Le drame de l'effondrement soviétique

Andrei Andreevich Derevenka, un jeune de Donetsk, militant du "printemps russe" antimaidan puis parmi les premiers volontaires de la milice populaire. Dans les rangs de Vostok il participe aux violents combats de Saur Moghila. Puis il a intégré un bataillon cosaque, toujours en première ligne au plus fort des combats. Il y a 5 ans le 10 août 2014 dans le village de Grabari, il a été fauché dans une embuscade du bataillon  spécial "Dniepr". Il avait juste 20 ans !



Lorsque L'URSS s'effondre brutalement, des millions de citoyens russes soviétiques se retrouvent en dehors des frontières de l'actuelle Russie.

Et au fur et à mesure que les indépendances s'effondrèrent dans la corruption oligarchique ou l'asservissement à la ploutocratie mondialiste, une nostalgie de la "sovietskaya soyouz" à grandit dans le coeur de ces exilés russes, ces nouveaux "malgré nous" bousculés par les vents de l'Histoire. 

Ici on ne parle pas d'idéologie politique ni même d'identité communautaire, mais de destinée humaine partagée par de très nombreuses communautés ethniques, culturelles, religieuses et forgée autour d'une notion d'empire transmise à travers les siècles.

Depuis 25 ans, ces territoires russes exilés sont le théâtre de conflits plus ou moins violents autour d'un sentiment d'appartenance russe qui persiste au delà des tectoniques géopolitiques : Ossétie, Abkhazie, Haut Karabagh, Transnisstrie, Donbass etc... Tous autant de récifs résistants au tsunami des dictatures de la marchandise et de l'OTAN.

Pour ces peuples d'Europe jetés dans les vents de l'Histoire comme des fétus de paille c'est un drame humain et défi historique.

C'est ce qu'a souligné en 2005 , Vladimir Poutine lorsqu’il a déclaré : "  Par-dessus tout, nous devrions reconnaître que l’effondrement de l’Union Soviétique fut un désastre géopolitique majeur du siècle dernier. Pour la nation russe, il devint un authentique drame. Des dizaines de millions de nos concitoyens et compatriotes se sont retrouvés à l’extérieur du territoire russe. De plus, l’épidémie de la désintégration infecta la Russie elle-même. "

En 2016 dans le quartier bombardé d'Oktyabrsky où je vis lorsque je reviens du front, je demandais à une amie comment définissait-elle son identité dans le Donbass en guerre. Ukrainienne ? Russe ? Donbassienne ?

Sans hésiter une seconde, cette jeune veuve de guerre et mère de 2 enfants m'a répondu, une brillance dans le regard :

"je suis soviétique !" 

Et les derniers lambeaux de la propagande occidentale au milieu de laquelle je suis né se sont déchirés au milieu de ses explications argumentées simples et humaines loin des idéologies dogmatiques dont beaucoup malheureusement (à l'Est comme à l'Ouest) vont trahir in fine ce qu'elles prétendaient défendre.  

Malgré ses erreurs systémiques, l'URSS en sublimant cette identité russe multiple a incarné un authentique "vivre ensemble" loin des individualisme cupides et stupides de la décadence occidentale actuelle. 

Il ne s'agit point de revenir en arrière, ceci n'est ni souhaitable ni possible, mais de projeter vers l'avenir les valeurs ontologiques de cette "notion d'empire" qui caractérise le "monde russe" par delà toutes ses déclinaisons historiques. 

Le Donbass a choisi cette "Révolution conservatrice", difficile et sacrificielle, et 5 ans après avoir donné naissance aux Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk, les femmes et les hommes des steppes et des terrils continuent à payer de leur sang la défense de leurs traditions et de leurs libertés.

Ils sont aux avants postes de cet empire russe encerclé par l'impérialisme occidental.

Erwan Castel


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