La parole à la souffrance
On croit lire un cauchemar...
Pourtant, je peux jurer sur mon honneur que le témoignage rapporté dans cette lettre par une jeune écolière de Donetsk est non seulement authentique mais qu'il n'est pas malheureusement exceptionnel.
Dans le quartier bombardé d'Oktyabrsky où j'ai choisi de vivre chaque rue est habitée par des destins similaires, tragiquement brisés par la guerre et les aléas de la vie qu'elle semble attirer et exacerber.
On peut discerner à travers les mots simples de cette lettre émouvante décrivant les malheurs de la guerre toute la dignité et même la noblesse de cette adolescente de Donetsk qui a vu ses rêves d'enfant brisés par le feu et l'acier.
Et son témoignage qui ne devrait pas exister dans cette aube d'un XXIème prétendument "civilisé" devient une leçon de courage !
Erwan Castel
Source de l'article : News Front
La lettre d'un écolière du Donbass est publiée sur les réseaux sociaux
La lettre d’une écolière de Donetsk a été publiée sur le réseau social Facebook. La jeune fille y raconte l’histoire tragique de la mort de ses proches à cause des hostilités dans le Donbass et exhorte la communauté internationale et ses dirigeants à arrêter la guerre.
"Chère communauté mondiale, dirigeants de puissances mondiales ! Moi, élève de 10ème « B » Tkacheva Youlia m’adresse à vous. Je veux que la guerre se termine dans ma ville, Donetsk.
J’ai 15 ans,
Au début de la guerre de 2014, un de mes frères a péri. Il travaillait à l’aéroport et vivait à proximité. Il rentrait alors chez lui. Je suis devenu orpheline pendant la guerre car, ayant 13 ans, j’ai enterré ma mère.
En 2015, alors que maman était encore en vie, elle a survécu au bombardement de Donetsk, survivant miraculeusement. Moi, grand-mère, grand-père, oncle, soeur, tante Alla, j’étais à la campagne. Nous sommes tombés dans la maison par terre, mon oncle a sauté dans le puits, mon grand-père m’a couvert de fragments des obus par son corps.
À cause de la guerre, j’ai perdu des êtres chers … Je ne veux plus perdre les êtres qui me sont chers, je ne veux pas avoir peur de quitter la maison. En 2015, sous mes yeux, une fille avec un bébé a été tuée. Lorsque mon oncle et mon grand-père allaient à prendre à manger, ma grand-mère et moi les attendions dans notre maison de campagne. Nous avons seulement prié, pour qu’ils ils revienennt vivants, pour qu’ils reviennent ! Je allais à l’école sous les bombardements.
J’avais peur non pas pour moi mais pour ma mère, ma grand-mère et mon grand-père. Je vous demande de nous aider et d’arrêter la guerre. Maintenant, seule ma grand-mère et moi avons survécu …
Nous perdons déjà plus que des personnes – nous perdons tout espoir de bonheur ! Aide s’il vous plaît ! Aidez à arrêter le bain de sang et le meurtre !"