Opération Mariupol / 1
Depuis l'incident de Kertch, les alertes sur le front du Donbass qui se concentraient essentiellement dans le secteur de Gorlovka (Nord de la RPD) où une menace d'attaque chimlque a été confirmée plusieurs fois, se sont vues augmenter d'une autre menace non moins sérieuse dans le secteur de Mariupol, la grande ville portuaire du Donbass, aujourd'hui occupée par les forces ukrainiennes.
Cette ville de Mariupol, qui est la deuxième agglomération du Donbass après Donetsk, est aujourd'hui au centre de l'escalade politico-militaire qui réveille la flamme de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
- Depuis 2014 Mariupol qui est une grande ville industrielle et surtout le seul port économique du Donbass est la pièce manquante pour assurer aux Républiques du Donbass pour acquérir un début d'autonomie réelle.
- Mariupol est lié à l'incident de Kertch car c'est la clef de voûte de la militarisation de la Mer d'Azov lancé par Kiev qui veut en faire une importante base militaire certainement en coopération avec l'OTAN. dont des "conseillers" sont déjà présents.
- Plus à l'Ouest de Mariupol se situe le port de Berdyansk où la base navale qui est en projet (complémentaire avec les quais militaires logistiques de Mariupol) est au coeur de la militarisation ukrainienne de la Mer d'Azov.
- Militairement Mariupol qui dispose d'un terminal portuaire, aérien, ferroviaire est la charnière Sud de la ligne de front tenue par les forces ukrainiennes et qui s'appuie ensuite plus au Nord sur Volnovakha, puis Marinka et le front de Donetsk.
Le port industriel de Mariupol, par ses enjeux démographiques, économiques, logistiques, militaires et politique est donc après Donetsk, Lugansk et les frontières avec la Russie un objectif essentiel de la guerre du Donbass et une réactivation des combats par Kiev, ici ou ailleurs, entraînerait à coup sûr une contre offensive républicaine dans sa direction.
Un "festung" ukrainien au milieu de la population civile
La difficulté de combattre à Mariupol est que Kiev a élaboré son maillage de positions militaires au cœur de zones résidentielles civiles denses médiatiquement particulièrement sensibles depuis qu'un bombardement ukrainien y a tué le 24 janvier 2015 plus de 30 civils et blessé une centaine d'autres lors d'une escalade militaire sur le front de Shirokino, la petite ville côtière située sur le front à l'Est de la ville.
Aujourd'hui Porochenko cherche à faire accuser la Russie d'un acte de guerre inadmissible et qui justifierait une offensive ukrainienne présentée comme de la légitime défense.
Or l'attaque chimique dans le secteur de Gorlovka, bien que toujours d'actualité; a peu de chance d'être utilisée comme un détonateur car sa préparation (réalisée à priori avec des spécialistes militaires de l'OTAN) a été éventée et rendue publique. Quant à l'incident de Kertch s"il a fonctionné en provoquant les forces russes, la modération de leur réaction n'a pas permis d'en faire un "casus belli" crédible de la propagande de guerre occidentale.
Il reste donc le secteur de Mariupol pour réaliser une autre provocation ukrainienne de type "false flag" mais sans attirer trop les soupçons du fait de son intérêt majeur pour les forces républicaines, sa proximité des frontières russes et dont les victimes civiles inévitables seraient un levier émotionnel pour engager des réactions politiques et militaires simulées et bien entendu anti-russes.
Les forces républicaines sont donc particulièrement attentives sur les activités ukrainiennes concernant Mariupol et dont le front est depuis 5 ans un des secteurs les plus tendus et plus meurtriers du Donbass.
Depuis le 25 novembre on observe entre autres indicateurs confirmant l'hypothèse d'une nouvelle provocation ukrainienne dans le secteur :
- La mise en ordre de bataille de 3 brigades d'assaut ukrainiennes déployées dans le secteur (les 79ème brigade d'assaut motorisée, 36ème brigade d'infanterie de marine et 128ème brigade d'assaut de montagne)
- Le discours récent du Président Porochenko semble préparer politiquement l'opinion au scénario du false flag, en accusant la Russie de vouloir envahir la côte entre la République populaire de Donetsk et la Crimée (Mariupol et Berdiansk)
- L'arrivée à Mariupol de 6 médias occidentaux dont CNN, Associated Press et la BBC qui médiatiseront le scénario présenté par la propagande de Kiev pour amplifier les pertes et dégâts, exacerber la russophobie et influencer les réactions.
- Enfin le déploiement de nouveaux renforts militaires ukrainiens à Mariupol comme ces blindés photographiés et publiés sur les réseaux sociaux par Sergueï Takhmazov, un soldat ukrop qui précise que l'arrivée de cet escadron de chars de combat uktrainiens s'est faite en présence d'une trentaine de reporters occidentaux.
Les Occidentaux qui n'ont plus la main en Syrie ont intérêt aujourd'hui a exacerber le conflit du Donbass pour tenter d'affaiblir la Russie en la forçant à une intervention aux conséquences internationales ou un abandon aux conséquences nationales.
De son côté Porochenko, qui voit se dessiner son échec et mat à l'horizon du scrutin présidentiel ukrainien de mars 2019, s'est lancé dans une série de gambit (sacrifice d'une pièce pour attirer l'adversaire).
Et l'idéal est d'engager une nouvelle provocation à la faveur de la loi martiale qu'il pourra ensuite renouveler.
On peut donc imaginer le scénario suivant :
- False flag ukrainien médiatisé accusant la Russie d'avoir attaqué Mariupol et provoqué par des des bombardements de nombreuses pertes civiles
- Attaque ukrainienne en "réaction" pour bousculer la ligne de front en direction des frontières avec le Russie mais très limitée dans le temps et l'espace pour éviter une réaction russe.
- Contre attaque des forces républicaines et réactivation en chaîne de la ligne de front ( ou le scénario chimique Nord pourrait même être alors mis en oeuvre).
- Gesticulations internationales des occidentaux à L'ONU pour accuser la Russie et demander des sanctions, des renforts de l'OTAN, des casques bleus, des aides militaires etc.
- Capitalisation de l'avancée ukrainienne par un accord de type "Minsk 3" etc.
Si cette option est retenue pour la prochaine provocation de Kiev contre la Russie, cela risque d'être une déflagration majeure et un tournant dans ce conflit car l'importance de Mariupol obligera chaque adversaire à rentrer dans un cycle infernal d'actions-réactions extrêmement dangereux.
Erwan Castel