La fin annoncée d'un système
Le Donbass marque la fin de l'hégémonie occidentale néo-coloniale
La crise ukrainienne marque certainement un tournant dans l'histoire politique du monde occidental, par un coup d'arrêt à l'expansion d'un monde unipolaire dirigé par Washington.
Depuis le XXème siècle l'Europe est soumise à une stratégie étasunienne grandissante qui, en pratiquant une hégémonie néocolonialiste de plus en plus agressive, via des guerres, des révolutions, des coups d'état cherche à asservir les territoires visés à ses intérêts militaro-industriels. Cette stratégie d'asservissement est protéiforme et connaît différentes déclinaisons néo-coloniales, allant de l'hégémonie culturelle à l'occupation militaire en passant par la dépendance économique.
Les dernières opérations de préemptions territoriales menées par Washington ont rencontré des difficultés grandissantes provoquant même des enlisements improductifs et coûteux (Afghanistan, Irak, Syrie) quand ce ne sont pas des défaites géostratégiques cinglantes (Libye, Crimée)
Lorsque le Donbass se soulève en 2014 contre le coup d'état du Maïdan, il ouvre une nouvelle dimension dans le résistance au Nouvel Ordre Mondial, car bien que soutenu idéologiquement par la Russie, il organise seul sa rébellion contre le système étasunien en exprimant une revendication identitaire indépendante...
Face à lui, le régime national-oligarchique de Kiev est en échec, échec politique, économique, social et surtout écartelé entre des influences nationales et étrangères diverses et dont les objectifs militaires et politiques exprimés sont (en apparence) contradictoires.
La volonté de maintenir un plaie ouverte...
Par exemple, alors que l'objectif militaire d'une guerre est normalement la conquête territoriale, on observe depuis 2014 sur le front du Donbass, une stratégie militaire ukrainienne qui, même si on met de côté les erreurs stratégiques et tactiques pathétiques des premiers mois (stagnation devant Slaviansk, enfermement dans les chaudrons au Sud...) révèle plutôt une volonté d'enliser cette guerre sur un long terme.
Lorsque la résolution militaire d'un conflit est impossible (ce qui est le cas aujourd'hui) la solution politique est alors normalement recherchée. Or ici aussi on s'aperçoit que les solutions pacifiques proposées ne sont de la poudre aux yeux habillant cyniquement une volonté d'installer un chaos et de faire durer un conflit insoluble et dont le seul avantage aujourd'hui pour la Maison Blanche est d'être un prétexte pour soumettre l'Ukraine à une militarisation étasunienne.
Pendant tout le XXème siècle, les USA ont développé une stratégie de domination politique cherchant a éviter une soumission politique ouverte. L'Union Européenne pendant des décennies a été un exemple flagrant de cette hégémonie cachée qui laisse croire que les états occidentaux conservent quant à eux leurs entières et libres souverainetés dans les relations mises en oeuvre avec Washington.
La série des révolutions colorées, contestations populaires récupérées ou provoquées par Washington pour organiser le contrôle du pays a fonctionné pendant près de 20 ans, transformant les peuples manipulés en objets servant une politique internationale et étrangère à leurs ambitions exprimées initialement.
Cette politique de préemption a fonctionné tant que la propagande mensongère sur laquelle est basée sa stratégie néocoloniale cachée n'a pas été démasquée. Mais aujourd'hui il n'y a guère plus que les imbéciles et les collabos qui refusent de reconnaitre dans le Maïdan la main de Washington... Le temps de l'imposture est terminée où les occidentaux, via des ONG et des nouveaux philosophes serves manipulaient impunément les peuples au nom de leurs propres souveraineté et liberté !
La rébellion du Donbass est à ce titre exemplaire et constitue même un tournant historique car elle illustre non seulement l'échec cuisant de l'impérialisme étasunien en Europe mais elle redessine un échiquier géopolitique dénonçant ses frontières artificielles en revendiquant une identité naturelle qui bien qu'appartenant au monde russe n'en est pas moins autonome dans ses aspirations.
Face à cette nouvelle situation d'échec, l'impérialisme étasunien qui ne veut pas renoncer à ses ambitions en Ukraine dans laquelle il a planté ses griffes, espère pouvoir attendre une nouvelle redistribution des cartes voire même l'apparition d'un nouveau joueur ukrainien plus consensuel que l'actuel Porochenko dont l'échec lamentable menace même les petits acquis du Maïdan.
L'intérêt pour Washington est donc de stabiliser une plaie ouverte tout en attendant l'arrivée de la prochaine marionnette kievienne. .
Une victoire de Trump peut-elle changer la situation ?
Beaucoup de commentateurs pensent que Trump en cas de victoire aux prochaines présidentielles étasuniennes va mettre fin à cette nouvelle guerre froide opposant Washington à Moscou. Même si les discours du candidat républicain laissent à penser cette stratégie cette dernière malheureusement tel un train fou lancé à grande vitesse ne dépend pas seulement de la volonté d'un seul homme fut-il le conducteur.
A l'entendre, Trump préconise un retour à la doctrine Monroe de non ingérence réciproque entre l'Europe et les USA et à une normalisation des relations avec une Russie considérée comme un partenaire ayant droit de défendre des intérêts différents de ceux de la Maison Blanche. A l'écouter on pourrait même croire que Trump est partisan d'un monde multipolaire remisant l'impérialisme étasunien dans un placard à balai du passé.
Personnellement j'ai bien peur que cela relève d'une interprétation rêvée, car d'une part il existe un pouvoir profond aux USA surpuissant et que même un homme comme J.F. Kennedy n'a pu soumettre et que d'autre part la crise systémique vécue par le Nouvel Ordre Mondial ne lui laisse aujourd'hui pas d'autre choix que de poursuivre la fuite en avant dans laquelle il s'est lancée.
D'ailleurs, même les déclarations isolationnistes de la doctrine Monroe n'avaient pas tenu longtemps dans leurs théorie, car la neutralité internationale morale et juridique n'ayant jamais été respectée, l'auto-isolement politique étasunien s'est rapidement exprimé par la mise en oeuvre de son contraire, à savoir le droit à un interventionnisme illimité basé sur le faux prétexte d'une défense imaginaire. Ceci a été très bien démontré par Carl Schmitt dans "Changement de structure du droit international"(1943). Aussi lorsque Trump déclare vouloir apaiser les relations entre Moscou et Washington il oublie de préciser "dans les limites des intérêts étasuniens" Or ces derniers ne sont pas définis par le pouvoir politique qui en revanche vitalement en dépend...
Les néo-conservateurs ont lancé les dès depuis longtemps en misant tout sur une table de jeu qui brûle. Si Trump (qui ne l'oublions pas fait partie du système) gagne les élections, la roulette certes tournera moins vite (au début) mais ne changera pas de direction, surtout si la nouvelle équipe de la Maison Blanche hérité de caisses vides que seules des guerres peuvent renflouer...
La guerre du Donbass : un conflit livré à lui-même
Cette guerre asymétrique qui s'est déclarée dans le Donbass, par les victoires militaires et politiques éclatantes des Républiques autoproclamées de Donetsk et Lugansk a surpris les joueurs occidentaux s'étant aventurés sur l'échiquier géopolitique slave. Plus que l'échec politico-militaire de leur valet kiévien, c'est surtout un aveu d'impuissance qui frappe la stratégie occidentale en Ukraine, dont la politique qui a déclenché la crise du Maïdan a vu son rapport enjeux/menaces initial anéanti successivement par le retour en Russie de la Crimée et la sécession du Donbass et la perte de contrôle de ses collabos locaux.
Comme en Syrie où l'option militaire est mise en échec par l'entrée de la population dans la résistance au Nouvel Ordre Mondial, dans le Donbass la rébellion des populations de Donetsk et Lugansk, même si elle peut être rattachée idéologiquement à la Russie, est aujourd'hui indépendante des intérêts des blocs qui sur le plan international s'affrontent,.
Actuellement ni la Russie qui maintient sa politique de non interventionnisme militaire ni les USA qui veulent d'abord assurer en priorité leur contrôle de Kiev n'ont envie de voir le conflit exploser à nouveau. L'un et l'autre pour des raisons différentes jouent la montre. Sur le terrain les milices d'autodéfense qui avaient vaincu l'armée ukrainienne en 2014 sont devenues des armées organisées et modernisée regroupant 60 000 hommes entraînés et aguerris capables de défendre victorieusement leurs territoires.
C'est l'immense échec de Washington qui voulait sauver l'échec de la crise ukrainienne en une confrontation directe avec Moscou, relançant ainsi une vision bipolaire d'un monde en guerre dans laquelle ils auraient joué le rôle de d'occupant protecteur d'une Europe aux abois. Mais cette stratégie non seulement a été un lamentable coup d'épée dans l"eau, Moscou ne répondant à aucune provocation, mais Kiev s'est même retrouvé mis en échec par des composantes de son propre territoire politique : les populations de Crimée puis du Donbass ont refusé elles mêmes l'agression occidentale orchestrée par les USA sur la Maïdan et ont fait sécession.
La confrontation bipolaire espérée par Washington n'est pas arrivée, et les USA doivent désormais faire face à une résistance multipolaire dans laquelle la Russie n'est pas encore intervenue directement...
C'est l'immense échec de Washington qui voulait sauver l'échec de la crise ukrainienne en une confrontation directe avec Moscou, relançant ainsi une vision bipolaire d'un monde en guerre dans laquelle ils auraient joué le rôle de d'occupant protecteur d'une Europe aux abois. Mais cette stratégie non seulement a été un lamentable coup d'épée dans l"eau, Moscou ne répondant à aucune provocation, mais Kiev s'est même retrouvé mis en échec par des composantes de son propre territoire politique : les populations de Crimée puis du Donbass ont refusé elles mêmes l'agression occidentale orchestrée par les USA sur la Maïdan et ont fait sécession.
La confrontation bipolaire espérée par Washington n'est pas arrivée, et les USA doivent désormais faire face à une résistance multipolaire dans laquelle la Russie n'est pas encore intervenue directement...
Les USA, qui sont les initiateurs de la crise ukrainienne, ont donc obtenu avec le Maïdan un victoire à la Pyrrhus et, à défaut de lancer dans une nouvelle aventure incertaine leur piètre canasson Porochenko, ils entretiennent aujourd'hui une "diplomatie de la violence" pour donner l'illusion d'être encore les maîtres du jeu en Ukraine. Le simple fait que leurs aides militaires soient dérisoires pour ne pas dire symboliques montre bien que la confiance envers le gouvernement Kiev a aujourd'hui disparu et que leur dialectique politique est en panne.
Or un conflit militaire ne peut être déclenché ou subir une nouvelle orientation que s'il existe une politique qui en détermine les objectifs finaux et même les modes tactiques, et actuellement la politique ukrainienne n'est plus que mendicité survivaliste et plus personne ne croit aux chimères de la menace russe et de son invasion du Donbass.
Donc en attendant les inévitables prochains changements de pouvoir tant à Kiev qu'à Washington, le conflit du Donbass est en roue libre, entre le sommet inaccessible de la paix et le gouffre de la guerre, sachant que de toute façon elles marqueront l'une comme l'autre la fin de l’expansionnisme étasunien en Europe et le reflux de son hégémonie.
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
Une propagande de guerre étasunienne à laquelle plus grand monde ne croit