Un assassinat précurseur si...
Le 16 septembre 2019, Roman Dzhumayev, un jeune homme de 28 ans et père d'une fillette est mortellement blessé de plusieurs coups de feu à son domicile de Mariupol. Il décédera sur le seuil de son appartement avant l'arrivée de l'ambulance..
Ce fait divers dramatique est à mettre en perspective avec la guerre qui ravage le Donbass depuis plus de 5 ans et surtout ce simulacre de processus de paix signé à Minsk en février 2015, et qui cherche à réintégrer les territoires des républiques de Donetsk et Lugansk en Ukraine.
Car Roman Dzhumayev, a été lâchement assassiné par des nationalistes ukrainiens parce qu'il avait participé à la résistance du Donbass dans les rangs de la Brigade Pyatnashka dont je fais partie. La triste nouvelle a choqué les anciens de la Brigade qui connaissaient ce jeune homme franc et généreux, toujours prêt à aider autrui.
Lorsqu'il quitte l'armée il prend le risque de se rendre à Mariupol, en zone occupée par l'Armée ukrainienne pour y aider sa mère après avoir vendu son appartement et acheté une camionnette pour vendre du café. En septembre 2017, des paramilitaires ukrainiens l'ayant repéré sont allés chez sa mère pour la voler et la menacer et Roman qui voulait la protéger a été arrêté à l'issue de la bagarre provoquée.
Relâché en août 2019 mais assigné à résidence, Roman Dzhumayev était inscrit sur la liste des prisonniers à échanger et attendait son jugement ce 20 septembre.
Ce meurtre n'est malheureusement pas un cas isolé, et l'imprudence fatale de Roman ne doit pas faire oublier que son sort attend tous ceux qui reviennent en Ukraine aujourd'hui et tous ceux qui le seront demain si les accords de Minsk aboutissent.
Car derrière les rideaux des belles promesses d'amnistie, de statut spécial et autres hypocrisies diplomatiques occidentales et ukrainiennes se cachent les assassins bandéristes qui ont toujours pignon sur rue et imposent tant sur le front et les territoires occupés du Donbass que dans les régions russophones d'Ukraine un régime de terreur meurtrière sous le regard indifférent et même souvent complice des forces de sécurité gouvernementales.
Il est de notoriété et même de déclaration publique que l'Ukraine a prévu, dans les wagons de Minsk 2, d'instaurer une "lustration" de la population du Donbass (arrestations, camps de rééducation, déplacement des populations etc...). Et le gouvernement Zelensky a confirmé récemment par la voix de son ministre de la justice qu'il était hors de question d'appliquer l'amnistie (pourtant prévu par les accords de paix) aux volontaires ayant participé à des combats sur le front.
Depuis 2014, il y a environ 100 000 personnes qui, à un moment donné, ont pris les armes pour défendre les territoires de Donetsk et Lugansk attaqués par l'armée ukrainienne. Cela représente des dizaines de milliers de résidents locaux auxquels il faut rajouter les milliers qui ont dans un engagement politique ont soutenu ouvertement le séparatisme armé du Donbass, et bien sûr leurs familles...
Si Minsk 2 devait aboutir par la trahison des élites, à court ou moyen terme ces accords de paix n'auront fait qu'ouvrir les portes du Donbass aux génocidaires ukrainiens. Et dans les mois qui suivront cette réintégration sous "statut spécial", des assassinats politiques comme celui notre camarade Roman se compteront très rapidement par milliers...
Voilà pourquoi il est important de rappeler que mettre ses idées au bout d'un fusil, à titre individuel ou collectif, n'est pas une décision anodine, et que lorsqu'elle est prise il faut l'assumer et la mener à son terme, surtout lorsque la cause que l'on défend, telle que celle du Donbass est juste et noble.
Adieu Roman, paix à ton âme et puisse ton martyr faire réfléchir les irresponsables qui veulent tendre la main et faire confiance à nos ennemis.