Armée ukrainienne sur les starting-blocks


Une nouvelle alerte pour le secteur Sud du front du Donbass vient d'être lancée par les services de renseignement de la République Populaire de Donetsk (avec certainement ceux de la Fédération de Russie qui surveillent attentivement ce front). 

Des unités ukrainiennes déployées dans le secteur de Mariupol, au Sud de la RPD se sont regroupées pour constituer un groupe d'assaut blindé important. Il s'agit principalement de la 79ème brigade d'assaut motorisée, de la 36ème brigade d'infanterie de marine et de la 128ème brigade d'assaut de montagne. 

Encore une énième menace d'offensive imminente de Kiev me direz-vous ,telle que celles qui sonnent régulièrement l'alarme sur ce front du Donbass depuis l'été 2015. Peut-être, mais aussi peut-être pas car un contexte complètement différent exacerbe aujourd'hui la menace et fait plus que jamais de la ligne de front du Donbass un fil prêt à rompre à tout moment :


1 / Tout d'abord l'incident du détroit de Kertch provoquée par Kiev (forçant les grades frontières russes à user de la force pour stopper une intrusion illégale de navires militaires ukrainiens dans leurs eaux territoriales) a mis en place des conditions internationales et nationales favorisant un coup de force dans le Donbass :
  • Porochenko en victimisant l'Ukraine auprès d'une "communauté internationale"  en quête de prétextes russophobes bellicistes fabrique une situation de légitime défense.
  • La loi martiale qui a été décrétée dans la zone du Donbass occupée par l'armée ukrainienne, autorisant mobilisation militaire et neutralisation de la population civile. 
  • Porochenko a dit qu'il n'attaquerait pas la Russie (donc la Crimée) mais cette dernière absente du Donbass, ce dernier n'est pas à l'abri d'une nouvelle provocation de Kiev.
  • Kiev a achevé la préparation de l'offensive, déploiement, réquisition des services (transports, hôpitaux etc), et transfert de la Garde Nationale au Ministère la défense. 
  • Une offensive dans le Donbass avec un gain, même minime, de terrain donnerait au candidat Porochenko du crédit et mobiliserait à nouveau les nationalistes sur le front.

2 / Les forces républicaines, avec la multiplication des zones de contact consécutives à l'invasion de la zone grise, ont été obligées depuis 3 ans de renforcer considérablement les postions défensives de la première ligne avec des effectifs et des rotations prises dans des forces de réserve dédiées aux contre-attaques de deuxième ligne. Pendant ce temps là les forces ukrainiennes ont augmenté leurs effectifs et capacités opérationnelles, restaurant même une partie de leur aviation de combat.

Il y a donc pour Kiev, une "fenêtre de tir" de 1 mois pour tenter un coup de force militaire dans le Donbass. L’exécution de cette menace est cette fois encouragée par une crise internationale russophobe majeure, une loi martiale en Ukraine, une préparation militaire maximale, une opportunité politique électoraliste, des conditions météos encore favorables etc.

Mais Kiev ne peut se permettre de réaliser une offensive coûteuse en pertes financières militaires et surtout civiles et de plus longue dans son déroulement, car cela pourrait rendre sa décision impopulaire et surtout reproduire les scénarios de 2014-2015 où les unités et la logistique militaire ukrainiennes avaient perdu les batailles des chaudrons d'Iliovaisk, Debalsevo etc... Donc, les scénarios d'une attaque directe en zone urbaine ou d'une offensive générale sur l'ensemble du front sont à exclure, de même qu'une offensive avec des objectifs lointains.

Et n'en déplaise aux propagandistes français de DONI press qui en oubliant que la base du combat est de "ne jamais sous évaluer son adversaire" ne cessent, dans leur inaptitude pathétique, de sous-évaluer de façon caricaturale et manichéenne les capacités militaires de Kiev, ces dernières sont largement suffisantes pour réaliser un coup de force militaro-politique limitée dans l'espace et le temps. 
En effet, si les forces ukrainiennes prouvent chaque jour leur manque de combativité par rapport aux républicains, force est de constater qu'elles ont toutefois pu réaliser une modernisation de leurs capacités opérationnelles laissées à l'abandon depuis l'indépendance du pays et compensent leur faiblesse morale par une supériorité numérique évidente qui est de l'ordre de 5 contre 1, ce qui leur donne un avantage dans le scénario d'une offensive brutale et non urbaine.


Idéalement, il faut pour Kiev réaliser une offensive de type "Blitzkrieg" (guerre éclair), c'est à un assaut blindé brutal localisé et limité dans le temps, appuyé par de l'artillerie mobile et de l'aviation de bombardement, et qui dans le contexte géopolitique et international du Donbass serait figé par une résolution diplomatique qu'on pourra appeler Minsk 3, si la Russie refuse de prendre le risque de déclencher une internationalisation du conflit en offrant aux forces républicaines un appui vital sans lequel elles ne pourront pas repousser l'agresseur.

Dans cet hypothèse stratégique nous risquons de voir se réaliser l'hypothèse que j'ai développé depuis 2015 et nommé "l"axe Sud" et qui dans le déroulement des 3 phases classiques du combat (Fixer, Déborder, Attaquer) pourrait se dérouler ainsi.
  • Dans un premier temps opérations offensives au Nord et au Sud de l'axe prévu pour l'offensive, destiné à "fixer" les forces de défense républicaines, et faire fuir le maximum de civils des zones bombardées pour mobiliser les ressources des Républiques et encombrer les réseaux logistiques et de communication. La préparation à cette phase a peut-être déjà commencé depuis plusieurs jours dans le secteur de Gorlovka (au Nord) avec des pressions offensives importantes et une menace d'attaque chimique. Cette phase initiale sera complétée par des sabotages, voire des bombardements de sites et objectifs logistiques à l'arrière du front (dépôts mais aussi ponts, carrefours...) Cela est possible comme l'a démontré la destruction d'un pont réalisé à l'arrière du front cette année entre Donetsk et Lugansk. Les voies routières et ferrées utilisées pour les déplacements des unités et de logistique seront également soit visées soit soumises à une encombrement du à l'exode civil provoqué. Dans le secteur Sud déjà sous grande pression une offensive limitée en direction de Novoazovsk (mais sans forcément chercher à l'atteindre) mobilisera rapidement tous les moyens de défense.
  • Puis un rapide mouvement offensif sera lancé pour briser la ligne de défense dans une zone éloignée, non activée et dénuée de poches de résistance urbaines incontournables. Là il s'agira pour Kiev de gagner rapidement du terrain dans un couloir suffisamment large et défendu pour éviter les chaudrons et si possible jusqu'à la frontière avec la Russie pour couper en 2 les forces républicaines et déclencher à nouveau une crise internationale. Or le secteur du front qui est le plus propice pour réaliser cette "Blitzkrieg" est celui de Volnovakha, qui est un gros carrefour logistique routier et ferroviaire situé à seulement 100 km des frontières russes et où les ukrainiens ont déployé une importante force blindée, aérienne et logistique qui peut très rapidement être renforcée.
  • Parallèlement à cette "blitzkrieg", une stratégie politico-diplomatique sera organisée par Kiev, et ses mentors et alliés occidentaux pour engager une intervention internationale diplomatique pour stopper les combats... et donc tenter de neutraliser une intervention russe potentielle tout en verrouillant l'avancée réalisée par l'armée ukrainienne. Ceci est loin d'être un pari irréalisable pour Kiev et on a vu lors des précédentes poussées offensives de son armée, transformant la "zone grise" (zone démilitarisée entre les lignes bélligérantes), que jamais elle n'a été sommée de libérer le terrain capturé. En outre le provocation de Ketch a permis à Kiev de tester le soutien partial des occidentaux à ces initiatives militaires contre la Russie, et d'augmenter les tensions contre la Russie.
Bref, du côté ukrainien les feux pour une offensive sont passés quasiment tous au vert à l'exception de ceux de Washington et surtout de l'OTAN, car sans leurs soutiens politiques et militaires inconditionnels, l'Ukraine risque de perdre à coup sûr ce quitte ou double qu'elle s’apprête peut-être à jouer dans les prochains jours.

La Russie acceptera t-elle de relever le défi de la 3ème guerre Mondiale dans le Donbass ou alors ce dernier sera t-il sacrifié au profit d'un prolongement éphémère d'une paix en Mer Noire et dans le monde ? 

C'est là toute la question et Kiev avec ses complices occidentaux s'appètent à parier dessus.

Personnellement je pense que Moscou, dans un attentisme diplomatique et militaire tétu cherchant à laisser à tout prix une chance à la paix, en laissant l'OTAN avancer jusqu'à ses frontières et son pays être isolé et fragilisé par des sanctions économiques exponentielles et sans fin,.a reculé aujourd'hui jusque "dans les  les cordes". Poutine avait prévenu lors du forum de 2015 à Valdaï : « Si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier », et je pense que la réponse musclée des forces russes à la provocation de Kertch sont également un avertissement russe clair aux occidentaux et à leur larbin ukrainien qui jouent depuis trop longtemps avec la patience de l'Ours.

Erwan Castel

Article source : Dan news

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