"Cochon qui s'en dédit"
Lorsque le président français Macron, dans une tournée internationale certes nécessaire au regard de ses responsabilités européennes, rencontre les présidents Poutine et Zelensky autour de la crise aggravée ukrainienne, il apparait que ce candidat à sa propre réélection présidentielle n'écoute pas ses interlocuteurs, ne maîtrise pas la réalité du terrain, et affiche un parti pris pro-ukrainien incompatible avec le rôle de médiateur qu'il cherche à jouer.
Après que le Kremlin ait sèchement taclé le vantard français qui annonçait avoir convaincu le président russe de retirer ses troupes déployées sur le flanc occidental de la Fédération de Russie (fallait oser demander à une armée de quitter son propre territoire !), le mendiant Zelensky, qui continue d'agiter sa sébile devant les armuriers occidentaux, a quant à lui raconté ce que voulait entendre Macron, cet autre laquais de Washington : "nous allons respecter les accords de Minsk !".
Le problème c'est que derrière ces acquiescements diplomatiques ukrainiens déjà entendus des dizaines de fois au cours des 7 dernières années, il y a les réalités politiques et militaires d'un régime fantoche programmé pour mener une guerre, directe ou indirecte, contre la Russie et qui n'a pas d'autre issue que de disparaître soit dans un conflit militaire avec Moscou qui serait la conséquence de son retrait radical des accords de paix, soit dans une désintégration étatique qui serait la conséquence de leur stricte application.
1 / Un effondrement militaire
Si les forces ukrainiennes, que ce soit avec ou sans false flag préalable, engagent un coup de force majeur dans le Donbass qui dans une réaction en chaîne d'opérations militaires entraine une intervention des forces russes, l'inévitable défaite militaire qui suivra, même si le conflit ne déborde pas de l'Est du pays, entrainera la chute du régime actuel sous le tsunami de cercueils déferlant sur Kiev.
Et Zelensky sait très bien, dans ce scénario prévisible, que l'Ukraine ne verra pas les occidentaux venir à son secours plus que les aides logistiques, celles du renseignement militaire et les sanctions économiques anti-russes déjà amorcées.
2 / Un effondrement étatique
Si Kiev décide de respecter scrupuleusement les accords de Minsk, cela va provoquer un séisme en Ukraine, d'une part parce que d'autres régions aux identités non ukrainiennes vont à leur tour demander à bénéficier du "statut spécial" accordé au Donbass, et que l'opposition nationaliste, farouchement accrochée à un système centraliste ethno-centré et policier, considérant que le pouvoir a trahi le pays, déclenchera immédiatement un coup d'Etat fasciste qui fera passer celui du Maïdan pour une promenade de santé.
D'ailleurs, si on écoute les responsables politiques ukrainiens gravitant autour du président ukrainien, et qui sont moins contraints (ou disposés) à s'aligner sur la langue de bois occidentale, on ne peut que constater que dans leur ensemble audible, ils refusent catégoriquement d'appliquer le processus de paix signé à Minsk et que les défenseurs d'une "solution militaire" dans le Donbass et même en Crimée sont de plus en plus nombreux, excités par les aides militaires massives de l'OTAN en cours :
Deux exemples récents concernant le refus d'appliquer les accords de Minsk et qui rejoignent les déclarations de Zelensky en 2021 lorsqu'il disait que "l'Ukraine ne peut accepter les accords de Minsk dans leur écriture actuelle":
- Alexeï Danilov, le secrétaire du Conseil de Sécurité Nationale et de Défense de l’Ukraine a déclaré dans une interview au média Associated Press que "le respect des accords de Minsk signifie la destruction de l’Ukraine", et de rajouter avec un certain réalisme que "Si les occidentaux insistent sur le respect des accords de Minsk tels qu’ils sont, ce sera très dangereux pour notre pays" et de rajouter, confondant l'élite politique avec le peuple que "si la société n’accepte pas ces accords, cela pourrait conduire à une situation interne très difficile et la Russie compte là-dessus".
- Quant à Dmitry Kuleba, le Ministre ukrainien des Affaires Etrangères, son refus des accords de Paix est encore plus clair: "Les accords de Minsk ne peuvent pas être mis en œuvre aux conditions russes, qui sont basées sur un dialogue direct entre l'Ukraine et l'ORDLO (les représentants des républiques de Donetsk et Lugansk), qui nous est imposé et qui est rejeté lors de réunions à tous les niveaux". Ici Kuleba oublie que les accords de Minsk n'ont pas été écrits que par la Russie mais aussi par la France et l'Allemagne... et l'Ukraine pays dont l'Ukraine...
Le régime de Kiev est donc l'otage à la fois de sa servilité volontaire à la stratégie de Washington et de sa propre rhétorique russophobe qui fonde son existence et le déresponsabilise de ses échecs socio-économiques. Zelensky se sait condamné à court ou moyen terme, d'autant plus que s'éloignent définitivement les fantasmes de voir être réécrits dans une partialité pro-ukrainienne les accords de paix ou que les menaces économiques occidentales paralysent les forces russes pendant un coup de force ukrainien dans le Donbass. Donc en attendant, Kiev joue la montre, avec la carte hypocrite sur le front diplomatique et la carte cynique sur le front militaire espérant que Washington et ses laquais trouvent la solution miracle pour faire plier Moscou, ce qui aujourd'hui est devenu impossible pour la simple et bonne raison que la Fédération est acculée sur ses frontières et ne veut, ni peut ni plus rien concéder à des "partenaires" devenus progressivement depuis 30 ans des adversaires hégémoniques.
La seule solution pour sauver la Paix dans la région serait que Zelensky décide de restaurer une réelle indépendance de l'Ukraine pour que soit restaurée un glacis neutre devant un flanc occidental russe dénué de profondeur stratégique.
- en se libérant de l'ingérence politique étasunienne infectant tous les rouages du pouvoir,
- en se libérant de la dépendance économique au système militaro-industriel occidental,
- en abandonnant l'idée folle d'intégrer l'OTAN ou d'être son partenaire,
- en créant d'un Etat fédéral aux larges autonomies régionales (comme prévu) en 1991),
- en autorisant l'irrédentisme des territoires arbitrairement rattachés à Kiev,
- en reconnaissant la dimension russe de l'identité ukrainienne,
- en nettoyant son pays des extrémistes bandéristes et néo-nazis...
Oui je sais, le père Noël n'existe pas, mais bon: on a le droit de rêver de temps en temps surtout quand la Paix est au bout du chemin !
Erwan Castel