Quand le journaliste devient criminel
Dans une rhétorique hollywoodienne où on a l'impression que ces "journalistes" du Sun décrivent une espèce de "Wargame" pour adolescents boutonneux ou attardés, cette ukrainienne est décrite comme "une femme fatale de 42 ans" chassant héroïquement de méchants séparatistes à la solde du diable Poutine. Dans ce reportage Elena Bilozerskaya déclare : "L'angoisse morale face au meurtre d'une personne a été inventée par des gens éloignés de la guerre. Un ennemi armé n'est pas une personne, mais une cible. Vous prenez les armes contre mon pays, c'est tout, vous êtes une cible. Si vous ne l'éliminez pas à temps, il peut vous tuer ou tuer l'un de vos camarades. Et si la cible est atteinte, je ressens le plaisir du travail bien fait."... des paroles dans l'absolu presque acceptables si elles ne confondaient, dans l'acte de tuer un ennemi au combat, la sensiblerie qui effectivement est incompatible avec la fonction de tireur d'élite et l'éthique morale qui elle doit toujours dominer ses actes et ses pensées.
Si sur cette vidéo, il n'y avait que la première victime, alors, tout en regrettant la perte d'un camarade, je ne critiquerais pas le tir réussi de cette ennemie opérant en face de nos positions républicaines car c'est la dure réalité de la guerre mais :
- Cette femme engage immédiatement d'autres tirs sur les miliciens se portant au secours de leur camarade or, ceci est contraire aux lois les plus élémentaires de la guerre qui proscrivent de prendre pour cibles les évacuations sanitaires qu'elles soient réalisées par du personnel médical ou combattant.
Et plusieurs autres remarques me sont venus à l'esprit en regardant cette vidéo :
- Le niveau d'excitation de cette volontaire, qui est palpable, à la fois dans ses tirs et ses commentaires, ne correspond pas avec le comportement d'un soldat accomplissant simplement son devoir au front mais à la chasse (terme d'ailleurs employé) d'un soudard politique qui fait de la guerre une affaire personnelle.
- Alors qu'elle est en terrain libre et non derrière une embrasure de bunker, le maintien de sa position après un premier tir qui l'a révélé, ne correspond pas avec le mode opératoire d'un tireur d'élite aguerri, mais à celui d'une idiote ou d'une fanatique méprisant sa propre vie et celles de ses camarades.
Si on regarde les autres vidéos montrant cette volontaire ukropithèque on commence alors à mieux définir le personnage et les objectifs de sa médiatisation :
Mais le pire dans cet article que le Sun tente de saupoudrer avec des puérilités romantiques de bague taillée dans une balle par Valery Voronov, son camarade, mari et amoureux transis, ou de son inséparable et "fidèle fusil à lunette baptisé "Halya""... c'est que ces journaleux, ukro-atlantistes, aveuglés par une russophobie hystérique et prêts à tout pour la servir font ici de facto l'apologie d'un crime de guerre.
Car le travail d'un sniper, ce n'est pas celui que nous montrent les films hollywoodiens et encore moins ce qu'essayent de faire gober ces propagandistes d'un tabloïd britannique de merde.
Promka 2018, depuis un bâtiment "bunkérisé" j'observe des positions ukrainiennes échelonnées entre 110 et 525 mètres de notre avant poste entre Yasinovataya et Avdeevka. |
Sans me vanter, le 21 septembre 2018, et 2 camarades peuvent en témoigner, j'ai été en fin d'après midi sur le front de Promka dans la même situation de combat que cette Elena Bilozerskaya, mais je me suis interdit de tirer sur les soldats ukrainiens évacuant leur camarade. Respecter cette règle d'engagement c'est accomplir son devoir et combattre loyalement des ennemis armés, ne pas la respecter, c'est transformer le tir éventuellement mortel du soldat en assassinat d'un ou d'une psychopathe ne recherchant qu'à alimenter un tableau de chasse personnel. Ah oui, autre chose aussi: lorsqu'on est un vrai sniper, connaissant les difficultés du terrain, où la Chance et la Camarde sont les maîtresse de ses compétences on ne se vante pas de son palmarès, cela est le travail des propagandistes que le vrai soldat fuit comme la peste.
Et pour conclure, j'invite les journalistes des démocraties droitdelhommistes pour qui Nuremberg devrait encore évoquer quelque chose à se souvenir d'un autre journaliste, un certain Julius Streicher, avant que de vomir leurs propagandes serviles jusqu'à glorifier et donc encourager des crimes de guerre. Car si ce n'est pas au bout d'une corde dans l'opprobre que leurs noms resteront dans les mémoires.
Erwan Castel