Quel avenir pour le "Format Normandie" ?
Un format pour la paix risquant de devenir
un formatage de la guerre
Fogh Rasmussen, l'ex Secrétaire général de l'OTAN devenu conseiller spécial du président Porochenko |
Relancé lors d'une rencontre entre France Russie et Allemagne en marge du dernier sommet du G20, le quartet de Normandie (Russie, Allemagne France et Ukraine) appelé "Format Normandie", après 3 mois d'escalade militaire sur le front du Donbass, s'est à nouveau donné rendez-vous le 21 septembre prochain.
Alors que l'OSCE vient de reconnaitre que l'Ukraine intensifie ses bombardements contre un Donbass où l'armée russe ne brille que par son absence, l'ancien Secrétaire général de l'OTAN Fogh Rasmussen fidèle à sa psychopathie russophobe délirante accuse encore Moscou d'être responsable de l'échec du processus de Paix.
Tout le monde semble reconnaître aujourd'hui la définition imparfaite de ces accords de pour la paix signés en septembre 2014 et février 2015 dans la capitale biélorusse qui leur a donné don nom ("Minsk 1" et "Minsk 2"), mais tout le monde semble s'accrocher à ce processus comme un noyé à une bouée de sauvetage percée.
Car ces accords sont imparfaits, c'est le moins que l'on puisse dire, leur principal faiblesse et qui est source de blocage étant que l'un des 2 belligérant ( les républiques du Donbass) n'est pas officiellement présent à la table des négociations.
Pourtant, les 2 républiques qui ont montré une maturité politique exceptionnelle en dépit de la guerre qui fait toujours rage aux portes de leurs cités, ont plusieurs fois demandé à participer à égalité avec l'Ukraine à ce "Format Normandie" qui sans eux ressemble plus à un dialogue de sourds qu'à de véritables les négociations bilatérales.
Car le bon sens et les conditions préalables qui devraient présider à de telles et difficiles négociations demanderaient au minimum :
Car le bon sens et les conditions préalables qui devraient présider à de telles et difficiles négociations demanderaient au minimum :
- La participation des autorités républicaines sur pied d'égalité avec les représentants ukrainiens.
- La libération des territoires occupés des Républiques dans les limites des anciens oblasts ukrainiens de Donetsk et Lugansk.
- La libération de tous les prisonniers de guerre
- La mise ne oeuvre d'une zone d'exclusion de 30 km et pas seulement pour les armes lourdes mais pour toutes les unités combattantes à l'exception des gardes frontières
Seulement après cela un régime de silence réel pourra être vécu et autoriser la tenue d'élections libres pour l'ensemble des populations rattachées à Donetsk ou Lugansk.
Mais force est de constater, alors que les occidentaux ont les moyens (politiques et économiques) de convaincre Kiev d'accepter un dialogue direct avec les autorités séparatistes, ce qui de toute évidence débloquerait sensiblement la situation, ils ne font qu'envenimer les débats en proposant d'élargir le quartet non pas aux Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk mais aux Etats Unis d'Amérique initiateurs du Maïdan et de la résurgence de la Guerre Froide contre Moscou !
Que ce soit l'ex-Secrétaire Général de l'OTAN Rasmussen, connu pour ces vociférations russophobes et devenu "conseiller spécial" du Président ukrainien, qui défend aujourd'hui ce projet d'américaniser les discussions de Minsk est significatif de la tournure que les occidentaux.veulent donner aux discussions.
Nous aurions donc un débat à 3 contre un pour décider de l'avenir d'un absent !
Si on regarde ce format Normandie à travers les dernières déclarations du satrape de Kiev qui écarte officiellement toute réforme constitutionnelle autorisant des élections locales et un éventuel statut spécial ou répète inlassablement que la mise aux normes OTAN reste la priorité absolue de son gouvernement, on voit bien que l'Ukraine n'a aucunement l'intention de chercher la paix dans le Donbass mais bien au contraire de jeter de l'huile sur le feu en devenant une véritable colonie étasunienne en Europe !
Bien sûr, il ne faut pas claquer la porte à la Paix que tous espèrent voir être restaurée dans le Donbass et continuer à vouloir la garder entrouverte le plus longtemps possible, mais il faut bien admettre qu'aucun effort n'est réalisé par les partenaires occidentaux qui même, ressemblent de plus en plus à des saboteurs du processus de Minsk et des artisans de celui de la guerre adoptant l'adage inversé "Si vis bellum para pacem" ...
Que ce soit l'ex-Secrétaire Général de l'OTAN Rasmussen, connu pour ces vociférations russophobes et devenu "conseiller spécial" du Président ukrainien, qui défend aujourd'hui ce projet d'américaniser les discussions de Minsk est significatif de la tournure que les occidentaux.veulent donner aux discussions.
Nous aurions donc un débat à 3 contre un pour décider de l'avenir d'un absent !
Si on regarde ce format Normandie à travers les dernières déclarations du satrape de Kiev qui écarte officiellement toute réforme constitutionnelle autorisant des élections locales et un éventuel statut spécial ou répète inlassablement que la mise aux normes OTAN reste la priorité absolue de son gouvernement, on voit bien que l'Ukraine n'a aucunement l'intention de chercher la paix dans le Donbass mais bien au contraire de jeter de l'huile sur le feu en devenant une véritable colonie étasunienne en Europe !
Bien sûr, il ne faut pas claquer la porte à la Paix que tous espèrent voir être restaurée dans le Donbass et continuer à vouloir la garder entrouverte le plus longtemps possible, mais il faut bien admettre qu'aucun effort n'est réalisé par les partenaires occidentaux qui même, ressemblent de plus en plus à des saboteurs du processus de Minsk et des artisans de celui de la guerre adoptant l'adage inversé "Si vis bellum para pacem" ...
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
Source de l'article, le lien ici : Mediapart
Le « format normand » est-il encore viable pour le Donbass?
par Fabrizio Poggi - 12 septembre 2016
Pour l'ancien secrétaire général de l'Otan et actuel conseiller du président ukrainien, Anders Fogh Rasmussen, c’est Moscou et non Kiev qui doit « respecter les engagements de Minsk ». Les « coïncidences tragiques » peuvent être surmontées seulement par l'intervention du Département d'État des États-Unis, comme maintenant le soutient Berlin aussi.
Dernières nouveautés de l'Ukraine : l'ancien secrétaire général de l'OTAN et actuel « conseiller » présidentiel ukrainien, le danois Anders Fogh Rasmussen, prévoit que l'Occident va fournir des armes létales à Kiev si la Russie « déstabilisera l'est de l'Ukraine. » Ayant à justifier d’une manière ou d’une autre l'Ordre de la Liberté (!) reçu en 2014 des mains de Petro Porochenko pour la « contribution significative au développement de la coopération entre l'Etat ukrainien et l'Alliance atlantique et pour le fort soutien dans la défense de la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, » Fogh a pronostiqué que « si la Russie ne respecte pas les engagements de Minsk » - qui engagent justement Kiev, qui depuis février 2015 est en train de faire exactement le contraire de ce qui était prévu par eux – « viendra le moment où l'Occident et l'OTAN fourniront à l’Ukraine des armes défensives létales » pour se défendre contre « l'agression russe. »
Ou pourront-ils peut-être s’engager à nouveau dans une « erreur catastrophique », dans une « coïncidence tragique », ou même accuser un propre département de « faible qualification du personnel impliqué », lorsque aura lieu une autre catastrophe comme celle du Boeing malaisien MH17, abattu en juillet 2014 par des troupes de Kiev, comme cela a fuité des indiscrétions de la commission internationale JT chargée des enquêtes. Bien que les résultats officiels ne seront publiés qu'à la fin du mois, il semble que dans l'intervalle, à la manière yankee - voir ambassade de Chine à Belgrade, train en Serbie, avion civil sur le golfe Persique, hôpital de Kunduz, Croix-Rouge à Kaboul, etc. – on commence à préparer l'opinion publique au fait que les 298 passagers du Boeing ont été tués par une roquette tirée par les troupes ukrainiennes mais que, après tout, il s’était agi d’une « erreur tragique. »
Après tout, dit Fogh Rasmussen, c’est Moscou et non Kiev qui doit « respecter les engagements de Minsk » et les « tragiques coïncidences » peuvent être surmontées seulement par l'intervention du nouveau « deus ex machina » : le Département d'État des États-Unis, comme maintenant le soutient Berlin aussi.
Selon le chef du département pour l'Ukraine du ministre allemand des Affaires étrangères, Johannes Regenbrecht, le « format normand » (Allemagne, France, Russie et Ukraine) pourrait être étendu aux États-Unis, sans lesquels, soutient Regenbrecht, « il n'y aura pas de progrès. » En son temps c’était Angela Merkel elle-même, comme l'a noté Svetlana Gomzikova sur Svobodnaja Pressa, à s’opposer à l'entrée de la Pologne ou des États-Unis dans le quatuor et il y a seulement quelques jours, en marge du G20 en Chine, Poutine, Merkel et Hollande avaient réaffirmé vouloir suivre ce format. En fait, cependant, comme l'a noté le politologue Aleksandr Kamkin, le « format normand » est plus mort que vif ; de plus, Obama est désespérément à la recherche d'une occasion d'être en mesure de marquer au moins son départ de la scène, après la série sans fin de débâcles de sa présidence. Et d'ailleurs, il semble que Berlin ait l'intention de se distancer d'une manière ou d’une autre, en laissant à Washington le rôle de « premier violon » : les Européens, dit Kamkin, commencent à être fatigués de l'Ukraine, un pays en faillite économique et politique. Et de plus en plus isolé : le seul dirigeant étranger arrivé à Kiev le 24 août pour la fête de l ' « indépendance » a été le président de la Pologne Andrzej Duda et au G20 de Hangzhou l’Ukraine, contrairement à l'Egypte, le Kazakhstan et d'autres, n’a été invitée même pas à titre d’observateur.
D’ailleurs, l'hypothèse allemande a été faite ventiler à un politicien de deuxième plan, presque un sondage des réponses russe et américaine. Du côté des États-Unis, cependant, on devra probablement attendre le nouveau président qui, dans le cas de Clinton, va certainement soutenir un contraste dur à la Russie. Fondamentalement, fait remarquer Kamkin, leur objectif géopolitique, les États-Unis l’ont déjà atteint : quarante millions d'Ukrainiens transformés en ennemis acharnés de Moscou. Tout « format normand » ne sera que formel : est-ce que Hollande et Merkel ont jusqu'à présent fait quelque chose pour engager Kiev à respecter ses engagements pris à Minsk?
Même le politologue de l'Institut des relations internationales Vladimir Pantin juge peu probable la continuation du « format normand » dans la structure actuelle, et pense que seuls les contrôleurs réels du régime Kiev, les États-Unis, peuvent faire pression sur Porochenko. Mais Washington ne semble pas du tout intéressée à une solution pacifique dans le Donbass, parce qu'elle a besoin d'une Ukraine aguerrie contre Moscou. Porochenko lui-même ne peut changer la Constitution ukrainienne, tel que prévu à Minsk, pour accorder un statut spécial au Donbass, sans courir le risque qu'un statut spécial égal soit réclamé par de nombreuses autres régions, ce qui sanctionnerait l'effondrement ultime de l'Etat ukrainien.
Et sur Svobodnaja Pressa il y a même ceux qui, comme Eduard Limonov, invitent Vladimir Poutine à se retirer du « Quartet Normand » et le fait à la manière de l'ex-Parti national-bolchevique (depuis longtemps proscrit). Limonov rassure Poutine qu'il existe une alternative au « format normand » : une union d'États qui prétendent le retour de leurs territoires, aujourd'hui des« colonies » ukrainiennes, comme la Russie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie. « La Seconde Guerre mondiale est terminée depuis longtemps, mais l'Ukraine ne restitue pas les territoires-colonies » écrit Limonov ; « l'union des Etats dont les territoires sont colonisés par l'Ukraine sera plus forte que tout accord et format normand et même la russophobe Pologne ne résistera à la séduction de reprendre Lvov et quatre régions polonaises. » Mais ça ne suffit pas. Limonov incite Poutine à « proclamer devant le monde que les régions retirées illégalement à la Russie - celles d'Odessa, Nikolaev, Kherson, Zaporoze, Dnepropetrovsk, Donetsk, Lougansk et Kharkov - sont peuplées par les Russes et russophones et que la Russie considère ces personnes ses propres fils et citoyens et à partir de maintenant elle les défendra et les ramènera sous l'aile de la mère-patrie. En Europe ils ne seront pas satisfaits. Aux Etats-Unis ils ne seront pas heureux. En Russie et dans les régions ci-dessus ils se réjouiront. »
Avec ses pieds un peu plus sur terre, le chef de la DNR Aleksandr Zakhartchenko – que Limonov semble presque accuser, ainsi que l'ensemble des dirigeants de la DNR et LNR en « connivence avec l'ennemi » - a proposé à Porochenko une réunion en face-à-face à la frontière avec la région de Dniepropetrovsk ou celle de Kharkov. Parmi les conditions préliminaires posées par Zakhartchenko : « D'abord, quitter immédiatement le territoire de l’ancienne région de Donetsk, retirer toutes les unités militaires, du ministère de l'Intérieur et de toutes les unités armées. Deuxièmement, lors de la retraite ne pas s’adonner à des pillages et libérer toutes les personnes condamnées pour des raisons politiques. »
Il est clair que, sans une intervention directe des « tuteurs » d'outre-océan qui mette la pression sur Kiev, la proposition de Zakhartchenko a pour l'instant très peu de chances de réussir. Washington ne semble pas pour l’instant intentionnée à planter des oliviers sur le territoire ukrainien. Certains observateurs envisagent même une autre variante : que le Département d'État n'ait plus aucun intérêt à garder Porochenko et prépare son remplacement. À la fin d’août Boris Ložkin avait démissionné du poste de chef de l'administration présidentielle, et le président l'avait remplacé par l'ancien gouverneur de la région de Kharkov, Igor Rajnin. L’ancien adjoint ukrainien Oleg Tsarev, interviewé par rusvesna.su, considère le geste comme le début des préparatifs frénétiques à la fuite. Le fait est que la démission de Ložkin et le refus de l'actuel ambassadeur aux États-Unis, Valerij Čalij, de prendre sa place, signifient que les dirigeants du lobby pro-américain le plus fort abandonnent le char présidentiel et Porochenko se serait vu contraint de nommer un figure comme Rajnin, non russophobe comme son prédécesseur.
Pendant ce temps, la guerre continue.
Fabrizio Poggi
Article original : Contropiano.org