Flash ! Offensive de Bakou contre l'Arménie !
Vu du Donbass
DERNIERE MINUTE (16-11-21 / 20H30)
A 18h30, un cessez le feu puis un armistice a été convenu entre Bakou et Erevan au soir du 16 novembre après des interventions téléphoniques du président russe Vladimir Poutine ainsi que de ses ministres des Affaires Etrangères Lavrov et de la Défense Choïgou.
1 an après avoir déclenché une guerre victorieuse dans le Haut Karabagh contre les arméniens de la république séparatiste de l'Artsakh, l'Azerbaïdjan soutenu par la Turquie vient de lancer une nouvelle offensive dans cette région du Caucase, mais cette fois directement contre l'Arménie !
Des unités azéris progressant en territoire national arménien
ce 16 novembre 2021 dans le secteur de Jermuk-Ishkhanasar
Le même mouvement offensif vu du côté des forces azéries
Ce qui pouvait apparaître initialement comme un incident frontalier grave, commencé dimanche 14 par des échanges de tirs sporadiques, s'est en fait rapidement révélé comme une offensive planifiée engageant des unités d'infanterie et blindées terrestres ainsi que des appuis d'artillerie importants. Selon les premiers rapports, les forces armées azerbaïdjanaises ont pu pénétrer dans les hauteurs situées le long de l'autoroute Erevan-Goris, principalement grâce à leur artillerie. Cet axe routier ainsi que l'aéroport de la ville de Sisian située dans le couloir de l'offensive azérie ne sont pas seulement importants pour la défense arménienne mais également pour les forces russes de maintien de la paix déployées dans le Haut Karabagh à l'issue de l'offensive de Bakou de l'automne 2020. En effet un part importante de la logistique des casques bleus russes passe par cette autoroute Erevan-Goris et sa capture par les forces azéries aurait pour conséquence de couper les communications des forces russes déployées dans les secteurs de Teha et Meghri .
16 nov 21, artillerie azérie en action contre des positions
arméniennes
De violents combats se déroulent actuellement dans le secteur de Syunik, et l'artillerie azérie tire en direction de Gegharkunik, l'offensive de Bakou cherchant visiblement à capturer des hauteurs stratégiques près du lac Sevan.
Au milieu de l'après midi, des pertes arméniennes étaient confirmées : au minimum 10 morts et 6 blessés et 12 soldats capturés, (7 contractuels et 5 conscrits) et la défense arménienne a perdu 2 positions de combat.
Photo de soldats arméniens fait prisonniers par les forces de Bakou
et diffusée ce jour sur les réseaux de la propagande azerbaïdjanaise
De leur côté les unités de défense arméniennes, après le choc initial ont rapidement riposté et infligé des pertes aux assaillants azéris, mais pour le moment pas assez significatives pour stopper leur offensive qui bénéficie comme lors de la guerre menée contre le Haut Karabagh à l'automne 2020 d'un appui significatif de l'artillerie lourde et de drones d'attaque Bayraktar TB2.
16 nov 21, des véhicules blindés assaillants azerbaïdjanais
sont détruits par les forces de défense arméniennes
Dès l'attaque azerbaïdjanaise confirmée, le Conseil de sécurité arménien s'est réuni en urgence et par la voix de son secrétaire Armen Grigoryan a lancé un appel vers Moscou:
"Puisqu'il y a eu une attaque sur le territoire souverain de l'Arménie, nous lançons un appel à la Russie dans le cadre du traité bilatéral de 1997 et conformément à la logique des obligations mutuelles, avec un appel à protéger l'intégrité territoriale arménienne",
"Nous espérons que la Fédération de Russie fournira une assistance et nous aurons la possibilité de restaurer l'intégrité territoriale de l'Arménie. Il a été dit à plusieurs reprises que la frontière d'État de l'Arménie est une ligne rouge pour la Russie. restaurer l'intégrité territoriale de l'Arménie à l'intérieur le cadre de nos relations alliées"
L'appel urgent de l'Arménie pour que la Russie l'aide à défendre son intégrité territoriale (conformément au traité bilatéral de 1997) et par tous les moyens dont elle dispose est en cours de confirmation écrite et qui sera adressée au Kremlin.
Si cette offensive de Bakou contre Erevan s'inscrit comme un nouvel épisode d'un long conflit opposant ces 2 pays depuis la fin de l'URSS, il ne fait aucun doute que son déclenchement dans le calendrier actuel est aussi au service d'une exacerbation de la stratégie d'encerclement politico-économico-militaire de la Russie et de ses alliés directs. Ainsi peut-on observer et relier entre eux les événements suivants :
- Escalade militaire dans le Donbass à l'initiative de Kiev et soutenue par l'OTAN qui fourni une logistique et, est même prêt à déployer en Ukraine une brigade aéroportée de forces spéciales britanniques.
- Grave crise entre l'UE et Minsk autour des tensions migratoires sur la frontière polono-bélarusse (menaçant de s'étendre à l'Ukraine, Lituanie et Lettonie voisines) et pour lesquelles Moscou est encore accusé par les occidentaux,
- Dans une continuité de la guerre de 2020 contre le Haut Karabagh, offensive militaire de Bakou contre Erevan avec qui Moscou est lié par un traité de coopération et d'assistance militaire,
- Suspension par l'Allemagne du processus de certification du gazoduc russe North Stream 2 (qui permettait aux exportations russes de contourner l'Ukraine et concurrencer le gaz étasunien en Europe), pour un prétexte juridique.
4 événements concomitants dans des pays et des domaines différents mais qui tous portent atteinte aux intérêts de la Russie...
Ainsi nous voyons, de la Baltique à la Mer Noire, et quasiment en même temps s'exercer une augmentation vive de la pression de l'OTAN et ses alliés sur la zone d'influence russe occidentale et dans tous les domaines (politique, économique, diplomatique et militaire), comme si Washington, qui est le chef d'orchestre de ce merdier général voulait allumer plusieurs incendies provocateurs contre Moscou...
Un hiver 2021-2022 qui promet d'être plutôt chaud bouillant !
Erwan Castel