|
Arrivée dans la nuit du 21 au 22 janvier d'une nouvelle aide militaire étasunienne à Kiev. |
Depuis le début de l'année, le ballet des vols militaires de l'OTAN en Ukraine ne cesse de s'intensifier : missions de reconnaissance sur le flanc occidental de la Fédération de Russie, déploiements et rotations des instructeurs de l'OTAN, approvisionnement d'aides militaires léthales aux forces ukrainiennes, auxquels il faut rajouter aujourd'hui le début d'évacuations des ambassades.
Et tout cela bien sûr, sur fond de discours diplomatique occidentaux qui veulent nous faire croire que Washington cherche sincèrement un apaisement des tensions Est-Ouest !
Le gavage de l'oie ukrainienne avant l'abattoir
Dans la nuit du 21 au 22 janvier 2022, est arrivée un premier vol de la quatrième aide militaire étasunienne avec 100 tonnes d'armes pour l'armée ukrainienne
Un vol de transport de la National Airlines (B747-428 (BCF) N919CA). USTRANSCOM/
CMB "Camber" est arrivé à Kiev C'est le même avion qui avait livré le 23 octobre 2021
des systèmes antichars Javelin et autres armes pour les forces armées ukrainiennes.
Parallèlement à ses aides militaires accélérées aux forces armées ukrainiennes auxquelles il convient de rajouter les multiples missions de renseignement militaire de l'OTAN soutenant l'effort de guerre de Kiev, on observe une convergence de forces aéronavales vers l'Est de la Méditerranée avec déjà des missions annoncées en Mer Noire, la crise actuelle réorientant les exercices interalliés occidentaux programmés vers ce volcan pontique.
La meute des laquais augmentent
Du 24 janvier au 4 février 2022, doit ce dérouler en Méditerranée "Neptune 22", un exercice interallié majeur de l'Otan. qui regroupera autour du groupe aéronaval du porte avions USS Harry Truman, d'autres navires de l'Alliance atlantique dont le groupe aéronaval français "Charles de Gaulle".
Bien sûr John Kirby, le porte-parole du Pentagone a tenté, dans sa conférence de presse, de déconnecter cet exercice de l'escalade politico-militaire en cours sur les rives septentrionales de la Mer Noire, mais son discours n'a trompé personne, surtout lorsqu'il a dit qu'au cours de cet exercice qui "sera placé sous le contrôle opérationnel de l'OTAN" il est "prévu d'élaborer des "frappes à longue portée" et une guerre anti-sous-marine" contre un ennemi" qu'il n'a pas eu besoin de nommer.
Du côté de la péninsule ibérique, Margarita Robles, la ministre espagnole de la Défense nommé a annoncé l'envoi "en urgence" d'un dragueur de mines en mer Noire "pour aider le peuple ukrainien frère", et qui sera rejoint dans 3 jours par la frégate espagnole "Blas de Lezo" (F103), qui ira "à le front" dans les trois prochains jours.
Qu'observons nous donc à travers ces exercices des forces navales de l'OTANn auxquelles il faut rajouter ceux de ses forces terrestres dans les pays de l'Est Européen ? Sous couvert de simples manœuvres interalliées, la projection d'une coalition militaire occidentale qui, même s'il n'est pas question pour le moment qu'elle se frotte directement aux forces armées russes, pourrait organiser un bouclier et une neutralisation de zone à l'arrière du front ukrainien en cas de conflit ouvert entre Kiev et Moscou (zone d'exclusion aérienne, sécurisation de couloirs logistiques etc), une stratégie déjà utilisée par les occidentaux pour entretenir des conflit sans se brûler les doigts.
Berlin à contre courant
Lorsqu'un pays importe des armes, selon les traités internationaux, il ne peut les transférer à son tour à un pays tiers sans l'aval du pays origine. C'est ainsi qu'aujourd'hui nous assistons à des demandes tous azimuts pour alimenter Kiev en armement divers :
Mais ici il faut relever la respectable indépendance allemande qui, assumant sa mission de garant des accords de Minsk (contrairement à la France), a refusé à l'Estonie l'autorisation de transférer des pièces d'artillerie de 122mm à l'Ukraine qui provenaient initialement de son arsenal (Est allemand) qui avaient étaient transférer à Tallin via la Finlande (qui "étudie" la même demande de Kiev); alors que les USA ont donné immédiatement leur feu vert aux 3 pays baltes pour transférer à Kiev des armes d'origine étasunienne. Vraisemblablement c'est pour cette même raison que Berlin a également fermé son espace aérien aux 8 gros porteurs C17 britanniques qui viennent de livrer des armes antichars aux forces ukrainiennes. Et si on rajoute à cela la résistance allemande à défendre du mieux que ses alliances le permettent le projet gazier North Stream 2 auquel elle est partie prenante, on ne peut que saluer dans cette crise européenne majeure la souveraineté de Berlin qui (pour le moment) refuse de jeter de l'huile sur le feu des relations Est-Ouest.
Alors que la majorité des pays de l'OTAN dans un suivisme zélé et irresponsable courent derrière leur boss étasunien, voire comme le clébard Macron qui veut déployer des troupes en Roumanie, tirent même sur la laisse, l'Allemagne cherche à imposer une voix réellement européenne portée par son poids économique incontestable. Va t-elle réussir à maintenir ce cap devant la machinerie atlantiste ?
Les rats quittent le navire ?
Pour rester dans l'espace aérien, il est significatif d'observer également des évacuations consulaires occidentales quittant ou s'apprêtant à quitter l'Ukraine (personnels ? matériels ? en partie ? en totalité ?) : consulats russes, ambassade d'Israël et même ambassade des Etats Unis qui a affrété un vol au départ de Kiev ce 21 janvier 2022.
Ici, c'est CNN qui informe que l'ambassade des États-Unis à Kiev a demandé l'autorisation du département d'État pour le départ du personnel (à l'exception des employés clés) et de leurs familles. Les États-Unis ont informé les Ukrainiens que "l'évacuation des proches des diplomates commencera probablement dès la semaine prochaine".
Du côté ukrainien
Pour rester dans l'espace aérien la quasi totalité de l'aviation de transport militaire ukrainien est maintenant regroupée sur l'aéroport de Melitopol (Au Sud de Zaporodje) soit à 100 kilomètres seulement du front Sud du Donbass.
Du côté russe
Les exercices conjoints russo-bélarusses battent leur plein tandis que restent le long des frontières occidentales du District Sud des concentrations démonstratives d'unités de combat russes :
Exercice tactique de préparation au combat dans une
mission de percée de ligne défensive ennemie
Les forces aériennes russes du district militaire de l'Est, ont transféré au Belarus (dans le cadre des exercices conjoints en cours). Au minimum 4 unités de chasseurs polyvalents Su-35S de la base aérienne de Dzemgi et 11 unités d' avions d'attaque Su-25SM de la base aérienne de Chernigovka .
Chasseurs bombardiers Su khoï 35 C réalisant des missions
de "portée maximale" lors de ces exercices conjoints
En conclusion,
L'activité aérienne occidentale entrante mais aussi sortante en Ukraine est en.pleine accélération, illustrant à la fois l'échec prévisible des négociations diplomatiques et la fuite en avant d'une stratégie atlantiste qui ne doit sa survie qu'à sa propre expansion, laquelle est devenue inadmissible pour Moscou.
Et malgré quelques contradictions factuelles, on peut conclure globalement que quelque chose se prépare
Quoi, où, quand, comment ? c'est une autre question...
Erwan Castel