Le coeur des guerres

Le géopoliticien belge Michel Collon, décortiquant la propagande de guerre occidentale, rappelait en premier premier mensonge politico médiatique établi, que l'impérialisme occidental cherche toujours à cacher les intérêts économiques qui, en réalité motivent ses croisades militaires, et je trouve pertinent de rappeler une nouvelle fois ici :

Les 5 principes de la propagande de guerre

Observation: à ces 5 principes de la propagande de guerre énoncés par Michel Collon (cacher les intérêts, oublier l'Histoire, diaboliser l'ennemi, victimiser l'ami, contrôler l'information) je me permets de rajouter celui de légaliser la pensée unique en organisant un arsenal juridique contre tous ceux qui s'opposent à ses mensonges ou ses décisions politiques arbitraires.

Et la crise ukrainienne n'échappe pas à cette stratégie mensongère de la propagande de guerre occidentale qui, depuis la chute de l'URSS cherche à nouveau à s'emparer de ce "pivot stratégique entre l'Occident et l'Eurasie et qui est vital à la Russie.


Le 11 avril 2021, Manfred Weber qui est le chef de la principale faction du Parlement européen - le parti populaire européen (PPE) - a plaidé pour un durcissement des sanctions européennes et américaines contre la Russie en cas d'escalade de la situation dans l'est de l'Ukraine... ou la détérioration de la santé d'Alexeï Navalny:

"Le temps des sanctions mesurées dans ce cas est passé. Le gel à grande échelle des comptes des oligarques ou la déconnexion de la Russie de SWIFT (réseau informatique international des échanges bancaires) devraient être de véritables options en cas d'escalade et le North Stream 2 n'aura alors plus aucune raison d'être"

Nous y voilà ! 

Car l'Ukraine n'est pas seulement ce pivot géostratégique séculaire qui donne à la Russie un accès à la Méditerranée (et dont la Crimée est la clef de voûte) et pour laquelle la France a déjà été entrainée par Londres la thalassocratie d'alors, dans une guerre contre la Russie en 1854, mais aujourd'hui est elle est au centre d'enjeux économiques majeurs entre la Russie et l'Europe occidentale et que voudrait bien détruire la concurrence nord américaine.

Et au coeur de ses échanges économiques entre Russie et Occident nous trouvons le gaz dont la Fédération est le 2ème producteur mondial, et qui se taille une part très importante dans les économies des grandes puissances, poussant les Etats Unis dans leur amoralité criminelle coutumière à semer le chaos partout où ils leur clan mondialiste espère rafler des marchés.

Ainsi tout comme pour le pétrole qui a motivé les guerres en Irak, Libye ou les blocus contre l'Iran ou le Venezuela par exemple, les enjeux gaziers sont au coeur des guerres comme celle qui ravage la Syrie et qui fut déclenchée au lendemain d'un accord irano-syrien pour des exportations de gaz vers l'Europe laissant sur la touche le projet qatari-turc soutenu par Washington.


Une "guerre des tubes" européenne

C'est une erreur que de vouloir dissocier la guerre économique de la guerre militaire, la seconde n'étant que le prolongement de la première qui depuis l'arrivée du capitalisme hégémonique impose ses objectifs au pouvoirs politiques qui font de la marchandise la nouvelle idéologie dominante. Preuve en est par exemple les actions de l'OTAN alliance militaire mais qui intervient de plus en plus dans les domaines économico-politiques, comme par exemple lorsqu'elle soutient le traité de libre-échange transatlantique, intègre prioritairement les pays où devait transiter le gaz russe comme le Monténégro ou critique les organisations écologistes qui s’opposent au gaz de schiste etc.

Et l'OTAN naturellement de se retrouver au centre de cette plaque tournante gazière qu'est l'Ukraine et qui probablement s'imposera ici bien avant l'Union Européenne qui n'a été qu'un miroir aux alouettes pour faire basculer Kiev dans le camp occidental.

Car la "guerre des tubes" autant que la guerre militaire est également au coeur de cette crise ukrainienne, car c'est par l'Ukraine que transitait la majeure partie des exportations de gaz russe vers l'Ouest et que Moscou voulait renforcer avec le projet South Stream qui de la Mer Noire devait passer par les Balkans. Or la guerre économico-militaire installée dans cette région pontique va obliger la Russie à abandonner la Mer Noire pour ses exportations de gaz et de contourner le barrage géopolitique du Sud de l'Europe par la Mer Baltique avec le projet "North Stream" et qui, au grand dam de Washington, est sur le point d'être achevé.

Les USA, qui veulent imposer leur gaz de schiste aux européens se sont toujours opposés aux approvisionnement via l'Ukraine et autres projets gaziers russes "South Stream" et "North Stream". et tous les gouvernements étasuniens ont mis un point d'orgue à saboter par n'importe quel moyen cette concurrence russe commercialement imbattable. Ainsi Obama avec son opération "Maïdan", l'OTAN avec son extension dans les Balkans et même Trump qui va imposer des sanctions sévères aux entrepreneurs initiaux du projet, des suisses qui ont immédiatement abandonné le chantier, qui a pris ainsi un retard considérable..

Le North Stream 2

Donc ce n'est certainement pas un hasard si l'escalade militaire vécue sur le front actif du Donbass et celui, passif, de la Crimée coïncide avec la dernière étape de la pose du gazoduc russe "Nortrh Sream 2" dont le gaz naturel, par ses coûts d'exploitation et d'exportation est un concurrent imbattable pour le gaz de schiste américain que les Etats unis voudraient imposer aux pays européens.

L'arrêt du projet North Stream qui s'inscrit dans un paquet d'attaques économiques anti russes est donc devenu ces derniers mois une priorité urgente pour Washington et que justifierait sans nul doute un conflit russo-ukrainien dans le Donbass, dont la responsabilité attribuée à Moscou par la propagande de guerre occidentale abaisserait "un nouveau rideau de fer" sur l'Europe.

Provoquer la Russie dans un conflit qui resterait probablement circonscris au Donbass forcerait l'Union Européenne (et surtout l'Allemagne qui est partie prenante au North Stream 2) a renoncer aux importations russes et donc a se tourner vers celles venant des USA. Appauvrissement de l'économie russe, enrichissement de l'économie nord-américaine, blocus militaire de la façade occidentale russe, intégration accélérée de l'Ukraine dans l'OTAN, soumission politico-militaire des pays occidentaux... 

Bref, pour Washington, c'est un paquet de bénéfices d'autant plus tentant que le coût ne serait que quelques milliers de slaves européens, ukrainiens ou russes et la perte d'un bout oriental de l'Ukraine... sauf si la Russie qui de toute façon n'aurait rien à perdre décide dans sa réaction militaire de récupérer une grande partie de son territoire ukrainien renforçant l'atout stratégique de la Crimée, rendant alors le rapport coût / bénéfice beaucoup moins intéressant pour la ploutocratie mondialiste.


L'OTAN, entre piraterie et sabotage 

Pour illustrer l'importance des enjeux et menaces qui se cristallisent autour du gazoduc russe "North Stream 2"; il fut relever des incidents graves survenus sur son chantier final mener à la fois par la Pologne et l'OTAN et qui relèvent plus de la piraterie maritime que du droit international dont on devrait attendre normalement qu'il soit respecté par ceux là mêmes qui se prétendent ses parangons :

Sur la zone d'achèvement du gazoduc la société "Nord Stream 2 AG" responsable du chantier a signalé une brusque augmentation des activités de navires et aéronefs de l'OTAN à proximité immédiate du chantier, y compris des sous marins.

Avion de l'armée de l'air polonaise procédant à un vol 
basse altitude du chantier final du "North Stream 2".

Le "Krakow", navire de la marine de guerre polonaise 
tournant autour du chantier du gazoduc dans des cercles
de plus en plus rapprochés. Il a été chassé par le navire
de soutien russe menant alors une trajectoire parallèle.

Mais le pompon des provocations occidentales contre le chantier gazier russe revient à deux bateaux de pêche polonais qui ont voulu volontairement percuté la plateforme de travail dans un comportement quasi suicidaire qui illustre bien l'hystérie russophobe collective qui s'est emparée de la majorité des pays de l'OTAN: 

22 février 21, éperonnage du bateau ravitailleur "Vladislav Strizhev" 
par un bateau de pêche polonais, alors qu'il s'interposait pour
protéger la plateforme de pose initialement visée et vulnérable.
 
Prétendre ensuite comme l'ont fait les autorités polonaises qu'il s'agit d'accident maritimes relève de la mauvaise fois et du "foutage de gueule", car les bateaux polonais n'ont pas pu ne pas voir cette plateforme gazière russe qui, avec son navire industriel "Fortuna" présente une superstructure de près de 200 m de long et éclairée toute la nuit. De là à supposer que les bateaux, qui plus est n'ont jamais répondu aux alertes radios envoyées, étaient en fait réquisitionnés par des services spéciaux de l'OTAN chargés de mener des intimidations, il n'y a qu'un tout petit pas...

Plus tard c'est un sous marin polonais qui s'est aventuré dans la zone d'ancrage de la barge de pose des tubes du gazoduc qui s'étend à plus d'un mile marin à l'entour, menaçant de rompre des amarres.

28 mars 21, c'est un sous marin polonais qui 
est aperçu à proximité immédiate du chantier

Ce type d'incidents sont nouveaux dans la zone d'achèvement du North Stream 2 et leurs fréquence laisse bien à penser qu'il s'agit d'opérations illégales planifiées par les services de l'OTAN ou au minimum ceux de l'armée polonaise qui en fait partie. Des plaintes ont été déposées par l'exploitant du chantier. Reste à voir si les incidents vont se poursuivre.

En attendant a Pologne a confirmé qu'elle était un fidèle et zélé laquais de la stratégie russophobe étasunienne.


Le North Stream 2, au coeur de l'escalade du Donbass 


Il reste ne reste plus aujourd'hui que 121 kilomètres de gazoduc à poser au fond de la mer Baltique pour que la Russie soit en mesure de fournir à l'Europe, via l'Allemagne qui est son premier client, 55 milliards de mètres cubes de gaz, et le directeur de la société "Nord Stream 2 AG" a confirmé l'achèvement du chantier avant la fin de l'année. 

Les prochaines semaines seront donc cruciales et tendues par nombre de provocations occidentales destinées à faire réagir la Russie pour ensuite engager de nouvelles sanctions contre Moscou dont le blocage du North Stream est certainement en tête de liste.

Ces provocations s'effectueront certainement et prioritairement dans le Donbass où la situation militaire extrêmement tendue et la présence d'un proxy ukrainien suicidaire le permettent aisément, lequel voit d'un très mauvais œil ce projet gazier car il achèvera le rôle de l'Ukraine dans le transit gazier russe et pour lequel elle bénéficie d'avantages économiques énormes (taxes, réduction du prix d'achat etc)  

Et d'aucuns de prétendre comme Kofman, l'ancien ministre des Affaires étrangères de la République Populaire de Donetsk que, si les milices n'ont pas riposté aux derniers crimes de guerre ukrainiens, c'est pour ne pas servir aux occidentaux sur un plateau un prétexte pour abandonner le projet North Stream 2.

Il y a 7 ans exactement Kiev lançait son "Opération Spéciale Antiterroriste" contre le Donbass 

Cette situation en Mer Baltique qui résonne sur les rives de la Mer Noire confirme la dimension internationale de cette guerre du Donbass qui dépasse largement et depuis ses racines, la dimension d'un simple guerre civile.

Et si demain les forces ukrainiennes, dans un rapport de forces qu'un soutien militaire russe au Donbass inverse désormais en leur défaveur, réalisent quand même une opération offensive et suicidaire, on connaitra le prix du sang de ce North Stream 2.

Erwan Castel


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