Nous n'oublierons jamais Slaviansk
La défaite victorieuse du Donbass
Il y a 2 ans, le 5 juillet 2014, tombait Slaviansk, le premier bastion rebelle du Donbass, après 3 mois d'une résistance héroïque et désespérée, mais qui fut vitale aux victoires suivantes de Donetsk et Lugansk...
Forces d'assaut ukrainiennes à l'entrée de Slaviansk en mai 2014 |
Rappel... Suite au coup d'état du Maïdan, les populations russophones d'Ukraine, inquiètes du caractère russophobe affiché par le nouveau pouvoir de Kiev, ont transformé leur opposition politique en mouvement de protestation revendiquant une fédéralisation garantissant leurs spécificités culturelles. La Crimée, profitant à la fois de ses liens privilégiés avec Moscou à laquelle elle était encore province seulement 60 ans auparavant et de son statut de République autonome en découlant, a fait sécession de l'Ukraine en mars 2014, à l'issue d'un référendum provoquant son retour au sein de la Russie. Cette sécession qui encourage dans une certaine mesure (les manifestants ne sont pas encore séparatistes) le mouvement fédéraliste dans toute la région historique de la Novorossiya, va affoler le gouvernement fantoche de Kiev pris en otage par les radicaux néo-nazis du Maïadan et qui, plutôt que d'ouvrir un dialogue avec les oblasts russes du pays va opter rapidement pour une répression de plus en plus radicale de leur revendications. Devant le refus par les autorités d'accepter l'organisation d'un référendum dans les régions du Sud Est de l'Ukraine, des manifestants fédéralistes décident alors de prendre eux mêmes l'initiative et avec le soutien de la population commencent à occuper des bâtiments de l'administration régionale, comme à Slaviansk le 12 avril 2014. Pendant ce temps, à Kiev, les mentors étasuniens organisent l'allégeance du nouveau pouvoir qu'ils ont mis en place. c'est ainsi que John Brennan, le Directeur de la CIA rencontre l'équipe du Président par interim Turtchinov qui dès le lendemain 13 avril 2014, lance contre les manifestants du Donbass une "opération spéciale", offensive aéroterrestre complètement disproportionnée et irresponsable. La stupeur saisit à la fois les manifestants et les soldats de la 25ème brigade aéromobile engagés contre eux et dont beaucoup lors du 1er assaut lancé contre Kramatorsk vont refuser de combattre et même pactisent avec les fédéralistes jusqu'à déserter et rejoindre les barrages improvisés autour de Slaviansk et Kramatorsk, à 100 km au Nord-Ouest de Donetsk. Tandis qu'une revendication politique éphémère est exprimée par la voix d'un nouveau maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev, rapidement désavoué (il sera arrêté le 10 juin) la défense militaire de Slaviansk et de sa voisine Kramatorsk (au sud) s'organise très rapidement malgré les faibles moyens dont elle dispose encore grâce à l'impulsion de Igor Guirkine, dit "Strelkov" ex colonel russe du GRU venu de Crimée avec un noyau de 58 vétérans des guerres de Tchétchénie, Géorgie, Transnisstrie etc... Strelkov impulse très rapidement la résistance fixant avec réalisme les objectifs prioritaires imposés par l'agression militaire de Kiev. Rapidement il incarne même la résistance du Donbass, et ce, même après son retour en Russie après l'été 2014. Dès le premier jour de l'insurrection, Strelkov et ses volontaires s'emparent d'un dépôt des services de sécurité (SBU) de Slaviansk où un stock important d'armes et de munitions est saisi. Par la suite, tandis que plusieurs sections de la 25ème brigade aéromobile ukrainienne, peu motivées pour des combats fratricides sont désarmées, un second dépôt, celui de l'administration des douanes est saisi. Les défenseurs de Slaviansk, parmi lesquels on reconnait Motorolla (porte drapeau), aujourd'hui Commandant du bataillon Sparta et Igor Strelkov (second rang) le Commandeur du bastion de Salviansk entre avril et juillet 2014 Après les premiers flottements vécus dans les rangs de l'armée régulière ukrainienne, l'opération qualifiée "antiterroriste" par Kiev, qui va être rapidement être transférée sous le commandement du Ministère de l'intérieur, va engager les premiers volontaires de Prayvi Sector contre les barrages le 20 avril 2014. Ce jour là, dans le village de Bylbassovka à l'Ouest de Slaviansk, 3 premiers morts ouvrent le martyrologe du Donbass. Le 2 mai, le massacre des manifestants fédéralistes à Odessa est considéré comme une ligne rouge franchie au delà de laquelle le mouvement fédéraliste laisse définitivement la place à une revendication séparatiste et une rébellion armée. Les combats deviennent alors de plus en plus intenses avec notamment un deuxième assaut ukrainien lancé le 24 mai, puis à partir de juin, tandis que Lugansk est écrasée par ses chasseurs bombardiers, l'artillerie de Kiev commence à pilonner systématiquement Slaviansk et Kramatork en détruisant complètement certains quartiers et villages comme Semenovka. Si les insurgés remportent des victoires significatives en détruisant plusieurs hélicoptères et même des blindés ukrainiens, le siège des 2 cités rebelles devient de plus en plus difficile à supporter tant sur le plan militaire que civil surtout après que Kiev ait lancé une nouvelle offensive de grande ampleur sur les positions républicaines épuisées. Au cours du mois de juin les rebelles résistent désespérément aux assauts, espérant des renforts et des approvisionnements logistiques qui n'arrivent pas. Après la chute du village de Krasny Liman contrôlant un carrefour stratégique au Nord de Salviansk, Strelkov organise le repli de ses forces qui réussiront à tromper l'encerclement ukrainien dans la nuit du 5 juillet et à rejoindre le bastion de Donetsk avec armes et bagages. La défense de Slaviansk a fait entrer le Donbass dans l'Histoire et ouvert le légendaire de sa rébellion, car si cette première bataille, qui va durer 3 mois, se termine par une victoire ukrainienne, elle va permettre aux bastions de Donetsk et Lugansk, pendant toute sa durée d'organiser suffisamment leurs défenses pour pouvoir encaisser et repousser le choc des forces d'assaut ukrainiennes qui arriveront dès le 12 juillet 2014, aux portes de Donetsk. L'exfiltration de la garnison de Slaviansk est certainement un des plus beaux coups du "maître Strelkov" qui a réussi dans la seule nuit du 4 au 5 juillet a dégager de l'encerclement de l'armée ukrainienne environ 2 200 combattants, avec armes et bagages et même véhicules dont 20 chars, 3 canons automoteurs Nona, des véhicules de combat d' infanterie, BTR, BRDM et plusieurs canons antiaériens montés sur camions et camionnettes. Cette manœuvre d'exfiltration même si elle abandonne la ville aux ukrainiens leur ravit les fruits d'une victoire militaire : Kiev ne conquiert pas Slaviansk, c'est Strelkov qui s'est replié en ordre de combat ! Depuis ce 5 juillet 2016, Slaviansk et sa sœur de destinée Kramatorsk vivent sous la botte ukrainienne, vivant régulièrement des répressions de la part des forces d'occupation kiéviennes qui marquent par des contrôles, des arrestations, des emprisonnements politiques et des déportations leur volonté de briser cette population martyre qui continue par tous les moyens sa résistance face au pouvoir de Kiev. Ainsi, lors des dernières élections législatives ukrainiennes du 25 octobre 2015, c'est Vadim Lyakh, le candidat d'opposition, pro-russe et qui a fait sa campagne au nom de l'ancien maire Nelly jugée et emprisonnée pour "séparatisme", qui gagné dès le premier tour... Aujourd'hui, si les canons se sont tus entre Kramatorsk et Slaviansk, la flamme de la résistance qui anime la Novorossiya ne s'y est pas éteinte et attend avec ferveur l'heure de la libération de ce territoire qui est pour toujours le symbole de la lutte pour la liberté du Donbass et que pas un combattant du Donbass n'a oublié en son coeur rebelle. Erwan Castel, volontaire en Novorossiya Honneur et gloire aux défenseurs de Slaviansk et Kramatorsk ! |