La "trêve des confiseurs" se termine

Si Noël brille encore dans les yeux des enfants, sur le front du Donbass, les détonations de l'artillerie ukrainienne ont refait leur apparition comme pour clôturer la trêve des confiseurs que pour donner le ton aux discussions Est-Ouest qui vont s'ouvrir lundi au sujet de l'Ukraine et de l'OTAN et qui s'annoncent plus que difficile au vu des déclarations bornées des responsables occidentaux qui non seulement refusent de renoncer à l'extension de l'OTAN met jettent de l'huile sur le feu d'une crise kazakhtanaise, où l'OTAN via ses idiots utiles régionaux tente de parasiter une protestation populaire pour rejouer un deuxième Maïdan mais cette fois sur le flans méridional de la Russie.

Le samedi 8 janvier au soir, la ligne de front Nord et Ouest de Donetsk a été réveillée par des tirs ukrainiens, certes sporadiques mais qui ont rompu le silence des gros calibres observés ces derniers jours (ce qui n'a pas empêché les ukropithèques d'avoir 3 tués et 7 blessés hors combat dans des overdoses, ivresses, accidents et rixes).

Les informations civiles et renseignements militaires confirment la poursuite du déploiement ukrainien sur le front du Donbass qui a aujourd'hui concentrer plus de la moitié des effectifs combattants ukrainiens, ce qui explique aussi que, pour maintenir le minimum de ses forces sur le reste du territoire, Kiev fasse appel à des unités spéciales de volontaires nationalistes que l'on voit être disséminées tout le long de la ligne de front, la dernière en date étant une section de paramilitaires de l'organisation DUK qui est arrivée sur le front de Marinka, au Sud Ouest de Donetsk.

Ici,  c'est à Valuyskoye, au Nord de Lugansk que flotte
à côté du drapeau ukrainien le drapeau du "Prayvi Sector"
d'une unité de radicaux nationalistes qui a pris possession
de l'école du village pour faire poste de commandement.

Mais pour le moment, c'est encore au niveau des tranchées de la diplomatie de l'OTAN que sont observées les plus grosses salves d'artillerie en direction du Kremlin auxquelles se rajoute une campagne russophobe occidentale organisée autour de la crise kazakhstanaise (voir articles précédents).

Dans toutes les déclarations des responsables occidentaux, militaires et politiques et depuis 2014, il y a une constante c'est d'ignorer totalement les républiques populaires de Donetsk et Lugansk qui pourtant sont partie prenante au conflit ainsi que leurs populations et d'assister à cette situation hallucinante initiée par les ukro-atlantistes qui consiste, et avec mépris, 
  1. à écarter des discussions pour résoudre le conflit du Donbass l'un des deux belligérants (en responsabilisant la Russie qui elle n'y participe pas), 
  2. à ignorer totalement le sort des populations de Donetsk et Lugansk, sous blocus et bombardements depuis 2014, et pire de les accuser d'occupation de leurs territoires !
Au cours de la semaine dernière, le théâtre du cynisme occidental a multiplié ses représentations pour mieux préparer l'opinion publique à l'échec programmé des réunions internationales qui doivent se dérouler du 10 au 13 janvier autour de l'Ukraine et des propositions russes concernant l'OTAN. 
Ainsi entres autres vols de faucons nerveux a t-on pu assister à une tournée occidentale du secrétaire d'Etat étasunien Anthony Blinken dans le rôle d'un sergent recruteur en manque d'effectifs, pour rencontrer entre autres laquais du Nouvel Ordre Mondial allemands, israéliens, japonais... en répétant au sujet de la Russie à propos de l'Ukraine qu'elle est "un peu comme le renard disant qu'il n'a pas d'autre choix que d'attaquer le poulailler parce que la poule représente une menace".
  • Avec Annalena Baerbock, la ministre allemand des Affaires Etrangères la pression de Blinken s'est concentrée surtout sur le gazoduc russe North Stream 2 que Berlin, qui est co-investisseur, rechignait jusqu'à présent de sacrifier sur l'autel des intérêts de Washington. Si l'on en croit  Baerbock qui a déclaré "Si la Russie renouvelle son agression contre l'Ukraine, il serait certainement difficile de voir du gaz y circuler à l'avenir" à l'issue de son entretien avec le faucon étasunien, il semblerait que l'aigle allemand ait perdu ses dernières plumes.
  • Avec Yair Lapid le ministre israélien des Affaires Etrangères, Blinken a joué au maquignon, réitérant auprès de Tel Aviv le soutien inconditionnel des USA face à l'Iran en échange de son soutien réciproque face à la Russie.
  • Avec Yoshimasa Hayashi, le ministre japonais des Affaires Etrangères, Hayashi Blinken a là aussi marchandé avec Tokyo une augmentation de la coopération américano-japonaise en échange de son alignement à la stratégie de Washington dans le dossier ukrainien.
N'ayant pas le don d'ubiquité, Blinken a délégué à d'autres faucons une partie de sa tournée des laquais de l'OTAN comme par exemple:
  • Avec Ángeles Moreno Bau le secrétaire d'État du ministère espagnol des Affaires étrangères, Wendy Sherman, secrétaire d'État adjointe à la Maison Blanche s'est assurée de la coordination des efforts étasuniens, espagnols et européens pour imposer des sanctions couteuses à la Russie en cas d'intervention militaire russe contre l'Ukraine
Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union Européenne sur le front du Donbass

Concernant l'Union Européenne justement, son chef de la diplomatie Josep Borrell est venu physiquement apporter le soutien de l'UE aux forces armées ukrainiennes lors d'une visite de la ligne de front  à Stanytsya Luhanska (Nord de Lugansk), où sans évoquer une seule fois les populations de Donetsk et Lugansk et bien sûr en ignorant les violations ukrainiennes du cessez le feu, l'absence de troupes russes sur le front de Kiev (notifiées même par l'OSCEl a déclaré que "toute nouvelle agression militaire russe aura des conséquences massives ; la Russie doit désamorcer et mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk"

Lors de sa conférence de presse finale réalisée avec Dmitri Kuleba le Ministre ukrainien des Affaires Etrangères, Josep Borrell a rappelé; "l'Union Européenne est le partenaire le plus fiable de l'Ukraine. Nous apportons un soutien politique, économique et financier. Plus de 17 milliards d'euros ont été fournis à l'Ukraine après l'occupation de la Crimée par la Russie. Et l'accord d'association que l'UE a signé avec l'Ukraine est l'accord le plus ambitieux et le plus complet que l'UE ait jamais signé avec un autre État".
Et l'ukrainien Kubela de préciser :"L'Union européenne est aux côtés de l'Ukraine pour contrer la politique agressive de la Russie, et nous parlons non seulement de soutien politique, mais aussi de solutions très pratiques. Par exemple, l'UE a récemment rejoint l'Ukraine au Fonds européen pour la paix, dans le cadre duquel 31 millions d'euros seront consacrés au renforcement des capacités des forces armées ukrainiennes. Ce soutien vise à renforcer la capacité de l'Ukraine à se défendre, car l'Ukraine est engagée dans la diplomatie, la mise en œuvre des accords de Minsk et un règlement diplomatique du conflit "

...31 millions d'euros d'aides pour une armée en guerre provenant d'un "fonds pour la paix"... fallait oser !


A quelques heures du début des négociations entre Washington et Moscou autour de l'Ukraine et de l'OTAN, de nouvelles sanctions économiques potentielles contre la Russie sont à nouveau au coeur des discussions occidentales, l'Ukraine demandant même l'instauration de "sanctions préventives" anti-russes ("les cons ça ose tout..."), ainsi des discussions récentes révélées par le New York Times ente les USA et leurs alliés concernant l'éventualité de couper les plus grandes institutions financières russes des transactions mondiales (Swift), d'imposer un embargo sur certaines technologies de fabrication américaine d'armer des milices ukrainiennes en plus de l'armée si la Russie intervenait militairement dans la région.

Le département américain du Commerce a même préparé un décret qui interdirait l'exportation de tout bien de consommation vers la Russie, des téléphones et ordinateurs portables jusqu'aux réfrigérateurs et machines à laver et tout autre technologie qui contenant de l'électronique de fabrication ou de conception américaine. Ce décret s'appliquerait non seulement aux fabricants américains, mais également aux fabricants européens, sud-coréens et étrangers qui utilisent des puces ou des logiciels américains.

Mais ces discussions menaçantes et interminables concernant des sanctions économiques anti-russes confirment aussi et surtout :
  • Que les occidentaux n'ont pas du tout envie d'engager l'OTAN dans des affrontements militaires directs avec les forces russes pour sauver leurs chiens fous de Kiev.
  • Que les sanctions anti-russes ne font pas l'unanimité eu égard aux effets secondaires subies par les économies occidentales déjà fortement impactées par les frises en cours.
  • Que les conséquences des sanctions précédentes sur l'économie russe ayant été décevantes voire contre productives, elles sont loin d'être le levier contraignant prévu.
  • Que le déclenchement de nouvelles sanctions anti-russes risque par contre de couper radicalement les dialogues diplomatiques qui ont été jusqu'à aujourd'hui maintenus.
En revanche ce qui est sûr d'être décidé collégialement par les occidentaux, c'est l'augmentation de l'aide logistique militaire et financière aux forces armées ukrainiennes, qu'il y ait ou non d'intervention russe dans le Donbass, comme par exemple ce projet révélé par NBC News de livraisons de missiles antiaériens portatifs Stinger à Kiev par les États-Unis et  d'autres membres de l'OTAN.

Cette stratégie étasunienne de la carotte et du bâton tente pour moi de paralyser préventivement une potentielle réaction militaire russe dans le scénario d'une nouvelle offensive militaire ukrainienne contre les populations du Donbass que parallélement elle encourage avec des aides militaires augmentées et des soutiens politico-financiers renouvelés. 

Là encore c'est un doux fantasme d'une doxa mondialiste tellement arrogante et amorale qu'elle oublie qu'il existe encore de par le Monde des pays qui obéissent d'abord à des principes sécuritaires et des valeurs humaines n'hésitant pas à leur sacrifier des intérêts consommables.

Quant aux négociations Est-Ouest qui vont animer cette deuxième semaine de 2022, sans vouloir jouer au pessimiste incurable, je pense qu'elles ne vont qu'acter le refus occidental des propositions russes de sécurité collective présentées le 17 décembre dernier ainsi que la fin d'une stratégie diplomatique occidentale cynique aux frontières de la Russie. 

La Russie de son côté qui a reculé depuis 30 ans jusqu'à ses frontières, voyant s'installer les missiles étasuniens à quelques minutes seulement de ces centres névralgiques (pour ceux qui ne comprennent toujours pas qu'ils imginent simplement des bases russes s'installer au Nord du Mexique), a bien signifié qu'elle défendrait désormais ses lignes rouges coûte que coûte.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov l'a encore confirmé avant de s'envoler vers Genève: "Nous n'accepterons aucune concession. Cela est complètement exclu", rajoutant en faisant certainement référence aux propos de Josep Borrell, "Nous sommes déçus des signaux venant ces derniers jours de Washington, mais aussi de Bruxelles".

Cela engagera probablement l'Europe vers une escalade militaire globale où l'Ukraine jouera le rôle du détonateur mais qui mettra fin aussi j'en suis sûr à l'hégémonie mondialiste actuelle.

Erwan Castel

Réalistes concernant l'issue des négociations à venir
les forces armées russes poursuivent le renforcement
de leurs dispositifs de défense sur leur frontières avec
la menace d'une offensive ukrainienne dans le Donbass.

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