Démocratie occidentale contre le peuple


Je dois avoir mal suivi mes cours d'instruction civique, d'histoire et de philosophie quand j'étais jeune, car jusqu'à ce que j'observe derrière les rideaux et les écrans de nos gouvernements occidentaux, je pensais que "démocratie" venait de dêmos (« peuple »), et kratos (« pouvoir »). 

Car de facto les régimes occidentaux, qui pourtant se réclament héritiers des émancipations révolutionnaires des peuples d'Europe et des "Droits de l'Homme" que leurs euphories ont ont écrit, méritent plus aujourd'hui le néologisme de "démocratures" que l’appellation de "démocraties". 

Preuve en est la guerre menée par les gouvernements européens aux velléités d'expression des peuples dans le débat politique. Des manifestations ignorées aux référendums invalidés les peuples n'ont que le droit de se soumettre à la pensée et aux intérêts de l'élite ploutocratique qui s'est emparée du système via la bourgeoisie vénale et amorale. Et le verrouillage de cette dictature douce où les parlements nationaux ou européens ne sont plus que des conseils d'administrations au service d'un complexe militaro-industriel apatride, se fait via les organisations internationales, UE, OTAN, et ONU auxquelles se sont soumis volontairement des gouvernements paralysés par la dette et les alliances politiques.

Même le Président de la Commission Européenne, Jean Claude Juncker, dont l'alcoolisme aussi chez lui aussi sa nature réelle, affirme en janvier 2015 au Figaro : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » 

Sur le terrain de l'Ukraine, le mépris des peuples est la caractéristique majeure qui guide les positions des occidentaux dans la gestion de cette crise majeure européenne qu'ils ont provoqué sur le Maïdan en 2014 et qui depuis a dérapé en conflit armé meurtrier dans le Donbass :
  • Février 2014 : les occidentaux soutiennent un coup d'Etat organisé par Washington et mené par la minorité néo-nazie ukrainienne pour renverse le gouvernement Ianoukovitch, démocratiquement élu.
  • Mars 2014 : les occidentaux refusent de valider le référendum (pourtant constitutionnel) de Crimée au cours duquel l'immense majorité de la population demande à revenir dans le giron russe après 60 années d'aventure ukrainienne.
  • Avril 2014 : devant le désir et l'organisation par les fédéralistes d'un référendum populaire dans les oblasts de Donetsk et Lugansk, Kiev envoie son armée bombarder la population qui se rebelle prend les armes et fait sécession.
  • 31 aout 2018 : Le Président élu de la République Populaire de Donetsk, Alexandre Zakharchenko est assassiné dans un attentat terroriste mené par les services ukrainiens 
Suite à cet assassinat, la jeune République de Donetsk mais aussi celle de Lugansk ont lancé un processus électoral pour stabiliser le pouvoir politique à Donetsk et poursuivre la construction républicaine engagé par Alexandre Zakharchenko.

Et c'est là qu'intervient sans honte le cynisme coutumier occidental qui veut aujourd'hui saboter le processus électoral en cours, en agitant comme prétexte qu'il serait incompatible avec le processus de paix signé à Minsk et que l'armée ukrainienne sabote tous les jours par des violations meurtrières mais qui elles ne semblent pas poser de problème à la même communauté internationale qui s'indigne et se pâme à l'idée que les femmes et les hommes du Donbass puissent choisir leur destinée ! 

Ainsi des USA et de leurs plus zélés laquais qui ont demandé une réunion du "Conseil de Sécurité de l'ONU" pour traiter en urgence de ces élections dans le Donbass, rien que ça !

C'est dire combien s'affolent les droitdel'hommistes, donneurs de leçons politiques et autres parangons des démocraties occidentales  lorsque la parole est donné au peuple !

Erwan Castel


Source de l'article : Russie Politics


Karine Bechet-Golovko


Elections dans le Donbass: 
l'ONU revient à l'incantation du fantôme des accords de Minsk


Hier 30 octobre, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni non pas pour examiner, mais pour s'insurger contre l'organisation des élections dans le Donbass, que ses membres estiment, à l'exception de la Russie, violant les accords de Minsk. Que des populations vivant en situation de blocus soient obligées de s'organiser intéresse très peu ces chers garants de l'ordre mondial, qui veulent par là même faire porter la responsabilité de ces élections à la Russie. D'une certaine manière, ils reconnaissent ainsi que l'Ukraine a été choisie pour combattre la Russie, ce qui a été perdu en Crimée, ils tentent de le récupérer dans le Donbass. Le reste n'est qu'un conte pour enfants.

A la demande de la Suède, de la France, des Pays-Bas, des Etats-Unis, de la Pologne et du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni pour traiter de la question des élections dans le Donbass. Mais comme l'a rappelé la Russie, c'est elle qui a obtenu que cette discussion soit publique et non en huis-clos comme initialement prévu.

Les positions sont simples. Pour ces pays, en organisant des élections, le Donbass est coupable de violer les accords de Minsk et la Russie de le soutenir. Pour la Russie, il n'y a pas de violation des accords de Minsk, ce sont des élections locales et les populations sur place, vivant en situation de blocus de la part de Kiev, doivent bien s'organiser pour survivre. Indirectement, ces pays veulent déplacer le curseur des accords de Minsk, concernant les deux parties au conflit que sont l'Ukraine et le Donbass, vers un conflit extérieur entre l'Ukraine et la Russie, oubliant que la Russie n'est pas partie à ces accords, mais comme eux garant.

La France a, pour sa part, parfaitement exécuté son numéro de dévouement aveugle. Son représentant, M. François Delattre, dans sa déclaration, a fait montre de toute la partialité de notre pays. Lorsqu'il s'agit de l'organisation des élections locales, il accuse directement la Russie, mais lorsqu'il s'agit de la dégradation militaire du conflit, de la présence de tanks à la ligne de front, d'artillerie lourde, etc, étrangement il reste dans le flou. Refusant ainsi de devoir reconnaître les violations militaires ukrainiennes, oubliant les appels répétés à l'engagement du conflit de la part de différents responsables et politiques ukrainiens (voir plus en détail notre texte ici).

Les Etats-Unis et leurs pays satellites, dont malheureusement la France fait partie, ont utilisé l'Ukraine contre la Russie. En provoquant, finançant, soutenant le Maïdan, ils ont entraîné la chute de l'Etat ukrainien et les pertes territoriales en Crimée; en envoyant l'armée en 2014 contre les habitants du Donbass, ils ont provoqué cette guerre civile, qui sert des intérêts stratégiques étrangers.

Si je vois très bien où sont les intérêts américains dans la région, directement orientés contre la remontée de la Russie sur la scène internationale, je ne vois pas très bien en quoi consiste l'intérêt pour l'Europe d'avoir un conflit ouvert à ses portes et de l'entretenir servilement?

En conclusion - rien. Le site de l'ONU a publié un compte-rendu. Et c'est tout. Cet organe ne peut résoudre les conflits, il est un espace où il est possible d'en discuter. Pas d'accuser, mais de discuter. Quand les Etats ne sont plus capables de discuter, car leur position est idéologique, cet espace-même perd son sens. Ce que nous voyons de plus en plus souvent.


Karine Bechet-Golovko

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