Zelensky, entre défaite militaire et capitulation politique

Après une très relative stabilisation de ses provocations militaires pendant la dernière semaine du mois de mars, les forces ukrainiennes ont repris à nouveau leur escalade militaire sur le front du Donbass, commettant de nouveaux bombardements lourds en périphéries de ses grandes villes comme Donetsk, Gorlovka  ou Lugansk et de nouveaux crimes de guerre comme l'assassinat de cet enfant de 5 ans tué par un drone le 3 mars 2021.

Aujourd'hui Zelensky ne semble plus diriger grand chose à Kiev (a-t-il seulement exercé une journée seulement un quelconque pouvoir formel) et les hommes forts de l'Ukraine sont aujourd'hui plus que jamais l'ukrainien Avakov du parti de la guerre et l'étasunien Biden du parti du chaos !

  • Si Kiev lance une offensive militaire majeure et meurtrière poussant la Russie à intervenir, ce sera une défaite totale et humiliante et vraisemblablement la dislocation finale de l'Etat ukrainien et le retour de vastes territoires de la Novorossiya dans le giron russe 
  • Si Zelensky, politiquement jette l'éponge sans avoir offert à Washington le prétexte a fermer un nouveau rideau de fer russophobe en Europe, alors ce sera certainement une capitulation politique au profit d'une radicalisation nationaliste qui prendra le relais pour mieux suicider l'Ukraine.
Il reste donc pour l'OTAN à pousser son clown sur le chemin étroit entre la défaite militaire et la capitulation politique non pour gagner mais pour servir un nouveau chaos que la ploutocratie veut installer en Europe et qui consacrera l'asservissement du vieux continent à sa marchandise .


Le marionnettiste étasunien

Dans le cadre des exercices interalliés de l'OTAN "Defender 21" qui ont débuté en Europe de l'Est pour une durée de 3 mois (30 000 hommes de 27 pays), Kiev a péroré qu'un contingent ukrainien de 1000 hommes avec 10000 autres soldats de 5 pays membres de l'Alliance atlantique participeraient à un exercice conjoint destiné à "restaurer l'intégrité territoriale d'un Etat quia été agressé par un pays voisin hostile". 

Bien évidemment dans le contexte actuel de l'escalade militaire vécue depuis 6 semaines, un tel exercice ukraino-atlantiste où déjà le nom de la Russie en tant que "pays voisin hostile" est à peine voilé prend des allures de menaces politico-militaires et ne fait que confirmer les intentions belliqueuses de Kiev vis à vis du Donbass. 

Selon les scénaristes étasuniens qui, faut-il le rappeler, commandent l'OTAN, l'exercice portera sur "des actions défensives suivies d'une offensive" et il sera très intéressant d'observer dans quel environnement (espace ouvert, côtier ou urbain) va se dérouler cette répétition de l'offensive potentielle ukrainienne pour laquelle en revanche ses soldats se retrouveront tout seuls en première ligne pour jouer les chairs à canon de Washington. 


Quelle option militaire reste t-il à Kiev ?

L'Etat Major de Kiev, en dehors des problèmes de motivation et de logistique qui restent toujours faibles dans l'hypothèse d'opérations militaires violentes et prolongées, se retrouve avec la quasi certitude d'une intervention militaire russe si l'armée ukrainienne passe à l'offensive annoncée. Et cette contre offensive russe portant assistance aux milices du Donbass reposera sans nul doute sur un emploi massif de frappes d'artillerie et même aériennes sur les concentrations blindées, les axes et dépôts logistiques et les pointes des attaques lancées. Aussi le scénario militaire ukrainien le moins risqué pour alimenter une victoire politique (qui reste l'objectif principal), soit une attaque éclair dans la zone Sud du front dans des espaces ouverts sans tissu urbain favorables aux blindés et à leurs appuis feu, devient aujourd'hui également périlleux. En effet, en dehors de la menace de nouveaux chaudrons républicains mais qui reste gérable sous condition de moyens et d'espace suffisants pour rendre difficiles des encerclements, en revanche, sur le billard de la steppe, les forces ukrainiennes pourraient être tout simplement hachées par un feu russe resté tranquillement derrière ses frontières nationales.

Il reste donc peu d'options militaires pour Kiev sachant que, si l'OTAN envisage éventuellement une zone d'exclusion aérienne au dessus de l'Ukraine pour éviter que le conflit ne déborde du Donbass, il est fortement improbable qu'une seule unité combattante de l'alliance ne vienne se battre pour Donetsk et Lugansk (seules interviendront les ressources du renseignement militaire et de guerre élec et peut-être quelques groupes de "contractors" de sociétés militaires privées). Cat pour Washington et ses laquais occidentaux l'objectif d'une exacerbation du front ukrainien est d'abord politique (nouvelles sanctions, arrêt du North Stream 2...) et donc doit rester militairement limité à leur proxy ukrainien. 

Si l'option "blitzkrieg" est finalement abandonnée devant la détermination russe a soutenir les milices mais que Biden donne quand même l'ordre à ses auxiliaires ukrops de sortir des tranchées, Kiev pourrait alors décider de grignoter des zones urbaines pour s'y accrocher au milieu d'une population civile dont la présence réduirait considérablement les appuis feu républicains et russes pour des raisons humanitaires et politiques que tout le monde comprend. 

Donc l'alternative à une percée Sud (40 km) pour reprendre partiellement le contrôle des frontières avec la Russie et couper le dispositif défensif républicain, pourrait consister à s'emparer de zones urbaines mais à condition de pouvoir les aménager facilement en hérisson défensif. Voilà pourquoi, selon moi, Kiev ne peut: 

  • ni s'emparer d'un seul district urbain d'une grande agglomération car se serait s'engager dans une guerre urbaine longue, meurtrière et moralement ingérable avec des bénéfices politiques incertains.
  • ni capturer une ville loin de la ligne actuelle du front, car se serait s'exposer à court terme à un encerclement et donc à bouillir dans un nouveau chaudron républicain de type Iliovaisk (sept 2014) ou Debalsevo (fév 2015).
Kiev pourrait donc chercher à s'emparer d'une ou plusieurs petites agglomérations en poussant la ligne de front de quelques kilomètres mais sans faire de saillant dangereux pour ses unités, ce qui constituerait à défaut d'une rupture stratégique majeure, une victoire politique importante pour Zelensky, De plus pour ce type de capture secondaire, l'Etat major ukrainien peut concentrer dans son assaut les quelques unités motivées politiquement (bataillons spéciaux) ou militairement opérationnelles à sa disposition. 

Pour ce scénario, le déroulé classique que j'ai évoqué dans un point de situation précèdent  (fixer / déborder / attaquer) reste le même. On pourrait vivre alors une intensification violente des bombardements ukrainiens sur toute la ligne de front, suivie d'attaques limitées dans le temps et l'espace pour tenter de s'emparer d'agglomérations petites à moyennes situées très près du front comme par exemple Aleksandrovka ou  Elenovka ou Dokuchaievsk, pour ne citer que 3 exemples sur le territoire de la République Populaire de Donetsk. Mais ce type d'opération offensive, même sur des agglomérations secondaires imposera toujours à Kiev les inconvénients et menaces évoqués également ici dans un article récent consacré à la guerre urbaine.

Et si les russes interviennent ce sera le prétexte rêvé par les occidentaux pour  fermer définitivement le nouveau rideau de fer politique, économique et militaire en Europe de l'Est.

Il reste cependant une dernière option pour Kiev et surtout Washington : c'est de jeter l'éponge et de renoncer à cette aventure militaire dans laquelle à vouloir prendre le Donbass (ou pire la Crimée) l'OTAN risque de perdre toute l'Ukraine.

Et l'armée russe depuis une semaine de bien faire comprendre aux ukraino-atlantistes ce qui les attend s'ils sortent de leurs tranchées.


Les parapluies russes du Donbass

Dans le scénario d'une offensive de Kiev contre le Donbass et que semblent confirmer les déploiements militaires ukrainiens en cours autour des républiques de Donetsk et Lugansk, l'emploi probable de drones d'attaque Bayraktar TB2 de fabrication turque représente une menace importante pour les défenses républicaines, comme l'a prouvé à l'automne 2020 leur rôle majeur qu'ils ont joué dans l'offensive azérie menée dans le Haut Karabagh. En effet ce drone d'attaque est capable d'engager ses missiles très précis et rapides à une distance de 8 kilomètres, échappant ainsi à la majorité des systèmes de défense en service dans les milices républicaines.

Aussi les forces armées de la Fédération de Russie viennent-elles de déployer le long de leurs frontières avec le Donbass des systèmes d'armes anti aériens S300 dont la portée leur permet de couvrir largement l'espace du Donbass tout en restant dans la région de Rostov sur le Don, et même de rejoindre la couverture aérienne assurée par les S 300 et S 400 russes de la Crimée. 

3 avril 21, des S300 russes en cours de déploiement le long  
de leurs frontières avec les républiques du Donbass.


Du côté de l'Ukraine

Kiev comme pris en otage par sa propre doxa belliciste continue à pousser vers le Donbass ses unités militaires:

3 avril 21, à Dnipropetrovsk
Convoi de chars de combat T72 TB3 modernisés

3 avril 21, à Poltava
Convoi d'artillerie avec obusiers MSTA S de 152mm "Acacia"

Du côté de l'OTAN...

Profitant de l'exercice interalliés "Defender 21" dirigée par l'Alliance atlantique, l'Etat Major étasunien en Europe qui, devant la situation à l'Est de l'Ukraine a augmenté au maximum le niveau de préparation de ses unités, déploie aussi de son côté des brigades d'assaut aux frontières des républiques pro-russes de l'Europe de l'Est. 

3 avril 21, via la Moldavie, l'OTAN achemine en Ukraine
par convois ferroviaires des brigades d'assaut comme
ici des chars de combat étasuniens M1 Abrams. 

Du côté de la Russie

La Russie quant à elle poursuit son déploiement dissuasif écrasant en multipliant les annonces politiques d'un intervention militaire soutenant les milices républicaines en cas d''offensive ukrainienne majeure ou meurtrière dans le Donbass

2 avril 21, région de Volgograd  à Kamyshin
Systèmes de missiles antiaérien 9K330 "Tor" (échelon division)

3 avril 21,
 Convoi transportant des véhicules blindés parachutables 
modernes : BMD, BTR-MDM, BTR-D, BMD-4M et BMD-2

Du côté du Belarus

Face à l'escalade en cours sur le front ukrainien et la potentielle implication de l'OTAN qui pourrait accélérer la régionalisation du conflit, les forces armées du Belarus ont été mises en état d'alerte et ont déployé des unités de combat le long de leurs frontières avec l'Ukraine mais aussi la Pologne.



Si la situation continue de se dégrader sur le front militaire local et le front diplomatique global entre l'axe USA/OTAN/Ukraine et le front de résistance Russie/Belarus/Donbass, les options pour Kiev quant à elles continuent de se réduire dans une perspective où apparait de plus en plus le sacrifice à venir de l'armée ukrainienne au profit de la stratégie du chaos russophobe visant définitivement à isoler la Russie et soumettre l'Europe au diktat marchand de la City et de Wall Street.

Erwan Castel



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