Une russophobie suicidaire
Talonné de près par ses parrains occidentaux le régime de Kiev nous offre chaque jour une caricature imbécile et violente de la russophobie hystérique orchestrée par un mondialisme qui veut soumettre Moscou à la dictature de sa marchandise.
Voici un article signé Karine Bechet Golovko qui fait la synthèse de cette politique suicidaire menée dans le pays qui est intimement lié à l'identité russe depuis que l'Histoire de cet immense empire où le soleil jamais ne se couche l'a fait naître précisément sur les berges du Dniepr, dans la "Rus de Kiev".
Erwan Castel
Source de l'article: Russie Politics
Porochenko poursuit la dérussification de l'Ukraine,
quitte à vider le pays de lui-même
Karine Bechet Golovko
A quelques mois des élections présidentielles, dans lesquelles Poroshenko est donné perdant quelle que soit la configuration, et en pleine loi martiale, l'Ukraine sombre avec son Président en plein chaos. La guerre est déclarée, la déclaration vaut la guerre, la communication cache la profondeur de la déstructuration de la société. Finalement, c'est bien contre son peuple, et contre lui-même, que Poroshenko se lance, fossoyeur désenchanté d'un pays en perdition.
Alors que depuis le putsch du Maïdan, l'Ukraine se trouve en pleine crise, démographique, économique, sociale et politique, le Président Poroshenko continue à renforcer la négation de la société par elle-même, en détruisant un à un ses repères. Or, sans repère, aucune société ne peut ni se construire, ni évoluer. Comme l'écrivait Sartre dans la pièce Les séquestrés d'Altona, il y a deux manières de détruire un peuple, l'une d'entre elle est de l'amener à se renier. C'est ce que fait Poroshenko.
Son combat contre l'Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou en est un aspect (voir notre texte ici). Il s'agit de l'Eglise historique en Ukraine et qui reste de très loin la plus influente. Elle a refusé de demander son indépendance, encore moins de passer sous contrôle du Patriarcat de Constantinople, ce qui est finalement le résultat de tout le remue-ménage de Poroshenko.
Les prêtes sont poursuivis, les bâtiments cherchent à être récupérés et rattachés à la nouvelle Eglise. Pour cela, les organes officiels d'Etat ne sont pas suffisants, il faut frapper fort, il faut une Terreur. Les groupuscules extrémistes font l'affaire et déclarent la "chasse aux popes moscovites". Poroshenko lance des messages contradictoires, à la fois accusant l'Eglise canonique orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou d'être un agent de la Russie tout autant que ses fidèles, et condamnant mollement l'ouverture de la chasse. Quand les services spéciaux ukrainiens l'ont déjà commencée. La religion orthodoxe est un élément du Monde russe.
Par ailleurs, Poroshenko s'attaque aux fonctionnaires et politiques ayant un lien avec la Russie, qu'il s'agisse du passeport ou de proches et concrètement demande au SBU (KGB ukrainien) de contrôler tout ce petit monde. Là, la situation devient ubuesque. Sans compter qu'une grande majorité de la population a des proches en Russie, les deux pays ne faisant qu'un pendant des siècles jusqu'en 1991, cette proximité concerne évidemment aussi les fonctionnaires et politiques. A commencer par Poroshenko lui-même, qui a son business en Russie, la femme de son fils est Russe tout comme le père de sa femme ...
Mais ce n'est pas le seul et la presse ukrainienne a cherché un peu plus précisément. Il se trouve que beaucoup de membres des services spéciaux ukrainiens ont des proches de nationalité russe ou vivant en Russie, ce qui a été révélé avec le scandale du premier vice-directeur du service de renseignements extérieur ukrainien, Sergueï Semotchko, dont la femme et pas moins de 8 proches ont deux passeports, russe et ukrainien. Lui-même possède également la nationalité russe. Cet individu est mouillé dans une affaire conduisant à limiter l'importation de médicaments, et vu son patrimoine, il semble avoir des affaires aussi louches que fructueuses. Mais le nouveau pouvoir maïdanien ne pouvant être banalement corrompu, dans la fable de Poroshenko, ce sont ses liens avec la Russie qui le poussent à agir contre l'intérêt de l'Ukraine et pas simplement l'appât du gain - trop primaire. Il faut donc noyer le poisson pour cacher l'impasse de ce pouvoir, quitte à provoquer une vague incontrôlable.
Ainsi, par exemple, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavel Klimkine, est lui né en Russie dans la ville de Koursk et a terminé à Moscou l'Institut de Physique et de technologie. De plus, le père de sa femme est un haut gradé russe, habitant en Crimée et ayant été décoré pour son action en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie. C'est également le cas du commandant des Forces Unifiées combattant dans le Donbass, Sergueï Naev, dont le petit frère vit en Crimée, comme ce fut le cas de son père jusqu'à son décès en 2013. Il y en a encore beaucoup d'autres, la liste est très longue, sans même compter ceux qui font des affaires en Russie.
Tout simplement parce qu'objectivement, les deux pays sont historiquement liés, tout comme les peuples. Vouloir sortir la Russie d'Ukraine, c'est conduire le pays à se vider de lui-même.
Pour maintenir la pression et empêcher toute discussion, et réflexion sérieuse, Poroshenko réchauffe le conflit dans le Donbass et dans la Mer d'Azov. Des attaques seraient prévues, mais il serait surprenant que l'Ukraine prenne réellement le risque d'un conflit avec la Russie, elle serait pays agresseur et le problème serait réglé pour le coup assez rapidement sur le plan militaire, comme le souligne le ministre russe des Affaires étrangères, S. Lavrov:
- "Selon les informations dont nous disposons et que nous somme enclins à croire, Porochenko envisage d'organiser une provocation à la frontière avec la Russie, à la frontière avec la Crimée pour la dernière dizaine de décembre. Il se verra opposer une riposte vaste comme la mer, je vous l'assure», a ajouté le ministre, notant que la Russie ne permettrait pas à Piotr Porochenko de violer les droits que les habitants de Crimée avaient défendus conformément au droit international."
Poroshenko, incapable de gouverner, car de toute manière ne maîtrisant pas les rênes de la gouvernance, ne présente d'utilité qu'en montrant être prêt à aller jusqu'au bout dans les intérêts atlantistes, quitte à détruire son pays et son peuple. C'est le seul intérêt qu'il puisse présenter pour les Etats-Unis, c'est le prix qu'il est prêt à faire payer pour rester au pouvoir. La question restera de savoir ce dont le clan atlantiste a besoin sur le sol ukrainien, ce qui pour l'instant déterminera à court terme l'avenir du pays.
Karine Bechet Golovko