Les vampires ne lâchent pas leur proie


Fait notable, le président ukrainien Zelensky, et le président du Conseil européen, Donald Tusk, sont venus visiter la ligne de front du Donbass ce 13 juillet 2019, sous les projecteurs des caméras. Oh bien sûr cette visite éclair ne s'est pas faite sur les 90% de la ligne de front où est déployée, en violation totale des accords de paix, une artillerie ukrainienne pilonnant la population du Donbass, mais sur l'exception du moment que constitue Stanitsa Luganskaïa un block post situé au Nord de Lugansk et qui vient d'être (enfin) démilitarisé pour y permettre la reconstruction du pont détruit par la guerre. Par ce passage dangereux et pénible ont lieu les allers retours réguliers de milliers de personnes traversant la ligne de front, principalement des rétraités allant quérir leurs pensions à travers le blocus de Kiev.


Dans cette rarissime opération bilatérale réalisée aujourd'hui à Stanitsa Luganskaïa sous contrôle de l'OSCE et avec l'aide du Comité International de la Croix Rouge (mais qui est très loin d'y instaurer un statu quo ante bellum), il ne faut malheureusement pas jubiler et y voir l'amorçage d'une désescalade militaire engageant concrétement le processus de paix signé à Minsk, mais plutôt la considéter avec réalisme d'abord et surtout comme une opération de communication menée de concert par une Union Européennne mandatée par les USA pour confirmer ses ambitions en Ukraine et un président ukrainien en perte de vitesse qui veut donner l'illusion qu'il tient ses promessses de paix. Et le calendrier de cet événement fortemenet médiatisé confirme bien les objectifs réels de ses acteurs: en effet il est organisé juste avant des élections législatives qui vont confirmer ou infirmer le pouvoir de la nouvelle marionnette kiévienne et donner plus ou moins d'impulsion à la feuille de route étasunienne pour l'intégration de l'Ukraine au sein de l'UE et de l'OTAN (et probablement chronologiquemenent l'inverse).


Dans cette aventure occidentale en Ukraine sous commandement étasuinien, l'Union Européenne, qui s'est enfermée dans une collaboration avec Kiev, tout comme ce dernier l'est dans une dépendance économique, tente aujourd'hui de profiter de sa position en Ukraine pour sauver les apparences du poids politique d'un euro-atlantisme qui n'est plus, devant la puissance des USA et la faiblesse des gouvernements européens, qu'un fantasme moribond...

Le 8 juillet s'esttenu à Kiev le sommet annuel UE/Ukraine pour lequel la capitale ukrainienne a vu débarquer de brain trust de l'asservissement de l'Europe à la ploutocratie mondialiste : JC Juncker le président de la Commision Européenne, D Tusk le président du Conseil Européen, F Mogherini la haute représentante de l'Union européenne pour la politique de sécurité, et J Hahn le commissaire européen chargé de la politique de voisinage et de l'élargissement. 

Ces vautours de l'UE ont été accueillis bien sûr à bras ouverts par les responsables ukrainiens qui ressemblaient à des mendiants devant la sortie d'une messe. Ainsi du président Zelensky qui espérait recevoir une enveloppe supplémentaire de 10 milliards d'euros "pour la reconstruction du Donbass" (que son armée continue de détruire chaque jour) tandis que tous s'attendaient à des prises de positions radicales exigeant l'arrêt de la construction du gazoduc russe "Nord Stream-2" ou la libération des marins ukrainiens captués à Kertch  par les gardes côtes en novembre dernier lors de leur intrusion dans les eaux territoriales russes., 

Et les ukrainiens sont restés sur leur faim, ce contentant des enveloppes déjà promises et Zelensky qui comptait transformer ce sommet en victoire économico-électoraliste a du se contenter de remercier ses invités pour leur "volonté de fournir à l'Ukraine la deuxième tranche de l'assistance macrofinancière d'un montant de 500 millions d'euros", ce qui est déjà une entorse à l'accord signé qui stipulait que les aides européennes (programme de 11 milliards de 2014 à 2020) ne pouvaient se réaliser qu'en contrepartie de l’adoption par l'Ukraine d’une loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent, la création d’un système réellement efficace de contrôle des déclarations électroniques, l’introduction d’opérateurs économiques agréés et autant d'autres mesures qui n'ont pas été réalisées.

On observe donc que les représentants de l'UE continuent de soutenir à Kiev le successeur de Porochenko non par naïveté mais bien parceque sa politique derrière un discours superficiel de rupture avec les agitateurs du Maïdan est restée fidèle aux objectifs définis par leurs parrains occidentaux.

L'UE ne lâchera jamais l'Ukraine entre autres raisons : 
  • Par obéissance à Washington qui depuis le Maïdan lui a signé une procuration pour représenter ses intérêts en Ukraine, ce que confirme le refus de Trump d'intégrer  le "format Normandie" des accords de Minsk, "faisant confiance" aux partenaires français et allemands qui y sont déjà.
  • Mais aussi pour essayer en aidant l'Ukraine au maximum (et augmenter sa dette dépendante au passage), à "tirer leur épingle du jeu" tant en décrochant des futurs contrats militaro-industriels dont les récents deals entre Paris et Kiev ne sont qu'un avant goût, que pour redorer son poids diplomatique sur la scène internationale.

Et pour mieux séduire le nouveau maître de Kiev et préserver son influence en Ukraine, les émissaires de l'UE, avant de quitter prochainement leur gouvernance, lui ont promis 10 millions d’euros d’aides au titre du "Soutien à la société civile et à la culture", une rallonge de 22,9 millions pour "renforcer la lutte contre la corruption aux niveaux national et local" ainsi que 40 autres millions d'euros "pour financer des mesures en vue de la mise en œuvre de la réforme de la décentralisation et du soutien des communautés unies".  Autant dire un bakchich de plus de 70 millions d'euros qui va huiler les rouages de l'administration Zelensky (et remplir au passage quelques poches).

Nous voyons ici que l'UE en tant que fidèle succube de Washington applique les mêmes méthodes que son maître, arrosant ses interlocuteurs et implantant dans leurs pays des chevaux de Troie culturels, économiques ou médiatiques pour mieux ancrer l'idéologie capitalisme libérale et mondialiste par une stratégie subversive auprès des populations.
Ainsi par exemple ce réseau de centres d'information de l'Union européenne en Ukraine dont le dernier a été ouvert il y a 4 ans à Marioupol à proximité de la Russie (et de la ligne de front du Donbass) et qui vient de recvoir un budget de fonctionnement de 60 millions d'euros !

De leur côté les représentants ukrainiens qui espéraient plus d'aides financières ont contre mauvaise fortune fait bon coeur car l'un des objectifs principaux de cette rencontre était de gagner les recommandations des dirigeants actuels de l'UE à leurs successeurs concernant le renouvellemnt du soutien à l'Ukraine. 
  • "Pourquoi les rencontrons-nous ?, a argué Nikolaï Tochitsky, le représentant ukrainien à l'UE, mais le fait est que chaque commissaire européen écrit une lettre de recommandation à son successeur. Par conséquent, il est important pour l'Ukraine que Tusk, Juncker, Mogherini et Khan recommandent à leurs successeurs de travailler avec l'Ukraine."
Et dans le cadre de cette coopération économique et collaboration politique, l'UE a tenu à montrer ses préoccupations pour ce conflit du Donbass qu'elle entretient dans une perversité amorale qui consiste à soutenir à la fois les espérances de paix des populations et les volontés de guerre du pouvoir profond occidental.

L'Union Européenne est donc bien ici dans son rôle de cheval de Troie de l'OTAN et chargé d'amarrer le navire ukrainien en perdition au quai des mendiants aliénés de la marchandise mondialiste.


Erwan Castel

Articles référence :  Gorlovka Today, Top war 

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