Opération Mariupol / 2


Les tensions continuent à s'intensifier dans le secteur de Mariupol sur le front Sud de la République Populaire de Donetsk qui borde une mer d'Azov en ébullition depuis l'incident de Kertch, provoqué par Kiev le 25 novembre dernier. 

Dans un précédent rapport nous évoquions plusieurs observations accréditant la préparation d'un coup de force ukrainien dans ce secteur particulièrement tendu du front du Donbass (mise en alerte des brigades ukrainiennes du secteur, arrivée de renforts, de médias, discours de Porochenko etc...) Depuis chaque jour des nouvelles informations nous parviennent confirment la potentialité de la menace :
  • Arrivée le 4 décembre en gare de Mariupol d'un convoi militaire acheminant de nouveaux renforts blindés ukrainiens dont 7 chars de combat de type T64 sans aucun marquage d'appartenance (photo ci dessus). Ces blindés non marquées pourraient être employées pour des opérations sous faux drapeau cherchant à incriminer les forces républicaines.
  • Aujourd'hui 5 décembre, Maria Zakharova, représentante du Ministère russe des Affaires Etrangères a alerté également l'opinion sur la situation militaire dans le secteur de Mariupol. Selon les renseignements dont elle dispose c'est une division blindée ukrainienne qui a été déployée à Mariupol. 
  • Les missions de surveillance des ressources aériennes de l'OTAN (avion de reconnaissance de la marine et drone stratégique Global Hawk) présents dans le ciel de la Mer Noire depuis la préparation de la provocation ukrainienne de Kertch se relaient désormais H24 au dessus de la mer d'Azov et de la ligne de front du Donbass.
Vol de reconnaissance  d'un drone stratégique US type Global Hawk observant à distance le 3 décembre les défenses républicaines et les territoires russes frontaliers


Par ailleurs dans le secteur Nord de la République Populaire de Donetsk la menace d'un autre coup de force ukrainien articulé autour d'une attaque dirigée contre l'usine de produit chimique Stirol de Gorlovka est également alimentée par des nouvelles observations :
  • Arrivée dans le secteur de l'Arc Svitlodarsk (Nord Est de Gorlovka) d'une unité de 28 personnels militaires de l'OTAN et armés, Par ailleurs les services de renseignement russes ont repéré l'orientation vers l'Ukraine de la 77ème brigade spéciale britannique qui est une unité spécialisée dans les cyber attaques.
Les forces occidentales déployées en Ukraine sont de plus en plus visibles, comme ici cette jeep Cherokee et ce hummer portant des marquages OTAN


  • Porochenko a annoncé le déploiement de l'armée ukrainienne sur les frontières russes. Bluff propagandiste, menace directe ou déploiement préventif dans l'éventualité de contre attaques russes.
  • Dans son point presse du Ministère des Affairres Etrangères, Maria Zakharova a souligné que «la loi martiale (décrétée par Kiev) est non seulement contraire à l'esprit et à la lettre de Minsk, mais qu'elle encourage également le déclenchement des hostilités. Le groupe militaire ukrainien est capable de déclencher des hostilités à grande échelle sur toute la ligne de contact ».

Mariupol semble donc être devenue la pièce maîtresse du jeu ukrainien sur l'échiquier du Donbass. car en dehors de son importance économique et démographique, ce port industriel de près de 500 000 habitants alimentée par un réseau maritime, aérien, routier et ferroviaire est surtout devenue depuis 4 ans une base militaire ukrainienne très importante et fortifiée située à seulement une quarantaine de kilomètres des frontières russes (et moins de 20 km des lignes de défense républicaines). 

De plus située au bord de la Mer d'Azov qui aujourd'hui fait l'objet d'une confrontation ouverte entre Kiev et Moscou, Mariupol peut rapidement devenir à la fois l'enjeu et la menace d'une réactivation de la guerre sur le front Sud de la République Populaire de Donetsk qui a cet endroit ne dispose d'aucune profondeur stratégique pour faire face à une attaque blindée brutale.

On peut donc envisager, après l'opération de communication réussie lors de l'incident de Kertch (même si l'effet dramatique n'a pas été atteint grâce à la réaction mesurée des gardes frontières russes), que Porochenko pousse le bouchon encore plus loin sur le front Sud du Donbass en tentant d’entraîner la Russie à y intervenir tout en essayant de lui faire porter la responsabilité de l'aggravation militaire. 

Seule contre la Russie l'Ukraine se fera balayer en quelques jours si elle provoque Moscou avec une offensive meurtrière dans le Donbass. Mais elle peut espérer, dans l'hypothèse d'une contre offensive résister dans le bastion de Mariupol, suffisamment longtemps pour déclencher une intervention occidentale. En effet, et vu l'imbrication des forces ukrainiennes avec la population civile de Mariupol, un siège offensif de le ville serait catastrophique pour cette dernière et alimenterait la propagande de guerre occidentale (il suffit de se souvenir du siège de Grosny par exemple dans un secteur géostratégique et contexte relationnel beaucoup moins moins sensible). Une bataille meurtrière avec des dommages collatéraux provoquerait à n'en pas douter une intervention occidentale qui pourrait conduire soit à une intervention des forces de l'OTAN ou de casques bleus et probablement sur l'ensemble du front. Et l'engagement progressif exponentiel d'unités occidentales semblent confirmer cette perspective.

2 hypothèses et 2 options sont possibles :


1 / Hypothèse d'une attaque limitée de Kiev dans le front Sud :
  • Les forces ukrainiennes tentent une percée de la ligne de front au Nord Est de Mariupol sur une axe Volnovakha-fronière russe (option 1) ou vers Novoazovsk (option 2) mais sans pousser trop loin pour déclencher directement la réaction russe. 
  • Puis, lors de la contre attaque inévitable les ukrops se replient vers Mariupol (comme en 2014) poursuivis par les forces républicaines qui en font le siège. 
  • Kiev jouera ensuite le rôle de l'agressé (par les russes évidemment) et misera sur une réaction en chaîne occidentale, qui faussement alarmée par les pertes civiles, imposera une force d'interposition.
Dans cette hypothèse, les occidentaux misent sur la retenue habituelle de Moscou qu'ils testent depuis 2 ans en Syrie et qui ne risquera pas d'intervenir dans le Donbass dans un scénario offensif des Républiques.

2 / Hypothèse d'une attaque d'envergure et jusqu'aux frontières russes :
  • Les forces ukrainiennes tentent toujours une percée de la ligne de front au Nord Est de Mariupol sur une axe Volnovakha-frontière russe (Axe Sud) mais cette fois jusqu'à le frontière russe et accompagnée de pressions offensives sur l'ensemble du front pour fixer les forces de réserve républicaines et obliger les russes à intervenir pour éviter que la République de Donetsk soit coupé de son front Sud.
  • Lors de l'intervention des russes, Mariupol qui est la base d'assaut et logistique ukrainienne sera très probablement dans les objectifs prioritaires des forces russes, et dès les premiers jours de leur contre offensive Kiev provoquera facilement des pertes civiles qui entraînera une intervention plus rapide encore des occidentaux mais aussi plus risquée pour la sécurité de l'Europe entière. 

Conclusion :

Pour le moment le tronc commun préparatoire aux 2 hypothèses semble se confirmer de jour en jour, encouragé par un contexte international (crise de Kertch), la loi martiale décrétée en Ukraine et qui en était un des objectifs, la nouvelle crise russophobe des médias occidentaux hystériques, l'échéance d'un scrutin présidentiel perdant pour Porochenko (surtout depuis l'instauration de la loi martiale) et la passivité des USA qui semble trahir par là leur participation à cette stratégie du pire.

A suivre...
Erwan Castel

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