Cette guerre contre tous, mais qui vient quand même
Dans cette autre escalade gravissime qu'est la confrontation entre Téhéran et Washington, on peut observer que malgré des discours menaçants mais qui se veulent refuser l'option militaire, une nouvelle guerre avance régulièrement vers cette région du Moyen Orient déjà en proie à des incendies en Syrie, au Yemen, en Palestine et des braises encore vives en Irak par exemple.
La guerre froide nous avait habitué à la danse du "1 pas en avant, 2 pas en arrière" orchestrée par 2 superpuissances qui s'affrontaient ouvertement selon des règles connues et qui finalement respectaient globalement l'équilibre défini au sortir de la seconde guerre mondiale. Mais depuis l'effondrement du bloc soviétique, l'équilibre a disparu et le jeu géostratégique est débridé, ne semblant plus obéir qu'à l'anti règle de "la fin justifie les moyens".
C'est désormais une macabre danse d'un "un pas en avant, 2 pas...en avant" qui précipite le Monde vers un chaos global, et dont l'effondrement systèmique est à peine ponctué de pauses de plus en plus courtes.
Du côte de l'Iran, alors que le pire venait d'être évité fin juin dans l'enchainement violation de l'espace aérien iranien / destruction d'un drone étasunien / engagement puis annulation au dernier moment par Washington d'une offensive militaire contre Téhéran, la pause fut de très courte durée.
Une nouvelle escalade avec entre autres événements :
- Le 1er juillet, le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, via l’Iranian Students’ News Agency, a confirmé que Téhéran, devant la persistance des sanctions occidentales contre l'Iran, que ses stocks d'uranium enrichi avaient dépassé la limite des 300 kg autorisé par l’Accord de Vienne sur le nucléaire.
- Le 3 juillet, tandis qu'une nouvelle violation de l'espace aérien iranien est réalisée par un avion de reconnaissance de l'US navy dans le détrroit d'Ormuz, un pétrolier transportant du pétrole iranien à destination de la Syrie est piraté dans les eaux internationales par la marine britannique de Gibraltar.
Ces évènements ont provoqué aussitôt une nouvelle escalade verbale entre Washington et Téhéran qui demande la libération immédiate du pétrolier arraisonné et menace de riposter contre le Royaume Uni.
- Le 7 juillet, en réaction à l'escalade poursuivi par Washington via Londres, Téhéran annonce que le taux d'enrichissement de son uranium a désormais dépassé la limite de 3.67% autorisée par l'Accord de Vienne et atteint 4.5% et vise les 5 % nécessaires pour alimenter une centrale nucléaire civile.
- Le même jour Israël réagit violemment à l'annonce de Téhéran, appelant les pays occidentaux à durcir leurs sanctions et, comparant l'Iran à l'Allemagne nazie, il rappelle d'un ton menaçant que son aviation de cimbat peut frapper n'importe quel endroit du Moyen Orient y compris l'Iran
Cependant, Téhéran annonce également que sa sortie de route contrôlée de l'Accord de Vienne sur le nucléaire provoquée par la sortie du traité par les USA (suivis ensuite par d'autres pays occidentaux), si Washington n'engage pas une désescalade et une levée des sanctions économiques, pourrait se poursuivre avec le redémarrage des centrifugeuses pour un enrichir l'uranium à 20%, seuil à partir duquel arriver aux 90% nécessaires pour l'arme atomique est beaucpup plus facile et rapide.
Et la diplomatie iranienne de faire appel à la médiation des européens pour faire pression sur les USA calmer le jeu et normaliser les relations avec l'Iran, appel auquel a répondu immédiatement Paris en y envoyant un émissaire pour la paix et surtout le business français interrompu par le blocus des USA contre Téhéran.
- Le 8 juillet, l'Iran lance un nouvel ultimatum de 60 jours pour forcer les pays rétant resté dans l'accord à l'aider à contourner les sanctions économiques étasuniennes sinon "Il y a la possibilité des 20 % et même d'aller plus loin, mais chaque chose en son temps [...]. Rien de ce que nous faisons n'a pour but d'effrayer une partie ou une autre [...], mais ils savent que nous sommes sur la pente ascendante" a annoncé Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.
- Le 9 juillet, en réaction à ce nouvel ultimatum de Téhéran, grosse colère du président Trump et qui conseille à l'Iran " qui fait beaucoup de mauvaises choses en ce moment, de faire très attention". Dans le même temps les USA élargissent leur blocus en sanctionnant économiquement 2 députés libanais du hezbollah proches de l'Iran.
L'Iran malgré sa volonté d'éviter la guerre, profite de sa position de force militaire (puissance et alliés) et diplomatique (ce sont les USA qui ont provoqué la crise) pour faire desserrer le collier étrangleur occidental imposé par Washington sur son économie. De son côté Trump ne veut pas non plus de cette guerre avec l'Iran qui serait une hécatombe pour son armée, son économie et ses chances d'être réélu président.
Le problème principal est l'impasse dans laquelle sont les USA avec un Trump entrant en campagne électorale qui ne peut ni se lancer dans une guerre ni perdre la face, et l'Iran, tellemnt asphyxié par les sanctions occidentales qui ne peut tenter de forcer le blocus que par un chantage au nucléaire. Et je vois mal la France, tellemnt affidée aux intérêts étasuniens et israéliens que Paries a annoncé également sa sortie de l'accord de Vienne le 6 juin dernier pouvoir changer quoique ce soit dans l'éruption en cours.
Et surtout il y a dans l'équation cette "inconnue connue" israélienne prise en otage par un régime sioniste jouant la mouche du coche dans l'échiquier levantin, qui est suivi par Trump comme un caniche, avec un Netanyahou disposé à entrainer la région dans une guerre des décombres de laquelle il espère batir son fantasme d'un "Grand Israël" étendu du Nil à l'Euphrate et dont le principal obstacle est l'arc chiite (Liban, Syrie, Irak...) et dont la pierre d'angle est justement l'Iran. Enfin pour terminer, il est vraisemblable que Moscou et même Pékin ne restent pas neutres en cas de conflit contre l'Iran et interviennent à ses côtés...
Bref, si ça "pète" du côté de la Perse, la déflagration risque d'être mondiale tant sur le plan militaire que, et surtout, sur le plan économique avec la fermeture certaine du détroit d'Ormuz. Des menaces certainement supérieures aux enjeux que représentent le contrôle de l'Iran par la ploutocratie mondialiste, ce qui finalement encourage les optimistes qui espèrent encore qu'une solution diplomatique miraculeuse sera trouvée à cette crise majeure.