SITREP du 12 février 2022

Il y a 7 ans, le 12 février 2015, était signé à Minsk la deuxième mouture d'accords de Paix dont le processus aurait du être achevé depuis longtemps. Or depuis 7 ans ces accords peuvent quasiment être qualifiés de "morts-nés", car restés sur l'échec de leur première étape du cessez le feu. Hormis le déploiement des observateurs de l'OSCE, mais sans pouvoir, le maintien d'un dialogue tripartite (Ukraine-OSCE-RPD/L), mais stérile et des échanges de prisonniers, mais trop rares, "Minsk 2" est un échec complet, Kiev refusant radicalement:

  • d'engager un dialogue direct avec les autorités de Donetsk et Lugansk. 
  • de respecter la chronologie en voulant reprendre le contrôle préalable des frontières,
  • de modifier sa constitution pour l'adoption d'un statut spécial,
  • d'accepter le principe d'une amnistie pour les participants au conflit et républiques,

1 / La guerre psychologique

Dernier étron de la diarrhée "psychographique" officielle étasunienne annonçant
l'invasion russe imminente, reprise en chœur par la meute de ses chiens de garde.

Dans l'article précédent j'évoquais la psychose exponentielle organisée par l'artillerie lourde politico-médiatique occidentale, et celle ci continue et se diversifie :

  • Après avoir annoncé à grands coups de "psychographie" apocalyptique que l'invasion russe imminente allait réduire l'Ukraine en cendre le 15 janvier, puis le 4 février, l'administration Biden, qui visiblement n'a pas peur du ridicule, annonce maintenant qu'elle aura lieu le 15 février.
  • Etats-Unis, Japon, Corée du Sud, Pays-Bas, Monténégro, Norvège, Grande Bretagne, Lettonie, Estonie, Finlande, Macédoine du Nord, Canada, Turquie, Koweit, Maroc,  France, Pologne, Tchèquie, Lituanie, Israël, Irak, Espagne, Italie, Suède, Allemagne, Belgique,
  • Sur les territoires des républiques du Donbass des alertes terroristes se poursuivent comme par exemple lors de la conférence de presse accordée le 12 février par Denis Pushilin, le président de la RPD, environnée par une quinzaine d'alertes à la bombe.

2 / La guerre économique

Courbe de l'inflation étasunienne et sa stabilisation depuis le paroxysme de la psychose 
concernant l'invasion russe, avec les évacuations des ressortissantes occidentaux etc...

Depuis le début de la première escalade majeure de mars 2021, je ne cesse de dire que l'objectif prioritaire du système capitaliste occidental est de déclencher un tsunami de sanctions économiques contre la Russie et que Victoria Nuland a promis qu'elles seraient "infernales" pour Moscou... et donc pour les peuples de Russie. 

Si, de bonne guerre face aux menaces du département étasunien, la propagande russe pérore en disant que ces sanctions économiques (qui en réalité s'apparentent plus à des représailles violant le droit international du commerce) ne paralyseront pas la Russie, il n'en reste pas moins que elles lui porteront des coups comme depuis 2014, et le cours du roubles en témoigne , malgré les réserves d'or fédérales qui l'ont protégé de l'effondrement (la valeur euro-rouble est passée de 45 à 90 en 7 ans). 

Et aujourd'hui, cette guerre économique n'apparait pas seulement dans une dimension offensive mais aussi et d'une manière plus urgente dans une dimension défensive face à un système économique mondialiste en phase terminale :

Au cours des 2 derniers mois l'économie des ménages étasuniens connait une inflation énorme (7% en décembre, 7.5 en janvier) et l'endettement abyssal du budget étasunien qui dépasse les 25 000 milliards de dollars menace de tarir définitivement le recours aux emprunts qui jusqu'ici lui éviter l'effondrement mortel dans une fuite en avant inferale. En octobre 2021, les USA ont joué le joker de relever le plafond de la dette à 29 000 milliards de dollars, donnant à leur économie une petite bulle d'oxygène de 3 mois.

Et dans la main pourrie des joueurs de pokers étasuniens il semble ne rester comme "ultima ratio" le joker de la guerre qui a déjà fait ses preuves économiques au cours des 2 dernières guerre mondiales (effacement des dettes, économie de guerre, reconstruction etc).

Or que voit-on depuis l'hystérisation maximale de la crise ukrainienne de ces derniers jours ?: La fuite du dollar vers des valeurs refuge, notamment les obligations américaines qui, au lendemain de l'ultimatum ukrainien concernant la teneur des exercices militaires russes, a provoqué retour au niveau fe rendement du 9 février. Par cette stratégie les Américains pourront emprunter de l'argent à moindre coût.

Pour résumer: provoquer une guerre à grande échelle en Ukraine sera un joker pour soutenir le budget américain et ramener ses taux vers le zéro (15% du PIB des USA dépendent des taux bas).

Et pour Washington qui a déjà annoncé ne pas vouloir engager l'OTAN dans une confrontation directe avec la Russie cela serait "gagnant /gagnant". 

Économiquement pour Washington, isoler encore plus la Russie et retarder son effondrement, c'est un jeu qui vaut bien le sacrifice de que quelques milliers de soldats ukrainiens et je ne parle pas des centaines de russes du Donbass qui sont de toute manière déjà considérer comme des ennemis à abattre. Souvenons nous des propos vomitifs de Madeleine Albright qui en 1996, commentant la mort des 500 000 enfants irakiens sous le blocus et les bombes de l'OTAN avait dit : "le prix en valait la peine !"


3 / La guerre militaire 

Sur le front régne toujours une accalmie globale contrastant tellement avec les agitations politico-médiatiques et les préparatifs militaires que beaucoup la traduisent comme "le silence qui précède la tempête".

Cependant, ici et là la pression.et la tension laissent s'échapper des tirs comme par exemple:  

  • 11 février, à partir de 22h50, sur la périphérie Nord et Ouest de Donetsk  plusieurs tirs de lance grenades automatique ukrainien engagent des échanges de tirs aux armes légères.
  • 12 février, plusieurs tirs sporadiques avec Lance Roquette RPG, lance grenades AGS dans les secteurs de Veseloe (Nord Donetsk), village minier 6/7 (Ouest Gorlovka) Dolomitnoe (Nord Gorlovka) et Sakhanka (Sud RPD) où le village a été bombardé par du mortier de 82 mm ukrainien. 
Au milieu de l'après-midi du 12 février une forte explosion à été entendue jusque dans le centre de Donetsk laissant meme supposer qu'un obus de 152mm venait de frapper la ville. Il semblerait en réalité que cette explosions provienne du côté ukrainien, sur le front Ouest à priori et alors qu'il n'y avait aucun tir d'artillerie. Accident ? Déminage ? Mise en scène médiatique ? On le saura probablement bientôt. 


Juste à l'arrière du front les forces ukrainiennes continuent d'organiser et de renforcer leur dispositif offensif dans des zones de plus en plus importantes dont elles interdisent l'accès aux observateurs de l'OSCE.

Commentant la situation actuelle de ses forces, Reznikov, le Ministre ukrainien de la Défense a déclaré :

  • "Croyez-moi, les forces armées ukrainiennes se sentent très puissantes aujourd'hui et le nombre d'armes est déjà supérieur aux cibles potentielles".
Dans cette rodomontade, Reznikov confirme bien que l'adversaire de l'armée ukrainienne est bien la milice des républiques de Donetsk et  Lugansk et non l'armée russe, car si tel était le cas il faudrait des dizaines de milliers d'avions logistiques supplémentaires de l'OTAN pour espérer rééquilibrer le rapport munition / cible sur le champ de bataille.

4 / Du côté de l'OTAN 

Les ressources de renseignement militaire de l'OTAN sont toujours dans les ciels du Donbass et de la Mer Noire, recueillant des informations terrain au profit des forces armées ukrainiennes amassés le long de la ligne de front:

Dès 5 heures du matin un drone  de reconnaissance stratégique 
RQ-4 "Global Hawk" de l'US Air Force (basé sicilienne de Sigonella), 
numéro 04-2015, indicatif "FORTE12" en observation du front.

A 11h00, le RQ4-A continuait ses allers retours le long de la ligne de front 

Sur le front oriental de l'OTAN, le Pentagone continue de renforcer son dispositif, notamment en Pologne:

Un nouveau C-17 de l'US Air Force avec du personnel (ou du matériel) 
arrive à Rzeszow. Au total, près de 40 avions en provenance des États-Unis 
seraient arrivés en Pologne au cours des 6 derniers jours.

 Un contingent britannique supplémentaire a commencé à arriver en 
Pologne tandis que le contingent US  continue d'y être transféré.

L'OTAN envisage de déployer des groupements tactiques sur le territoire de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de la Slovaquie en cas d'« invasion russe » de l'Ukraine et sous réserve de l'approbation du pays hôte.

Et pendant ce temps le gavage des forces ukrainiennes continue:

Bilan d'un mois de pont aérien logistique de l'OTAN en Ukraine
38 avions cargos avec en moyenne 80 tonnes d'aide militaire soit plus de 3000 tonnes

12 février un nouveau Boieng 747 étasunien se dirigeant vers Kiev
avec environ 80 tonnes supplémentaires d'armes et munitions.

Côté britannique, même programme : ici le 17ème C17 avec lui 
aussi 80 tonnes environ d'aide militaire pour Kiev

La Lituanie est elle aussi entrée dans la danse aerienne des gaveurs 
avec un C17 de la base aérienne  de Siauliai arrivé à Kiev avec du fret militaire.

Du côté de la Russie

Les exercices "Union Resolve 2022" entre la Russie et le Belarus battent leur plein avec notamment d'importants mouvements d'unités militaires sur le flanc occidental du District militaire Sud: 

  • Des détachements tchétchènes de la Garde nationale, 
  • des brigades blindées de la division Kantemirovskaya, 
  • des régiments motorisés de l'armée russe, 
  • des unités des forces spéciales, 
  • des avions, des hélicoptères 
  • Des navires de combat en Mer Noire,
  • des unités de service et logistiques etc

Le 11 février 2022 une unité d'obusiers de 152mm Msta-S et une 
compagnie BMP-2 dans le secteur d'Oryol, à 160 km de l'Ukraine.

12 février, unités du Régiment Kadyrov faisant route au Nord Ouest 

Concentration de blindés et artillerie russes, secteur de Briansk, 
avec obusier lourd de 203 mm.
12 février, arrivée faune flotte aérienne russe avec de nombreux
hélicoptères  d'attaques dont le KA52 antichar, secteur Belgorod.

À Belgorod, à environ 30 km de la frontière avec l'Ukraine, se sont accumulés des dizaines d'hélicoptères d'attaque des forces aérospatiales russes, dont l'activité a été constatée aujourd'hui au-dessus de la partie centrale de la Russie.

A suivre...

Erwan Castel 


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