SITREP du 11 février 2022
1 / Sur le front diplomatique
Dans la nuit du 10 au 11 février 2022, s'est achevée une réunion de 8 heures et demi des conseillers politiques du "format Normandie" (Russie, Ukraine, Allemagne et France) venus au chevet d'accords de Paix restés à l'état fœtal depuis février 2015 ("Minsk 2"). Une telle réunion n'avait pas eu lieu depuis plus d'un an, mais cette fois encore elle s'est soldée par un échec du fait du refus catégorique des représentants ukrainiens de se conformer au calendrier et au processus des accords, à commencer par organiser des consultations et des discussions directes avec les représentants des républiques de Donetsk et Lugansk.
Et c'est ici que s'effondre les rodomontades d'un président/candidat français se créditant d'un sauvetage de la Paix en Europe au retour de rencontres avec ses homologues russe et ukrainien: En réalité, les représentants ukrainiens, et seulement 20 heures après les promesses de Zelensky à Macron, ont réitéré leur refus d'appliquer les accords de Paix, mais les représentants allemands et français, qui pourtant en tant que "garants des accords" doivent faire pression pour leur exécution, n'ont rien dit de contraignant aux représentants ukrainiens sabotant la réunion.... "Qui ne dit mot consent !"
Dmitry Kozak, vice président de la Fédération, plénipotentiaire présidentiel dans le district fédéral du Sud et chef de la délégation russe pour le règlement de la crise ukrainienne a déclaré :
- "Je n'ai pas vu la volonté (de la France et de l'Allemagne) de faire pression sur Kiev (sur la mise en œuvre des accords de Minsk). J'ai vu des tentatives pour trouver une position commode pour que l'Ukraine poursuive la politique qu'elle poursuit depuis 8 ans."
- "Le projet de déclaration a même refusé de citer les questions du futur statut post-conflit de ces territoires (Donbass) dans les accords de Minsk, Il s'agit d'un désaccord clé sur lequel l'Ukraine a refusé de s'entendre. Nous avons essayé jusqu'au bout de trouver diverses formulations de compromis, nous avons proposé des citations, voire entre guillemets nous avons proposé d'écrire l'énoncé final. L'Ukraine a catégoriquement refusé de le faire"
- "La question est très grave et responsable. Nous parlons de protéger la vie de nos citoyens et compatriotes vivant sur le territoire de la RPD et de la RPL. Demain, c'est l'anniversaire de la signature des accords de Minsk. Kiev n'a pas rempli ses obligations pour 7 ans. Les bombardements continuent, des gens meurent. Dans cette situation, cherchez Une décision s'impose"
- Ainsi par exemple de nombreuses unités blindées ukrainiennes ont commencé cette semaine des exercices de préparation au combat (provoquant la même chose du côté des républiques de Donetsk et Lugansk).
- Les unités de défense républicaines observent une augmentation des activités de reconnaissance ukrainiennes par drones d'observation.et aussi drones d'attaque.
- La division antiaérienne de missiles S-300 vient de se déployer dans le Donbass, et cette action est à mettre en relation avec la demande urgente faite au Pentagone déployer des systèmes de missiles antiaériens THAAD dans la région de Kharkov.
- « C'est l'incapacité à négocier le régime de Kiev et les forces politiques qui sont arrivées au pouvoir lors du coup d'État de 2014. Le président et la Rada semblent ne plus être en mesure de prendre des décisions indépendantes. On a le sentiment qu'ils suivent consciencieusement l'exemple des nationalistes et des mentors occidentaux »
Tourisme propagandiste dans le Donbass
Après avoir vécu pendant ces dernières années une quasi indifférence médiatique occidentales malgré des bombardements beaucoup plus intenses que ceux du moment, le Donbass vit aujourd'hui un embouteillage de journalistes en tous genres alertés par le bras de fer diplomatique Est-Ouest et poussés par le fantasme propagandiste occidental d'une "invasion russe imminente".
Alors que les occidentaux, jouant le fantasme d'une invasion russe imminente recommandent à leurs ressortissants d'évacuer urgemment l'Ukraine, leurs diplomates, en toute quiétude viennent visiter le front... côté ukrainien bien sûr !:
- Le 7 février, les ministres des Affaires étrangères de la République tchèque, de l'Autriche et de la Slovaquie ont survolé la ligne de contact et visité des Block-posts,
- Le 8 février, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Burbock est arrivée en Ukraine,
- Le 9 février, Zbigniew Rau, le ministre des Affaires étrangères de la présidence polonaise de l'OSCE, effectue une visite sur le front .
- Le10 février, le Premier ministre lituanien Ingrid Simonyte effectue une visite.
- Etc.
Et de chaque côté du front, des équipes de reporters tentent de retrouver au milieu des quartiers bombardés les échos des communiqués officiels, mais seul un silence inquiétant les accueille dans le dégel de l'hiver. Difficile de montrer la tension régnant sur le front, surtout du côtés des Républiques où les autorités - même si leur politique de communication est "nulle à chier" - ont au moins la décence de ne pas donner à leurs caméras des simulacres d'échanges de tirs ou pire d'organiser des safaris photos organisés:
4 / Du côté de l'OTAN
Les jours se suivent et se ressemblent entre la poursuite des livraisons d'armes et munitions occidentales à l'armée ukrainienne et le renforcement des troupes de l'OTAN aux frontières orientales de l'Alliance:
Le gavage des idiots utiles continue
Le renforcement de l'OTAN continue
Paras de la 82ème Division aéroportée étasunienne débarquant en Pologne |
De plus, la Maison Blanche a approuvé un plan présenté par le Pentagone pour les quelque 2 000 soldats américains en Pologne afin d'aider les Américains qui pourraient tenter d'évacuer l'Ukraine en cas d'invasion russe. Les troupes n'iront pas en Ukraine même.
Les États-Unis ont également envoyé en renfort de leur 6e flotte opérationnelle de Méditerranée les destroyers "Donald Cook", "Mitscher", "The Sullivans" et "Gonzalez" . Chaque navire est armé de 56 missiles de croisière Tomahawk d'une portée de 1 600 km et sont équipés du système de défense antimissile Aegis. Ils viendront compléter le groupement de destroyers similaires déjà déployé composé du "Roosevelt", "Porter", "Ross" et "Arleigh Burke" stationnés à la base espagnole de Rota.
Chaque heure tombent sur les réseaux d'information de nouveaux communiqués militaires ou politiques qui malheureusement, tous confirment une accélération des tensions entre les ukro-atlantistes et la Fédération de Russie; le Belarus ou les républiques du Donbass, ainsi par exemple de cet ultimatum du Ministre ukrainien des Affaires étrangères, Kubela, qui a donné 48 h à Moscou pour donner les détails et le programme des exercices interalliés "Union resolve 2022" commencés le 10 février au Belarus....
A suivre...
Erwan Castel