Pour mieux claquer la porte de l'Ukraine ?

349


Aujourd'hui s'est déroulé, dans le cadre de la campagne "le choix du Donbass", un rassemblement dans le jardins aux sculptures près de la mairie de Donetsk, action qui continue de susciter des méfiances et critiques acerbes autant que des enthousiasmes et des soutiens populaires.

Je me suis rendu sur place pour regarder de plus près cet évenement créant au sein de la société du Donbass des débats passionnés pour ne pas dire passionnels...


Mardi 16 juillet 2019

A 11h45, je m'approche du podium installé derrière la mairie de Donetsk en traversant un parc aux sculptures déjà rempli, malgré une pluie fien et persistante, d'une foule compacte portant à bout de bras une forêt de drapeaux et de pancartes patriotiques.
s
Sur le côté de l'immense panneau ou s'égraine le compteur des signature de la pétition "Le choix du Donbass" des groupes de jeunes artistes de la République se succèdent dans des styles différents pour animer l'événement avec des chansons. L'ambiance est festive et autour de moi les slogans et les symboles confirment tous unanimement que la Russie reste le choix de ce peuple du Donbass qui a pris en main sa destinée en 2014 face aux blindés et avions de combat de l'armée ukrainienne.

Pourtant, sur les réseaux et même parmi des amis, cette campagne menée par le nouveau gouvernement de la République populiare de Donetsk continue de faire grincer les dents de de celles et ceux qui n'y voient qu'un cheval de Troie au service du projet d'intégrer à nouveau le Donbass dans l'Ukraine, en agitant devant lui la carotte du "statut spécial" prévu par les accords de Minsk.

Je ne reviendrai pas sur ce que je pense de ces accords qui ne sont selon mois qu'une capitulation déguisée des républiques du Donbass, j'ai essayésouvent ici de m'expliquer à leur sujet et récemment dans l'article récent ici : "Le diable se cache dans les détails" ou j'évoque d'ailleurs aussi cette campagne "Le choix du Donbass".

Concernant une action, surtout si elle est politique, il convient pour mieux la comprendre et même la critiquer de dépassionner les débats et distinguer dans l'analyse la forme utilisé et le fond exprimé. 

Le Donbass est une terre qui a gagné sa liberté et defende bec et ongles ses traditions et son identité russes par sa sueur et son sang et des sacrifices sans limite que peu d'européens peuvent imaginer aujourd'hui encore devoir exister au XXIème siècle pour faire valoir ses droits les plus élementaires. 

Kiev a franchi depuis longtemps des lignes rougies du sang versé et le point de non retour de cette terre russe du Donbass qui lui fut pourtant confiée pendant près d'un siècle par l'Empire soviétique. Plus de 5 années de guerre fratricide abjecte organisée par l'hégémonie occidentale ont définitivement brisé la réunion historique artificielle de ces 2 peuples slaves. Et aujourd'hui, à Donetsk ou Lugansk, faire réference à un projet - le statut spécial - dont le cadre - Minsk 2- cherche à réintégrer une population meurtrie auprés de ses assassins peut logiquement être interprété comme une insulte envers les souffrances endurées et une trahison envers ce "Printemps russe" qui a libéré la Crimée et une partie du Donbass.

Le fait est que dans sa définition, l'intégration du Donbass au sein de la fédération de Russie est tout simplement incompatible avec celle d'un "statut spécial" qui s'inscrit dans un cadre ukrainien.

Voilà pourquoi je comprends les inquiétudes exprimées, même si je suis convaincu que l'intention finale des autorités de Donetsk et Lugansk, et quelles ont maintes fois exprimé, reste cette intégration du Donbass au sein de la Fédération de Russie (dans les limites des anciens oblasts de Donetsk et Lugansk) et que leur utilisation risquée du terme "statut spécial" a pour objectif de pousser Kiev à la faute.

Je pense, sans prétention ni jugement de personnes, que la politique de communication pour cette campagne a commis des erreurs pédagogiques, n'expliquant pas assez clairement que stratégiquement, cette référence au "statut spécial" des accords de Minsk n'est en aucun cas une acceptation de leur conclusion mais, comme l'a très bien illustré Ivan Prikhodko, le chef de l'adminsitration de Gorlovka, la saisie d'une porte ouverte par les accords félons de Minsk pour mieux pouvoir la claquer au nez de Kiev.
  • "Les gens ne veulent pas retourner en Ukraine. Nous ne retournerons pas en Ukraine ... Nous harmonisons notre législation avec celle de la Fédération de Russie. Nos institutions gouvernementales sont intégrées à la Russie. L'action "Choice of Donbass" est une porte qui claque avant un divorce. Toutes les exigences de l’action correspondent à ce qui est énoncé à Minsk, dans la partie politique de Minsk, que Kiev a si peur de remplir. L'événement "Choice of Donbass" est le dernier clou du cercueil de la politique ukrainienne. C'est une façon de partir et de ne pas revenir de Nenko-Ukraine. Montrez au monde qu'un million de personnes veulent vivre en paix. Zelensky, remplissez les conditions ! Donnez à Donbass le droit de vivre en paix!"

Lorsqu'on écoute la propagande russophobe, la rébellion du Donbass 
est présenté souvent comme le soubresaut ultime de nostalgiques d'un empire 
soviétique révolu. Or, dans la réalité de la rue ou celle du front, il n'en est rien car 
la majorité des activistes, militaires ou civils sont des jeunes résolument tournés 
vers l'avenir et qui d'ailleurs, n'étaient même pas nés lorsque l'URSS a disparu. 


Certes, il subsiste toujours un risque, celui par exemple que Kiev cherche à respecter ses engagements signés à Minsk, mais il est hautement improbable (à moins d'un changement radical de l'ordre mondial exsitant) car il provoquerait et sans l'ombre d'un doute une révolution de palais appuyée par un nouveau "Maïdan" encore plus violent des nationalistes et surtout un sabotage du processus de paix par les USA qui veulent que continue cette guerre du Donbass qui leur offre l'opportunité de militariser l'Ukraine vers l'OTAN et de poursuivre les sanctions éconimiques contre la Russie. 

La population du Donbass ne peut être trahie comme l'a été celle de Kiev pendant le Maïdan, car elle a pris les armes et gagné sa liberté contre toute attente au prix de sacrifices et de souffrances inouies (et qui continuent) scellant à jamais sa volonté souveraine de rejoindre la Russie qui est la terre de ses racines. Les choix du Donbass ne sont pas motivés par le scintillement des miroirs aux alouettes agités par une Union Européenne assistante de l'OTAN, mais ils sont les conséquences assumées et désintéressées d'une conscience identitaire et d'une maturité politque qui ont permis de résister militairement à l'Ukraine tout en bâtissant des nouvelles républiques populaires audacieuses.

Le peuple du Donbass sait faire la différence entre un compromis politique et une compromission morale et les inquiétudes actuelles qui fusent autour de la campagne "le choix du Donbass" doivent être considérées comme une réaction logique et légitime d'une volonté populaire qui tient a garder entre ses mains les cartes de sa destinée. 

En rajoutant en post scriptum d'un texte consensuel la référence clivante du "statut spécial", les initiateurs de cette campagne "le choix du Donbass", ont certainement choisi d'affronter Kiev sur son propre terrain pour mieux démasquer la perfidie de sa politique mais aussi  en déclenchant les polémiques (car les réactions populaires étaient prévisibles), ils signifientt ainsi indirectement à l'ennemi que la population du Donbass refusera toute compromission ouvrant les portes de la trahison.


Aucune ambiguité quant à l'objectif final du choix du Donbass : La Russie !

Et je considère alors les débats passionnés naissant autour de cette campagne "le choix du Donbass" plutôt intéressants et surtout symptomatiques de la bonne santé de cette conscience collective de la population et que 5 années de bombardemenst ukrainiens n'ont pas réussi à émousser. 

Il n'y a pas selon moi d'affrontement idéologque mais juste une divergence des cheminements et méthodes employées mais pour arriver au même résultat: 
  • D'un côté des personnes s'exprimant avec une passion et un coeur ouvert sur un présent douloureux et une espérance pour laquelle ils ont tout donné.
  • De l'autre côté des responsables qui, pour débloquer la situation ont choisi dans une real politik très poutinienne de battre l'ennemi sur son propre terrain en lui répondant.
Mais les uns comme les autres avec des méthodes certes très différentes veulent bien "in fine" la même chose: que le Donbass (et dans la totalité de son territoire) puisse décider de sa destinée et choisir de faire partie de la sphère russe, soit comme république intégrée à la Fédération de Russie ou, en première étape, comme un état indépendant et reconnue par elle.

Il y a ceux qui suivent la campagne "le choix du Donbass" avec confiance et optimisme (tout en gardant les yeux bien ouverts) et ceux qui, en exprimant sans ambages leurs inquiétudes et même leurs peurs, lui rappellent les limites à ne pas franchir et au delà desquelles le gouvernement qui doit les représenter serait désavoué par son peuple souverain.

Et cela s'appelle la démocratie...

Erwan Castel




Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat