La guerre fait trembler les portes de Lugansk

Il y a 4 ans, jour pour jour, je prenais cette photo sur le front de Promka, au Nord de Donetsk,
et la situation actuelle n'est pas sans rappeler cette Une de l'été 2014 trouvée au milieu des
ruines de cette zone industrielle entre Avdeevka et Yasinovataya : "La guerre à nos portes" 

Dans le Donbass les bombardements ukrainiens sur les territoires des républiques de Donetsk et Lugansk continuent, apportant peut-être une certaine lassitude aux gens qui suivent de loin les événements dramatiques qui frappent les populations du Donbass depuis 7 années.

Cependant, croyez moi cette nouvelle escalade militaire initiée par Kiev à la mi octobre 2021 ne ressemble pas aux précédentes, d'une part par les moyens utilisés par Kiev, l'intensité de ses attaques d'artillerie, et leurs étendues dans la profondeur du front, situation qui n'avait pas été vécue depuis l'hiver 2014-2015.

Ainsi dans la journée d'hier, l'artillerie ukrainienne a réveillé les mauvais souvenirs des habitants de Lugansk (meurtrie à l'été 2014) en appliquant pendant des heures de puissants bombardements aux portes de la cité. 

Un matin "ordinaire" à Donetsk

Peut-être est-ce à cause du brouillard épais qui règne sur la région que les artilleurs ukrainiens n'ont fait aboyer leurs canons qu'au milieu de la matinée. Mais aujourd'hui encore, ils n'ont pas manqué l'occasion de cracher leur haine sur les républiques libres du Donbass :
  • 10H05: Début de bombardements ukrainiens sur le secteur d`Aleksandrovka, dans la périphérie Sud-Sud Ouest de Donetsk.
  • 10h30: Les bombardements continuent et s'intensifient. Les détonations sont audibles jusqu'au coeur de Donetsk.
  • 11h00: Un premier rapport du Comité de Coordination et Contrôle du Cessez le Feu confirmé des tirs ukrainiens au mortier de 82mm (12 obus) et à l' AGS 17 (8 grenades) sur Aleksandrovka.
Désormais ce sont les habitants qui remplacent les reporters de guerre paralysés par la lourdeur imbécile d'une bureaucratie qui de papier en appel téléphonique, d'accréditation en autorisation particulière ne leur permet pas de se déplacer rapidement sur le front.

29 nov 21, Vidéo d'une habitante du district de Petrovsky (Sud Ouest Donetsk)
 pendant le bombardement ukrainien sur le village voisin d'Aleksandrovka. 

Sur cette vidéo on entend distinctement les arrivées mais aussi les départs des tirs et le vol descendant des obus comme par exemple sur les 19 tirs enregistrés ici :

- à 0'19" et 24": 2 départs
- à 0'33" et 38": 2 arrivées

- à 1`32" et 36": 2 départs 
- à 1`40": vol descendant d'obus

- à 1`46 et 50": 2 arrivées

etc...

On distingue également le travail de 2 mortiers qui tirent en moyenne à 4" d'intervalle sauf à la fin de la vidéo où ils tirent quasi en même temps.


Une guerre qui frappe aux portes de Lugansk



Au milieu de la journée la pression offensive ukrainienne s'est déplacée sur le front de la république sœur de Lugansk avec des bombardements à l'artillerie lourde de plus en plus puissants et proches de la capitale.

  • 13h00: Bombardement ukrainien à l'artillerie lourde du secteur Ouest de l'autoroute Bakhmutka sur le front Nord de Stakhanov (Rép. Pop. de Lugansk).

Au milieu de l'après midi, poursuivant leurs bombardements exponentiels les forces ukrainiennes ont déclenché de puissants bombardements sur le front Nord de la ville de Lugansk.

29 nov 21, bombardement ukrainien dans le secteur de
Stanitsa Lugaskaia, au Nord Est de Lugansk

29 nov 21, bombardements ukrainiens au Nord de Lugansk

  • 16h10 L'artillerie ukrainienne effectue aec ses mortiers lourdsdepuis plusieurs minutes des tirs croisés sur les secteurs de Krasny Yar et Nikolaevka qui se sont précipités dans leurs caves.

La violence inhabituelle des bombardements ukrainiens font craindre par certains une tentative de percée des forces de Kiev. Pour les habitants de Lugansk, la guerre s'impose à nouveau dans les esprits réveillant les douloureux souvenirs de la première offensive ukrainienne, et surtout lorsqu'un chasseur bombardier se fait entendre au dessus du front, le bombardement aérien du 2 juin 2014 du coeur de la cité.

29 nov 21, un avion à réaction repéré au dessus
du front (en bas à la verticale du poteau).

Observation: Le retour sur le front des moyens aériens ukrainiens, qui avaient disparu depuis l'automne 2014, est une des caractéristiques majeures de cette escalade nouvelle (21 octobre attaque d'un drone Bayraktar, 28 novembre  reconnaissance aérienne et test du front de Telmanovo, et maintenant survol du front de Lugansk).

29 nov 21, des bombardements entendus jusqu'au coeur des cités

Comme d'habitude, au cours de leurs bombardements, les forces ukrainiennes effectuent des tirs terroristes sur des villages civils, et qui ne sont ni proches des positions défensives bombardées, ni dans l'axe des tirs pour être qualifiés de "dommages collatéraux.". Ainsi lors de ces bombardements du 29 novembre plusieurs habitats ont été endommagés, notamment dans le village de Mykolaevka.

Autre point important a relever sur cette carte du secteur bombardé de Mykolaievka, c'est sa proximité avec la frontière russe (ici moins de 10 km). ce qui étend la provocation ukrainienne à la Russie laquelle est pourtant qualifiée d'agresseur pat les ukro-atlantistes à longueur de journée !



La preuve des intentions offensives ukrainiennes

Dans leur rapport opérationnel du SMM de l'OSCE n° 32/2021, les observateurs internationaux déployés du côté ukrainien notent: 

"Dans la région de Lugansk, les formations armées n'ont pas permis au SMM d'entrer dans Stanytsia Luganska, Zolotoe et Molodezhny » 

Dans le rapport du 29 novembre 2021: 

"Dans la matinée du 29 novembre, dans la région de Lugansk, des formations armées ont bloqué 3 patrouilles du SMM (observateurs) en direction des zones contrôlées par le gouvernement (ukrainien). Toutes les patrouilles provenaient de zones non contrôlées par le gouvernement (côté républicain). Le premier refus d'accès s'est produit à 09h06 au poste de contrôle des formations armées près du bord sud de la zone de désengagement dans la zone n. Zolote (contrôlée par le gouvernement, à 60 km à l'ouest de Lugansk). Le deuxième refus a été enregistré à 10h15 au poste de contrôle des formations armées au sud du pont près de Stanytsia Luhanska (15 km au nord-est de Luhansk). Le troisième cas d'irrecevabilité s'est produit au poste de contrôle des formations armées sur la route T0504, à environ 1,5 km au sud-ouest de N. Molodezhnoe (non contrôlé par le gouvernement, 63 km au nord-ouest de Luhansk). Dans le premier cas, les membres des formations armées ont évoqué des « considérations de sécurité pour le SMM », dans le second, le « manque d'autorisation » de la part de ceux qui contrôlaient de facto les zones non contrôlées par le gouvernement de la région de Louhansk, et dans le troisièmement, aux « ordres de leurs commandants". 

Les blocages des observateurs internationaux par les forces ukrainiennes sont de plus en plus fréquents (voir par exemple les derniers rapports 27/2021, 28/2021, 29/2021, 30/2021 et 31/2021), et constituent une violation de la décision n° 1117 du Conseil permanent de l'OSCE qui prévoit "un accès sûr et fiable pour la Mission dans toute l'Ukraine". 

Cette entrave ukrainienne à l'accès illimité et inconditionnel de l'OSCE, en dehors d'invalider son mandat révèle que dans les zones concernées les forces ukrainiennes préparent vraisemblablement des actions ou y déplacent des armes interdites par les accords de Minsk. A noter ici que du côté républicain les observateurs internationaux peuvent circuler où bon leur semble et sans restriction.

Quelques heures après avoir bloqué les patrouilles de l'OSCE, les bombardements ukrainiens commençaient dont au moins 1 à partir d'une des zones à l'accès refusé le matin même.

Il faut cependant rappeler ici toute l'ambiguïté de l'OSCE, qui certes, se plaint du comportement illégal des forces ukrainiennes entravant ses patrouilles sur le front mais qui affiche toujours dans ses rapports une partialité en faveur du régime de Kiev, comme par exemple le fait de ne pas notifier certaines attaques réalisées par Kiev ou de notifier les républiques populaires de Donetsk et Lugansk comme "territoire ukrainien non contrôlé". 

De plus l'enlèvement par les ukrainiens de Andreï Kosiak, un observateur du SMM il y a 48 jours à Zolotoe 4 n'a fait l'objet d'aucun rapport particulier et encore moins de plainte de la part de l'OSCE, confirmant une indulgence, pour ne pas dire complicité, vis à vis des crimes commis par Kiev dans le Donbass.




La population quitte les rues, et se terre attentive 
à l'abri des murs de leurs habitats ou dans les caves
A Lugansk, une mère ramène ses enfants à 
la maison au milieu d'une rue quasi déserte

Du secteur Sud de la République Populaire de Donetsk, au secteur Nord de celle de Lugansk, c'est donc l'ensemble des 480 km de la ligne de front du Donbass qui est quotidiennement sous le feu des forces ukrainiennes. Par chance et par réflexes acquis par 7 années de bombardements, les civils échappent généralement aux tirs meurtriers, se réfugiant au fond de leurs caves au premier tir ennemi.

Mais cela peut-il encore s'appeler vivre ?

Erwan Castel

Dans une rue de Lugansk, ce 29 novembre 2021

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