Tempête en surface !
364
Sur ce front du Donbass immobilisé dans l'espace depuis 5 ans, les hommes sont autant terrassiers que soldats, creusant sans cesse sous leurs pieds pour enterrer leurs vies à l'abri des orages d'acier qui griffent quotidiennement la surface de la terre où ils s'accrochent.
Et notre nouvelle position n'échappe pas à cette haine ukrainienne piétinant les accords de paix et les cessez le feu signés depuis 5 ans. Tirs de mitrailleuses, de lance roquettes automatiques ou de mortiers rythment les journées et surtout les soirées...
Vendredi 13 septembre 2019
La nuit précédente, les "ukrops" nous ont gratifié pendant plus d'une heure d'un "spectacle son et lumière" où est intervenu le panel de leurs armes lourdes de 1er échelon : Mitrailleuses Utios de 12.7mm, bitube antiaérien de 23mm et mortier de 82mm.
A 23h30 après des tirs provocateurs de mitrailleuses lourdes une "Zouchka" ukrainienne a tracé dans le ciel plusieurs pointillés lumineux que la vitesse supérieure des obus traçants fait à nos sens précéder les crépitements de leurs départs.
Peu de temps après des sifflements suivis d'explosions de 82mm sourdes et brèves annonçant l'entrée dans cette ce concert nocturne d'un mortier ukrainien surgirent de la direction Ouest. Obus après obus le 82mm a martelé le secteur pendant près d'une demi heure visant particulièrement une casemate voisine occupée également par notre unité. Au total 42 obus ont été tirés sur nos positions qui heureusement n'observèrent aucun tué ni blessé mais juste des dégâts matériels réparables sur les structures de 2 casemates.
Pendant tout ce bombardement martelant la steppe endormie, nous restons dans nos abris, surveillant l'horizon par les encoignures de nos embrasures, tout en comptant les secondes entre les départs des coupes assourdis par la distances et les impacts résonnant dans l'obscurité inondée de poussière. Une vingtaine de secondes entre départ et arrivée dont la cadence va s'accélérer après la fin des réglages par un chevauchement des séquences ou un deuxième mortier venu faire un duo nocturne.
A l'issue de ce "concert" nocturne un silence est retombé sous l'oeil unique de la lune projetant sur le sol labouré les ombres de chouettes revenus après le vacarme...
Au loin vers le Sud un autre bombardement continue à se faire entendre, confirmant que cette tactique d'épuisement menée par les forces ukrainiennes est générale sur l'ensemble du front...
Et vers 01h00 du matin, c'est le froid qui désormais s'abat dans le silence du front tandis que sur le côté de notre casemate enterrée la lune passe d'arbre en arbre comme un ballon que des géants décharnés se passeraient dans un mouvement ralenti dans une trajectoire Est-Ouest poursuivant l'orbe solaire disparue...
Je finis ma garde et rejoint au pied d'une mitrailleuse en dormition la chaleur de mon sac de couchage et la fuite de mes pensées vagabondes...
A 23h30 après des tirs provocateurs de mitrailleuses lourdes une "Zouchka" ukrainienne a tracé dans le ciel plusieurs pointillés lumineux que la vitesse supérieure des obus traçants fait à nos sens précéder les crépitements de leurs départs.
Tirs de ZSU 23/2 ukrainien (distance: environ 1 500m)
Pendant tout ce bombardement martelant la steppe endormie, nous restons dans nos abris, surveillant l'horizon par les encoignures de nos embrasures, tout en comptant les secondes entre les départs des coupes assourdis par la distances et les impacts résonnant dans l'obscurité inondée de poussière. Une vingtaine de secondes entre départ et arrivée dont la cadence va s'accélérer après la fin des réglages par un chevauchement des séquences ou un deuxième mortier venu faire un duo nocturne.
A l'issue de ce "concert" nocturne un silence est retombé sous l'oeil unique de la lune projetant sur le sol labouré les ombres de chouettes revenus après le vacarme...
Au loin vers le Sud un autre bombardement continue à se faire entendre, confirmant que cette tactique d'épuisement menée par les forces ukrainiennes est générale sur l'ensemble du front...
Et vers 01h00 du matin, c'est le froid qui désormais s'abat dans le silence du front tandis que sur le côté de notre casemate enterrée la lune passe d'arbre en arbre comme un ballon que des géants décharnés se passeraient dans un mouvement ralenti dans une trajectoire Est-Ouest poursuivant l'orbe solaire disparue...
Je finis ma garde et rejoint au pied d'une mitrailleuse en dormition la chaleur de mon sac de couchage et la fuite de mes pensées vagabondes...
Erwan Castel