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Soldat des forces spéciales russes en opération sur le front de Zaporodje |
Depuis février 2014 Washington, ce grand exécuteur des ordres criminels de la ploutocratie mondialiste, a poussé l'Europe dans une cinétique infernale: coup d'Etat du Maidan, retour de la Crimée en Russie, représailles économiques, conflit dans le Donbass, refus de Kiev d'appliquer les accords de paix, processus d'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN, rejet par Washington des proposions russes de sécurité collective, projet de doter l'Ukraine de l'arme nucléaire, autant d'aggravations successives et exponentielles qui vont finalement obliger Moscou à intervenir militairement en Ukraine le 24 février 2022 pour éviter son anéantissement programmé.
A chaque fois que la dictature de la marchandise s'est retrouvée en péril systémique, elle a su grâce à ses étatismes collabos précipiter les peuples vers des boucheries humaines autant qu'inhumaines dans la trilogie survivaliste et mortifère du capitalisme, qu'il soit féodal, national, colonial ou mondial :Crise-Guerre-Reconstruction. Cette trilogie, en réinitialisant son vampirisme économique pour mieux continuer l'hégémonie d'une ploutocratie asservissant les peuples et qui s'appuie de plus en plus sur l'arrogance technologique d'un complexe militaro-industriel occidental décomplexé jusqu'à une supériorité complètement fantasmée.
Le courage et le choc
Mais la guerre russo-ukrainienne nous impose ici les limites de cette haute technologie de l'industrie de l'armement qui ne peut reléguer au second plan les 2 dimensions essentielles de la guerre sans lesquelles la meilleure intelligence stratégique ne sert à rien: le choc et le courage tactique du soldat du front.
Alors que la mentalité occidentale, ignorant les leçons des conflits vietnamiens ou afghans par exemple, s'enivre de sa puissance technologique, on peut observer dans ce conflit symétrique de haute intensité que le sort des batailles reste dans les mains du soldat anonyme qui sublime l'intelligence du stratège.
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Bataille sur la rivière Kalka qui opposa en 1223 les mongols aux russo-polovtsiens |
Certes, l'évolution de l'armement a diminué l'importance du rapport de force physique et moral mais sans jamais le supplanter car le soldat est l'incarnation organisée de cet instinct de survie lui permettant de dépasser ses limites dès lors que ses motivations sont charnelles et non idéologiques.
Mes réflexions ici ne sont pas idéologiques et encore moins manichéistes autant qu'elles ne cherchent pas à tourner en dérision les nouvelles armes dans le combat moderne, mais je trouve tout aussi ridicule de pronostiquer une victoire militaire, qu'elle soit tactique ou stratégique ou finale à un rapport technologique favorable. C'est ce que j'appelle "le syndrome d'Hiroshima" où la bombe nucléaire accéléra la défaite du japon en 1945 et fonda la dissuasion nucléaire jusqu'à maintenant.
Depuis 3 mois les propagandes nous saoulent avec la haute technologie des missiles russes ou des obusiers de l'OTAN, des drones d'attaque étasuniens ou des armes électroniques russes. Or qu'observe t-on au bout de 3 mois de combats et bombardements intenses ? Que le conflit fait toujours rage entre des forces ukrainiennes que certains affirmaient désintégrées démotivées et des forces russes que d'autres affirmaient obsolètes, suicidaires. Voilà où mènent les fantasmes de la croyance narcotique des courtisans prenant leurs propagandes logiques pour des certitudes dogmatiques et jusqu'au manichéisme fanatique et finalement contreproductif.
Or, si la technologie est un facteur participatif dans une guerre symétrique, il n'est pas pour autant décisif et l'Histoire militaire nous apprend (y compris dans certains conflits asymétriques) que seuls le courage et le choc, qui n'appartiennent qu'aux soldats du front, permettent de tirer sur ce fil fragile qui démêle la destinée d'un combat jusqu'à celle d'une bataille pour finalement tisser la victoire final d'un conflit. Et tout le reste n'est que verbiage mensonger.
Depuis février, deux peuples frères s'affrontent dans des combats acharnés, les russes pour défendre la réalité d'une terre et de traditions historiques, les ukrainiens pour défendre les chimères d'un libéralisme marchand amoral dont pourtant Diogène en son temps avait prévenu que celui qui veut acquérir des richesses finit par être acquis par elles.
Tous deux slaves, russes et ukrainiens montrent des qualités combatives communes et que des défauts opératifs hérités d'une même histoire, mais aujourd'hui si le sort des batailles tourne à l'avantages des soldats de la Fédération de Russie c'est surtout parce qu'ils sont moins infectés par le consumérisme de l'Avoir individuel et sont restés fidèles au sens commun de l'Etre collectif et l'amour de leur sanctuaire naturel.
Voici pour illustrer ma réflexion 2 vidéos récentes de ce conflit russo-ukrainien:
Le courage
Cette vidéo exceptionnelle d'un assaut sur une tranchée ukrainienne illustre à mes yeux à la fois cette bravoure du soldat libérant la terre de ses ancêtres mais aussi cette tragédie européenne qui de guerre mondiale en guerre coloniale, sacrifie les peuples sur l'autel d'une marchandise devenue aujourd'hui mondialiste.
Les accords de Minsk ont enterré pendant 8 années dans des tranchées d'un autre âge militaire le conflit du Donbass et dans cette région pontique dominée par la steppe, lorsqu'aucune forêt, rivière, ou ville ne vient aider ou contraindre le soldat, c'est encore la pelle qui reste sa meilleure protection et le moyen le plus efficace de s'accrocher au terrain conquis ou défendu.
Et malgré la puissance de la technologie capable de réduire en cendres un secteur ou une ville, c'est toujours avec la vieille baïonnette qu'il faudra aller chercher et vaincre définitivement son ennemi:
Mai 2022, un assaut sur une tranchée ukrainienne,
mené par une section de reconnaissance du 1er
bataillon de fusiliers motorisés (4e brigade) de la
milice de Lougansk dans le secteur de Popasnaya
Ce courage, qui permet au soldat de dominer sa peur et sa fatigue dans une intensité inégalée de l'instant présent, est un caractère européen ancien, mythifié, et que les russes ont su conserver et protéger par la permanence dans les consciences d'une destinée historique impériale étouffant les lâchetés individualistes autant que les hérésies communautaristes pour maintenir loin des idéologies la souveraineté d'un sens commun naturel dans une diversité naturelle respectée..
Le choc
Après avoir échoué à faire revenir diplomatiquement à la raison collective le régime de Kiev, Moscou a décidé dans un premier temps d'engager des opérations militaires contraignantes et ciblées, mais les difficultés rencontrées, les erreurs commises et surtout les aides multiples occidentales ont obligé les forces russes à revenir à des procédures plus classiques fondées sur la stratégie du choc tactique, assommant et démoralisant l'adversaire tout en limitant leurs propres pertes.
Cornacs d'Hannibal, marins de Thémistocle, cavaliers de Murat, les chefs de guerre ont toujours recherché le choc tactique pour casser le dispositif ennemi et redéfinir à leur avantage le rapport physique et moral des forces en présence, et les combats modernes par l'évolution fulgurante des armements ont donné à cette stratégie du choc des dimensions destructrices totales et spectaculaires:
Mai 2022, un Lance Roquette Multiple incendiaire
russe TOS 1 "Bouratino" réalise un tir direct sur des
positions ukrainiennes pour préparer un assaut
La stratégie russe s'est toujours appuyée sur la puissance légendaire de son artillerie, le parc immense et la diversité de ses bouches à feu qui préparent efficacement les assauts de l'infanterie et des blindés (lesquels sont d'ailleurs utilisés comme une artillerie mobile dans les batailles urbaines).
Cette capacité opérationnelle intacte de l'artillerie russe est telle que même ses systèmes d'armes vieux de 50 ans restent pleinement efficaces et décisifs dans ces batailles du XXIe siècle tel que le Lance Roquette Multiple de 122mm "Grad" conçu il y a...60 ans !
Et lorsqu'une armée réussit a imposer sur le champ de bataille le courage et le choc, alors non seulement elle prend l'avantage mais bouscule aussi les théories générales de la guerre qui demandent qu'un assaillant soit en grande supériorité numérique pour acquérir la victoire. Or, dans ce conflit l'armée russe, avec ses milices alliées républicaines réussit la prouesse de bousculer, tant sur le front tactique (Marioupol) que sur le front stratégique (Donbass), des forces ukrainiennes égales et pourtant en position défensive solidement organisée.
Ce ne sont pas les armes de haute technologie, qu'elles soient russes ou occidentales qui vont attribuer les lauriers de la victoire et ramener la paix en Europe, mais bien cet anonyme fantassin se faufilant dans la tranchée ou cet artilleur téméraire chargeant l'ennemi et qui sont à la pointe des peuples refusant d'être soumis aux dictatures ide l'argent.
Malgré la tragédie qui frappe à nouveau cette vieille Europe dans de nouvelles rivières de sang et de larmes, on peut observer la permanence de l'espérance dans le coeurs des peuples qui alimentent et exacerbent leurs capacités à se battre pour leurs sanctuaires et à s'émanciper de cette aliénation de la marchandise et asservissement étatique voulant domestiquer les communautés naturelles pour imposer la dictature d'un totalitarisme capitaliste élitiste.
Cette fillette de Donetsk a découvert en revenant de promener
son chien sa maison détruite par un bombardement ukrainien
sur le district de Kalinisky le 7 juin 2022. Animée par ce calme et
cette résilience extraordinaires caractérisant les peuples russes
elle a déclaré : "Ce n'était pas un hasard si je n'étais pas chez moi"
Les peuples européens comme ceux de la Grande Russie qui n'ont pas été complétement infectés par la pensée unique occidentale connaissent bien le prix à payer pour leurs libertés, d'autant plus qu'ils savent que, consubstantiellement, la Liberté n'a pas de prix. Et c'est pour cette liberté des peuples que le soldat risque sa vie, loin de l'imposture des nationalismes et communautarismes particuliers, des fanatismes et des étatismes hégémoniques.
Dans ce conflit russo-ukrainien, malgré les arrogances militaro-industrielles et technologiques fantasmés aux supériorités fantasmées par les soldats de salon, la réalité du terrain rappelle encore et toujours que depuis des millénaires c'est la bravoure des soldats du front qui donne la victoire à leur sacrifice anonyme.
Et dans le vrombissement des obus guidés, des drones high-tech et des missiles hypersoniques, la destinée des batailles reste forgée par la capacité des coeurs à élever leur courage au dessus de la peur et celle des corps à imposer le choc au plus plus grand nombre.
"Sursum corda !"
Erwan Castel