Immersion périscopique !

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Après une mission brève de 4 jours sur le front Nord, une étape de quelques heures en caserne pour une douche et un changement de barda, nos véhicules nous conduisent à nouveau par des routes et chemins nocturnes, cette fois vers le front Sud. 

Le sac à dos déjà chargé des munitions 5.45mm et 7.62 mm 7.62mm emportés sur la première ligne est gonflé désormais des treillis plus épais et autres sous vêtements chauds permettant de supporter les longues attentes dans le vent d'automne. Avant de la refermer pour quelques jours je jette ces quelques lignes sur le fenêtre virtuelle de mon ordinateur.


Lundi 23 septembre 2019

Dans la cour de la caserne les moteurs des véhiculent ronflent déjà sous les clignotements d'une lune blafarde jouant à cache cache avec les nuages, et nous descendons les escaliers chargés de nos sacs et matériels pour une nouvelle rotation sur le front. 

Il devient désormais difficile de "partir léger" face à la dégringolade des températures, surtout nocturnes, auxquelles se rajoutent des pluies ventées froides et pénétrantes. Il y a  2 nuits, sur le front de Gorlovka l'été s'est pris les pieds dans le tapis de septembre avec un mercure qui est tombé à 0°.

Pour cette nouvelle mission sur le front Sud je fais un break de l'internet, n'emportant avec moi que carnet et stylos pour jeter éventuellement des pensées vagabondes entre postes de garde et missions de reconnaissance et je laisse aux Hairon, Néant et autres crétins français le loisir de vomir dans leur jalousie haineuse ou leur psychotiques obsessions égocentriques leurs calomnies et leurs diffamations, car ils décrivent ainsi leur médiocrité mieux que je ne saurais le faire moi-même.  

J'ai quand même eu le temps, pendant ce très court passage à Donetsk, de retrouver un ancien camarade de Piatnashka actuellement dans une bataillon du front Sud et de donner un entretien à des cinéastes, prolongeant toujours plus loin, mon aventure humaine et mes motivations sans les dévier pour autant de leurs racines métapolitiques ni de mes objectifs de vie. Et je suis parfois surpris de ne jamais me lasser de cet étrange conflit du Donbass, situé entre une guerre des tranchées reconstituée et une guerre froide ressuscitée. 

Tout pourtant devraient me fatiguer, la monotonie du paysage, la longueur de cet engagement commencé en février 2015 (et de mon âge commencé "un peu" plus tôt !), la nostalgie des chants d'oiseaux et du ti punch savourés au fond d'un hamac, les efforts et l'attention imposés par un ennemi ukrainien guettant la moindre erreur, les calomnies et les trahisons des arrivistes français et de leurs crétins, les pannes perpétuelles des matériels divers etc...
Et bien non, je suis toujours heureux d'être ici entre quartiers populaires et ligne de front du Donbass au milieu de mes camarades et amis, loin des Tartuffe, des Torquemada et autres courtisans grouillant autour des ministères, ici à Donetsk comme dans tous les centres de pouvoir et d'affaires du Monde entier.

Autour de moi sont les gens du peuple, riches d'histoires et de pensées aussi simples que nobles. Chaque vie croisée sur le parapet d'une tranchée ou dans une ruelle d'Oktyabrsky est un éclat de la dignité humaine authentique, celle qui tisse avec des mains sales et des visages rongés par la barbe la noblesse d'une fraternité humaine silencieuse et désintéressée.

Plus que jamais, lorsque je regarde l'exemple de ce peuple européen du Donbass, toujours debout dans ses traditions après 5 années de larmes et de sang, je me dis que pour se sauver d'elle même l'humanité devrait voir le pouvoir redonner à ses peuples ou plutôt reconquis par eux en détruisant toute prétention absolutiste et tout virus universaliste, qu'il soient idéologiques, religieux, culturels, économiques ou militaires. Les communautés de l'Être doivent renaître des cendres des sociétés de l'Avoir, alors seront jetés l'argent et les montres dans les musées des horreurs aux côtés des bannières des croisades ou du djihad, des éprouvettes des manipulations génétiques, des caméras de surveillances et des battées d'orpaillage...

Car ce monde post-moderne est une folie suicidaire et c'est au sein de la fonction guerrière que se sont réfugiées les dernières vraies valeurs humaines, à condition que l’éthique du soldat, au sens jüngérien de sa mission sociétale (partagée avec celles du Travailleur, de l'Anarque (penseur libre) et du Rebelle) soit préservée. 
Tandis que dans un Occident dégénéré les soldats s'avilissent à n'être plus que les agents de sécurité de complexes militaro-industriels post coloniaux, dans les pays qui sont généralement leurs proies se lèvent des armées populaires authentiques autour de la défense sacrée de leurs sanctuaires qui sont fusion sacrée de territoires et traditions héritées.

Et dans le Donbass je savoure le bonheur d'être au sein de cette milice riche de ses diversités communautés humaines et  que la guerre ici fusionne en juste et légitime armée révolutionnaire, populaire et impériale comme j'ai tenté de l'expliquer à nouveau dans un article récent

Voilà pourquoi, aujourd'hui comme hier et demain, si les dieux de la guerre me prêtent vie, je pars le sac lourd mais toujours le coeur léger vers ces champs mornes du front du Donbass où le sang et la sueur d'amoureux de liberté ensemencent les espérances d'un monde meilleur.

Erwan Castel

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