Epicentre & otage d'une tectonique internationale

Après la proposition renouvelée par Moscou, Donetsk et Lugansk d'une rencontre directe entre les dirigeants ukrainiens et ceux des républiques du Donbass d'ici au 27 avril 2021, c'est au tour de Dmitry Kozak, le représentant spécial du Kremlin pour la région de relancer vers Kiev cette idée pour la paix et dont il rappelle l'évidence universelle :

"ceux qui s'opposent à l'interaction directe des parties en conflit ne peuvent ou ne veulent pas tirer les leçons de la pratique historique mondiale. Pas un seul conflit dans le monde n'a été résolu par des moyens politiques non militaires sans parvenir à des accords politiques directs entre les parties au conflit",  

et Kozak, en commentant cette obstination à ne pas vouloir négocier directement avec les Républiques du Donbass, d'évoquer aussi l'hypocrisie de Kiev:

"Tous les efforts ne visent pas à instaurer la paix, mais à éviter formellement le dialogue direct et tout contact avec les représentants de Donetsk et de Lougansk. En même temps, un tel dialogue existe réellement. Toutes les discussions au sein du groupe de contact, dans ses sous-groupes de travail sont 99% des discussions entre les représentants de l' Ukraine et du Donbass. Il s'agit uniquement de créer l'apparence de l'absence d'un tel dialogue pour les forces politiques radicales de l'Ukraine".

Peine perdue car Kiev reste campé sur son refus de dialogue et pire cherche aujourd'hui à inviter un 3ème larron du camp occidental dans le théâtre en feu des accords de Minsk en la personne de l'Etat d'Israël et dont la partialité en terme de relations internationales n'est plus a démontrer.

Autant de preuves nouvelles que ce conflit régional, qui écrase depuis 7 ans la population russe du Donbass, est bien au coeur d'un affrontement global entre Moscou et Washington, et que le "pivot stratégique ukrainien" est plus que jamais d'actualité au milieu d'une tectonique internationale que l'effondrement de l'URSS a remis en mouvement.

Aussi, on peut sans exagérer dire que le petit Donbass est l'otage d'une toile d'araignée d'intérêts gigantesques et dont la pierre angulaire pontique est la Péninsule de Crimée dont il partage depuis 2014 la destinée géostratégique. 

C'est pour cela que ce conflit qui n'a de régional et civil que l'apparence dure depuis plus longtemps que la seconde guerre mondiale (tout comme le conflit syrien par exemple) et aujourd'hui, tandis que la situation militaire sur le front du Donbass continue de s'envenimer sous l'augmentation des tirs ukrainiens, sur le planches du théâtre diplomatique international où les puissance se déchirent autour de ses enjeux, on assiste à la fois: 

  • à un ballet d'invitations au dialogue mais qui toutes échouent à engager des pourparlers de paix réels et constructifs, soit parce qu'elles sont simulacre ridicule comme l'invitation de Zelensky à rencontrer Poutine "dans le Donbass en guerre", soit parce que les mêmes autorités ukrainiennes refusent obstinément de rencontrer les représentants des républiques populaires de Donetsk et Lugansk qui sont leurs seuls adversaires militaires sur le front 
  • à une guerre des ambassades déclarée par Biden avec l'expulsion de 10 diplomates russes des USA, et qu'ont immédiatement rejoints la Tchéquie (18 expulsions) l'Ukraine bien sûr et plus récemment la Lituanie avec 3 autres diplomates russes expulsés cette semaine. Ces rétorsions de pays occidentaux aux prétextes fallacieux ont obligé Moscou à des réactions symétriques envers leurs représentations consulaires.
Nous assistons donc à une véritable hystérie russophobe occidentale qui déploie tout son arsenal pour nuire à la Fédération de Russie: politique, économique, informationnel, diplomatique, dans des guerres à outrance qui se rapprochent chaque jour dangereusement des arsenaux militaires qui ont commencé depuis plusieurs années à être agités par dessus la ligne de front du Donbass, et de manière exponentielle.

Et au milieu de cette nouvelle guerre froide, le chien fou ukrainien tire sur sa laisse pour offrir à son maître un conflit symétrique grandeur nature qui l'aidera à mettre en œuvre la stratégie du "containment" telle que définie par George F. Kennan en 1946, mais dont les origines remontent à la volonté occidentale d'isoler la Russie des voies commerciales de la thalassocratie britannique (fin XIXe siècle) puis étasunienne (début XXe siècle). 

Sur cette projection cartographique on voit d'une part  le "Rimland" cette ceinture
entre la Russie (le "heartland") et les voies économiques européennes, maritimes
et asiatiques qui lui sont vitales, et d'autre part les préemptions territoriales visant
à les contrôler et réalisées ces dernière année par l'ordre mondialiste étasunien. 

Au lendemain de l'annonce par Moscou du retrait progressif de ses forces positionnées le long des frontières ukrainiennes, officiellement pour des "exercices" militaires, Kiev a non seulement rejeté toute idée de dialogue avec Donetsk et Lugansk mais ses forces armées ont même  intensifié plus encore leurs bombardements sur les républiques du Donbass.

Sur le front du Donbass

Après une journée du 23 avril 2021 marquée par une intensification des bombardements ukrainiens en soirée, ce samedi 24, a également débuté au son du "canon-réveil" ukrainien qui a engagé ses tirs sur les banlieues de Donetsk et Gorlovka dès les premières heures de la journée.

💥 24 avril 21, 05h20: bombardement ukrainien des banlieues Ouest et Sud Ouest de Gorlovka.

💥 24 avril 21, 06h00: bombardement ukrainien du village de Trudovsky (Sud Ouest Donetsk).

24 avril 21, des tirs de grenades ukrainiennes sur Trudovsky 
déclenchent des échanges de tirs dès 6h00 du matin.

En dehors de leurs bombardements sur les territoires républicains, les forces ukrainiennes mènent des activités sur le front qui confirment leurs intentions offensives, par exemple : 

  • En Avdeevka, sur le front des Yasinovataya, les renforts ukrainiens arrivés ces derniers jours (environ 500 combattants avec véhicules blindés) ainsi que les unités qui étaient stationnées près de la poste se sont déployés sur la première ligne du front en face des défenses républicaines de Yasinovataya, avec une avancée également de moyens d'appui d'artillerie.

  • Après avoir déployé des unités blindées et d'artillerie supplémentaires au plus près du front, les forces ukrainiennes ont procédé à une amélioration de leur 2ème ligne de front, notamment avec des champs de mines importants, constituant ainsi une ligne de repli renforcée qu'elles pourront rejoindre dès le déclenchement de la réponse russe éventuelle à leur offensive.
  • La poursuite des préparatifs offensifs avec notamment le déploiement sur le front de brigades d'assaut blindées et leurs appuis feu, comme par exemple ces 60 chars T64 repérés venant d'arriver par les observateurs internationaux de l'OSCE et signalés dans leur dernier compte rendu quotidien. 

Ces 3 informations tactiques concernant les dispositifs à la fois offensif et défensif des force ukrainiennes à l'exemple de ce secteur au Nord de Donetsk illustrent bien le scénario probable d'une attaque ukrainienne limitée dans le temps et l'espace et destinée juste à provoquer une réaction militaire russe et qu'une zone d'exclusion aérienne de l'OTAN dissuadera d'aller plus loin que le front actuel mais qui permettra aux occidentaux de faire tomber et verrouiller un nouveau rideau de fer politico économique sur l'Europe ce qui est l'objectif géostratégique prioritaire de Washington.



Du côté de l'OTAN...

Malgré le commencement du retrait des troupes russes, les activités d'observation du renseignement aéroporté de l'OTAN n'ont pas faibli, bien au contraire : aujourd'hui 24 avril pas moins de 4 aéronefs de surveillance électronique ont renifler les côtes russes et la ligne de front du Donbass.

2 drones stratégiques RQ-4 de l'Us Air Force


1 Boeing P-8A "Poseidon" de l'US Air Force

1 ATR C-72-600TMPA de l'armée de l'air turque 


En conclusion

Dans le Donbass les habitants, dont 538 000 sont déjà citoyens de la Fédération de Russie par l'obtention accordée du passeport russe, tout en restant confiants sur leur destinée russe sont convaincus qu'il leur faudra encore attendre encore et surtout payer le prix du sang et des larmes pour que cette situation internationale kafkaïenne et otage de l'hypocrisie occidentale puisse enfin se débloquer en faveur de leur identité naturelle et du droit aux peuples à disposer d'eux mêmes.

Erwan Castel 

Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat