Retour sur les routes
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Accompagné du soleil revenu nous repartons sur les routes de la République Populaire de Donetsk pour des sécurisations de zones entre Donetsk et Gorlovka.
Dans ce ruban de moins de 5 kilomètres de large se côtoient à la fois une ligne de front active, des agglomérations habitées et une des principales voies de communication entre Donetsk et Gorlovka et même plus loin vers Lugansk, notre république soeur du Donbass.
Mardi 6 août 2019
Autour de nous, les stigmates et les marques de la guerre semblent organiser la signalétique de cette ligne invisible animée au milieu des activités civiles par le flux et le reflux de véhicules militaires ou de soldats à pied et en armes.
Ici la guerre fait partie depuis 5 ans de l'horizon et la banalité de la vie quotidienne mais sans pour autant effacer dans les coeurs sa dimension tragique et la vigilance de tous, enfants compris qui font silence en épiant l'horizon lorsque les percussions d'un canon, d'une roquette ou d'une mitrailleuse lourde s'invitent dans les conversations.
Mais ici la dignité et la pudeur commandent de ne montrer ni la peur ou l'anxiété, ni les difficultés de la vie ou l'incertitude des lendemains, mais au contraire de continuer à vivre "comme si de rien n'était" pour que les traditions des grand- mères et les sourires des enfants continuent à fleurir dans les jardins fruitiers du Donbass.
Et je regarde ce soleil couchant incendier l'horizon par delà la silhouette déchiquetée d'une maison bombardée, en pensant que c'est aussi la même étoile qui joue dans les frondaisons des grands bois" tropicaux, au coeur de cette Guyane enchanteresse aux pieds de laquelle j'ai déposé auparavant mes rêves pendant 15 années...
Étrange planète et surtout étrange espèce, que cet "Homo sapiens sapiens" trop souvent si mal nommé qui est capable du meilleur, mais surtout du pire.
Erwan Castel