Le calme avant la tempête ?

Après que, du 12 soir au 14 novembre, l'OSCE ait enregistré pas moins de 1889 violations du cessez le feu sur le front du Donbass, ces dernières sont retombées à moins d'une vingtaine au cours des 2 derniers jours, mais sans pour autant annoncer une éventuelle désescalade... bien au contraire :


1 / Hystérie russophobe ukro-occidentale

Un nouvelle poussée de fièvre occidentale est apparue en Ukraine, sur fond des tensions migratoires sur la frontière polono-bélarusse où Loukachenko joue grossièrement la stratégie turque de la carte migratoire pour faire plier l'UE, et qui sont devenues en quelque jours un nouveau prétexte occidental pour pointer du doigt la Russie alors que le Kremlin, non seulement n'y est pour rien mais au contraire calme la colère d'un , comme par exemple le rappel fait au maître de Minsk que le gazoduc russo-européen qu'il menace de fermer est la propriété de Gazprom et donc sous protection de l'Etat russe.

Concernant la situation dans le Donbass qui est l'épicentre de cette nouvelle poussée de fièvre internationale, fidèle à sa coutumière inversion accusatoire, la propagande politico-médiatique occidentale pousse des cris d'orfraie, accusant la Russie de préparer une "invasion de l'Ukraine".

Quelques instruments de ce pitoyable concert occidental :

dans le Financial times :
  • "Selon nos services de renseignements, Moscou se prépare à envahir l'Ukraine" a informé Washington auprès de ses alliés occidentaux
  • "La Russie attaquera l'Ukraine en hiver" pronostique le Financial Times,
  • "Il n'est pas exclu que la Russie attaque l'Ukraine alors que l'UE est distraite par la crise migratoire en Biélorussie" annonce le ministre lituanien des Affaires Etrangères,
  • "L'OTAN observe "une concentration importante et inhabituelle de forces russes près des frontières de l'Ukraine, l'alliance surveille la situation déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg,
  • Etc...

Mais bien sûr, lorsque qu'on demande quelles sont les preuves tangibles d'un tel projet d'invasion russe, les faucons de Washington et leurs perroquets occidentaux, rejouant sans vergogne la mélodie irakienne ou libyenne, répondent que "ce sont des données encore sous le sceau du "secret défense""....


2 / La réalité c'est un projet d'offensive... ukrainienne !

Drapeau du mouvement néo-nazi "Secteur Droit" sur la berge de la Kalmius dans le secteur
de Temanovo où les forces ukrainiennes ont capturé le village de Staromarievka le 26 octobre.

Seulement voilà: il y a les jérémiades ukro-occidentales pour se victimiser aux yeux de l'opinion internationale et les faits politiques, économiques et militaires qui sur le terrain, qui lui ne ment jamais, les contredisent complétement: 

  • Agression ukrainienne dans le secteur de Telmanovo avec la capture d'un village de la zone grise (Staromarievka) le 26 octobre et le bombardement d'une localité républicaine à 10 km derrière la ligne de front.
  • Bombardements ukrainiens quotidiens des positions militaires et zones résidentielles républicaines avec de l'artillerie lourde, des lance roquettes multiples et déploiements de nouvelles unités d'assaut sur le front.
  • Réactivation de la dimension aérienne du conflit avec l'engagement quotidien des drones ukrainiens "Bayraktar TB2" (de fabrication trurque), avec déjà une mission d'attaque réalisée lors de l'agression du 26 octobre.
Les observateurs de l'OSCE eux mêmes reconnaissent ces violations ukrainiennes quotidiennes des accords de Minsk (tirs, déploiements, drones etc) ainsi que les bombardements des zones civiles républicaines.

Même sur le plan des discours officiels ukrainiens, le ton est on ne peut plus clair :
  • La semaine dernière, le président ukrainien Zelensky a annoncé "la préparation des forces armées ukrainiennes à la "phase chaude" du conflit militaire dans le Donbass".
  • Sur le canal Telegram "Legitimny", considérée comme très proche de l'administration du président ukrainien, il est rapporté que "tout le monde dit déjà qu'une phase chaude commencera dans le Donbass à l'approche de l'hiver"
  • Au cours de plusieurs réunions récentes, le "Centre de Défense et Sécurité National Ukrainien a planché sur des scenarios de résolution militaire du conflit dans le Donbass

Mais les autorités ukrainiennes tentent malgré tout de faire rentrer leur préparation à une offensive militaire contre les républiques du Donbass dans le narratif victimaire occidental :

  • "Les informations de nos services de renseignement militaires coïncident avec les données des pays partenaires sur la probabilité excessive de déstabilisation de la situation en Ukraine cet hiver "- a ainsi déclaré Anna Malyar, la vice-ministre de la Défense de l'Ukraine.

Par ailleurs il serait naïf de croire que cette exacerbation militaire du front du Donbass relève d'une initiative ukrainienne. Non seulement Kiev n'a plus aucune souveraineté dans le domaine international et militaire, mais cette nouvelle escalade et surtout escalade nouvelle organisée sur le front est à inscrire dans un regain de tension général exercé par l'OTAN et ses alliés sur la façade occidentale de la Fédération de Russie et dont les principaux événements concomitants sont : 
 

3 / Pressions offensives des forces ukrainiennes

Drone tactique ukrainien de bombardement vu sur le front Nord de Donetsk

Sur le front militaire du Donbass, malgré une légère accalmie des bombardements, les forces ukrainiennes poursuivent leur pression offensive et leur politique de terreur sur les territoires des républiques de Donetsk et Lugansk:

Quelques exemples :

  • Sur le front de la République Populaire de Lugansk, les forces ukrainiennes ont tiré sur les établissements scolaires du village minier de Zolotoe 5 ce lundi 15 novembre 2021, jour de la réouverture des classes. 

A Zolotoe 5, village près du front de Lugansk, le jour de la 
réouverture des écoles, dans la cour d'une école primaire 

A 12h30 depuis leurs positions du secteur de Zolotoe-4 les "ukrops" ont tiré vers Zolotoe 5 avec des mitrailleuses lourdes et des canons sans recul de 73mm (SPG9), endommageant plusieurs bâtiments dont la facade du lycée n°4  au N de l'article. Or-5 avec SPG-9 (5 coups) et armes légères. À la suite des bombardements, les vitrages de deux fenêtres du lycée №4 rue Voikova.

  • Sur le front de la République Populaire de Donetsk, les forces ukrainiennes poursuivent leurs tirs contre les positions défensives républicaines, avec leurs mortiers et obusiers.
Vidéo propagande ukrainienne montrant (à partir d'un drone d'observation
et de correction) des bombardements sur des positions républicaines dans
un ancien village de datchas abandonnées situé sur le front de Promka.
  • Sur le front Nord de Donetsk, les forces ukrainiennes ont utilisé durant ce lundi 15 novembre 21 des petits drones de type quadracoptère pour bombarder par 3 fois des positions sur les fronts de Spartak et Yasinovataya, au Nord de Donetsk (voir photo ci avant). 
A noter que ce type de bombardement aérien qui était encore bricolé il y a peu à partir de drones d'observation modifiés est désormais réalisé avec du matériel sorti des usines d'armement ukrainien Mayak avec des munitions adaptées créées à partir de la grenade antichar soviétique.

 Munition ukrainienne pour drone tactique fabriquée en série par la firme Mayak
Munitions pour drone RKG 1600 (1,6 kg) développées par la manufacture d'armement
ukrainienne Mayak sur la base des grenades antichar cumulatives soviétiques RKG-3.

Selon la Mayak Plant JSC, ces munitions RKG-1600 sont capables de toucher une cible
de 1m2 mètre carré depuis une hauteur de 300 mètres.

Face à cette menace croissante que représentent les drones tactiques d'observation et de bombardement en nombre croissant sur le front, les unités républicaines se dotent d'armes électromagnétiques embarquées (Station Terrikon 2) ou portatives pour neutraliser ces drones volant à basse altitude au dessus des positions et des villages. Et parfois les milices utilisent leurs propres drones pour repérer les opérateurs des drones ukrainiens et diriger sur leurs positions des réponses adéquates comme ici :

Opérateurs de drones ukrainiens qui ajustaient des bombardements,
repérés à leur tour et ciblés par l'artillerie républicaine.

Les tirs ukrainiens continuent, tout comme les mouvements vers le front opérés par Kiev de nouvelles unités d'artillerie et de blindés, et si, après les pilonnages d'artillerie lourde réalisés pendant le week-end dernier, une accalmie très relative règne sur le front, de l'avis de nombreux observateurs elle n'est qu'illusoire et prépare probablement un nouvel embrasement du Donbass.

Et ce mardi 16 novembre 2021 au soir, la population sur le front continue de dormir dans ses caves et dans l'incertitude.

16 nov 21, dans le secteur de Spartak sur les lisières Nord
de Donetsk, la guerre est toujours là bruyante et menaçante

Erwan Castel

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