En Mer Noire, Kiev persiste et signe
Alors que la crise entre Kiev et Moscou ne cesse de s'envenimer depuis l'incident de Kertch provoqué par la marine ukrainienne Président Porochenko vient de signer une loi nouvelle loi maritime intitulée "Sur la zone adjacente de l'Ukraine".
Cette loi qui n'est rien d'autre qu'une nouvelle provocation à l'encontre de la Russie modifie considérablement le statut juridique et par conséquent des pouvoirs de contrôle de la zone marine adjacente de l'Ukraine, qui vient d'être étendue de 12 milles à 24 milles au delà de l'espace maritime territorial ukrainien :
- "Selon la loi, la zone adjacente est une zone de mer ouverte adjacente à la mer territoriale de l'Ukraine et dont la frontière extérieure est distante d'au plus 24 milles marins, mesurée à partir des lignes de base, à partir de laquelle est mesurée la largeur de la mer territoriale de l'Ukraine"
A la Verkhona Rada, où elle a été présentée et votée, cette nouvelle loi polémogène ukrainienne a été déclarée "conforme à la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer"
Concrètement, cela signifie que la marine ukrainienne s'arroge le droit contrôler dans les espaces maritimes de la Mer Noire et de la Mer d'Azov la navigation et le séjour des navires étrangers non militaires. Les gardes-frontières ukrainiens pourront donc à leur guise arrêter, inspecter, retarder ou arrêter les navires commerciaux et leurs membres d'équipage.
Lorsqu'on regarde une carte maritime de la région sur fond de la crise diplomatique consécutive à l'incident de Kertch et à la présence de territoires russes contestés par l'Ukraine (Crimée) où en conflit ouvert avec elle (Donbass) et disposant d'une façade maritime importante, on ne peut que constater que cette loi n'est, de facto ,qu'un seau d'huile jeté sur le feu qui brûle entre Kiev et Moscou.
Kiev a eu beau surseoir à son offensive et ne pas prolonger sa loi martiale, les faits et déclarations de ses responsables politiques tout autant que les opérations de ses forces militaires montrent bien que le régime Porochenko n'a pas l'intention d'en rester là.
Cette loi ukrainienne en est une nouvelle preuve, décision arbitraire et unilatérale qui n'est pas seulement une provocation nouvelle à l'égard de Moscou mais aussi une violation des accords de navigation en Mer d'Azov qui sont définis entre les deux pays qui en ont l'usage exclusif, à savoir la Russie et l'Ukraine.
Cette situation, qui provoquerait déjà en période de calme des tensions inévitables entre les deux pays aux trafics maritimes importants dans les eaux concernées, est aujourd'hui le symptôme d'une volonté ukrainienne de faire exploser une situation déjà tendue à l'extrême depuis l'incident de Kertch qui n'a visiblement pas atteint la dramatisation souhaité par Kiev.
Le sénateur russe Franz Klintsevich, y voit quant à lui une étape majeure dans la préparation par Kiev à de nouveaux incidents maritimes, et dont les provocations ukrainiennes prochaines s’appuieront sur cette nouvelle base juridique forcée.
Le vice-président de la Commission de défense de la Douma d'Etat de Russie, Alexander Sherin, a déclaré quant à lui que Moscou n'était pas obligée de reconnaître cette loi et les nouvelles frontières maritimes de l'Ukraine établies par celle-ci. Il a rappelé que Kiev avait mis fin à l'accord d'amitié et de coopération entre les deux pays.
- "En fait, nous avons mis fin à toutes les relations avec l'Ukraine à l'initiative de la partie ukrainienne. Petro Poroshenko a rompu ses relations avec la Fédération de Russie. Nous n’avons donc aucune obligation de reconnaître les frontières ukrainiennes."
Cette menace de nouvelles provocations maritimes ukrainienne a d'ailleurs été confirmé par Oleksandr Turtchinov, le président du Conseil de la sécurité nationale de l'Ukraine qui a menacé lors d'une interview à la BBC le 19 décembre dernier de détruire avec des missiles le Pont de Kertch, a déclaré que Kiev allait à nouveau tenter de forcer le passage entre les mers Noire et Azov sans se soumettre aux procédures douanières russes et même "inviter des représentants de l'OSCE et d'autres organisations internationales à être présents sur nos navires"
Et c'est ici que se profile en arrière plan de cette stratégie russophobe et folle de Kiev la stratégie occidentale et plus particulièrement l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord le bras armé de la ploutocratie mondialiste et qui désormais avance à découvert sur le territoire de cette Ukraine dont Porochenko disait qu'elle "est de facto le flanc oriental de l'OTAN".
Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN et Porochenko, président ukrainien |
En effet plusieurs faits corroborent l'hypothèse que dans cette politique de provocations en Mer Noire, Kiev n'est que l'exécutant soumis et zélé d'une stratégie menée par l'OTAN et qui n'a pas abandonné son intention chimérique d'éjecter la Russie de la région, vieux fantasme hégémonique datant de la fin du XVIIIème siècle.
- Le 9 décembre, le président ukrainien Porochenko demande à l'OTAN de renforcer sa présence maritime en Mer Noire "pour garantir la sécurité de l'Ukraine face à la Russie". De facto le renforcement maritime de l'OTAN en Mer Noire est déjà lancé avec les exercices interalliés qui y sont régulièrement réalisés et des infrastructures réalisées comme par exemple la base de commandement étasunien à Otchakov ou celle de la Royal Navy à Odessa
- Le 13 décembre, au sortir d'une réunion avec Soltenberg, le Secrétaire général de l'OTAN, le président ukrainien Porochenko a déclaré que "L’OTAN, comme nous l’avons déjà convenu, surveillera les affaires dans la mer d’Azov et assurera la sécurité dans la région. C’est ce dont nous avons besoin pour le moment"
- Le 18 décembre, l'Assemblée générale de l'ONU dont on sait qu'elle est la vitrine diplomatique de l'OTAN a appuyé la résolution présenté par Kiev et le camp occidental appelant la Russie a retirer ses troupes de la Mer Noire et de la Crimée: "Le problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d'Azov".
- Le 19 décembre, ce sont les menaces claires et directes de Turtchinov ce "pasteur sanguinaire" évoqué plus haut et qui entre autres aboiements psychotiques de il faut demande à l'OTAN d'accompagner au mieux avec des navires de guerre, au pire avec des observateurs les prochaines provocations ukrainiennes:"Jusqu'à présent, notre initiative n'a pas reçu de réponse. Mais j'espère que lors du prochain passage des navires de guerre ukrainiens dans le détroit de Kertch, ils nous enverront au moins leurs observateurs".
- Enfin le 29 décembre, Porochenko après le cadre diplomatique obtenu à l'ONU le 18 décembre fait voter cette loi fourbe qui, bien qu'unilatéralement décidée donne désormais un cadre juridique à de futures provocations de sa marine de guerre en mer Noire et mer d'Azov.
Le 25 novembre, même si les répercussions médiatiques et diplomatiques escomptées ont été partiellement atteintes, la provocation ukrainienne dans le détroit de Kertch qui espérait un casus belli définitif entre Moscou et Kiev (donc l'OTAN) s'etait terminé par un coup d'épée dans l'eau. Porochenko qui ne veut visiblement pas changer son cap suicidaire a organisé en décembre la préparation méticuleuse d'une nouvelle provocation en Mer Noire dont il espère qu'elle entraînera une intervention occidentale forte, tant sur le plan diplomatique que militaire.
"Errare humanum est, perseverare autem diabolicum" !
Tous les éléments sont donc réunis pour une nouvelle provocation ukrainienne majeure contre Moscou, que Kiev cherchera probablement à organiser encore au large de la péninsule de Crimée dont le retour référendaire à la Russie n'est pas encore reconnu par la ploutocratie mondialiste autoproclamée "communauté internationale" et dont les espaces maritimes des 2 pays se chevauchent à plusieurs endroits du fait du détroit de Kertch et des îlots maritimes environnants.
Que ce soit dans les steppes du Donbass où les flots de la Mer Noire, les forces ukrainiennes sont donc à deux doigts de franchir la ligne rouge et d'offrir aux occidentaux un détonateur qui peut mettre le feu aux poudres et bien au déjà de l'horizon de la Novorossiya qui est le théâtre de ce nouvel affrontement majeur entre l'Est et l'Ouest européen.
Erwan Castel
Article référence : Top War