l'ombre des accords paralysant de Minsk, les ukrops ont rampé, poussant sans fin leurs tranchées jusqu'à portée de voix des avants postes républicains et désormais depuis des positions situées à moins de 500 m ils peuvent imposer avec leurs simples armes légères une politique de terreur à l'encontre des populations civiles.

Semaine après semaine les forces ukrainiennes resserrent leur dispositif autour de Donetsk et de nombreuses autres localités républicaines et, tel un anaconda enserrant lentement sa proie, infligent aux populations une terreur permanente et grandissante.

Ainsi, ce 29 janvier 2022 à 7h30 du matin, un résident a été blessé par une balle ukrainienne dans le village d'Aleksandrovka, (Sud de Donetsk), au moment où il quittait sa maison. Blessé à la cuisse, Leonid B. 54 ans, a été évacué sur l'hôpital 14 du district urbain voisin de Petrovsky ù les chirurgiens ont stabilisé son état. Ce gardien d'école dont le fils était enterré ce même jour est un habitant d'Aleksandrovka de citoyenneté russe.


La blessure par balle de 7.62mm de fusil SVD

Ce n'est pas la première fois que des résidents de ce village en bordure du front sont ainsi pris intentionnellement pour cible par des tireurs ukrainiens depuis leurs positions de Marinka dont certaines ne sont plus qu'à 300 mètres des lisières Ouest du village. Rien qu'en 2021, 2 résidents du village ont été tués et plusieurs autres blessés, dont 3 grièvement.

Déjà la veille, les snipers ukrainiens avaient manqué de peu un autre résident du même village d'Aleksandrovka mitraillé ou bombardé quotidiennement par les forces de Kiev..

« Hier (27 janvier), ils ont tenté de tuer un homme qui vit à la périphérie du village, en ligne directe avec l'armée ukrainienne. Quand il a quitté la maison le matin pour aller travailler, ils ont commencé à lui tirer dessus. L'homme est tombé au sol et a rampé pour se mettre en sécurité », a témoigné Konstantin Chaly, le chef de l'administration du village. Et aujourd'hui 28 janvier, les observateurs du Centre de Contrôle et coordination du Cessez le feu ont confirmé que Aleksandrovka avait bien subi des tirs d'un lance grenades automatiques AGS 17 ukrainien positionnée à Marinka. 

Et Konstantin Chaly de préciser: "Les résidents locaux communiquent avec leurs parents et amis de Marinka. Ces derniers disent que beaucoup de militaires des Forces armées ukrainiennes et de véhicules blindés sont arrivés là-bas. Je pense que les hostilités actives reprendront bientôt. Cependant, comme l'Amérique le décidera, il en sera ainsi"

Voilà la triste réalité quotidienne de cette guerre d'attrition menée en toute impunité par des forces ukrainiennes protégées par le cynisme des "démocraties droidelhommistes" et le silence de leurs chiens de garde médiatiques. 

En cette période de crise où les regards se tournent à nouveau vers le Donbass, on voit trainer dans les rues de Donetsk des cartes de presse occidentale à le recherche d'un scoop bienpensant. J'aimerais tant que, parmi ces reporters il s'en trouve encore quelque uns de courageux et réellement "indépendants" pour se souvenir de l'éthique de leur belle profession !

Erwan Castel

Ecole d'un village républicain près du front 

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