Après avoir confirmé l'abandon de Severodonetsk aux forces russes, les autorités ukrainiennes ont aussi reconnu a perte de Voronove et Bororske, les localités de sa périphérie Sud Est.
Cela a donné lieu à une déclaration narcotique du porte parole de la présidence ukrainienne, un certain Arestovich qui déclarait aussitôt :
"Tactiquement, nous avons surpassé les Russes. Ils ont atteint Severodonetsk et maintenant nous savons où ils sont. Nous avons réussi à progresser négativement en capturant inversement du territoire dans le sens inverse des opérations."
Autrement dit : L'Ukraine a capturé des territoires qu'elle n'avait pas perdu pour confirmer que c'était bien la Russie qui lui bottait le cul !
Sur le terrain de Severodonetsk, environ 800 civils ont été évacués par les forces alliées du secteur de la zone industrielle "Azot", opération interrompue fréquemment par des bombardements ukrainiens. Selon les familles exfiltrées il resterait encore des civils dans les souterrains de l'usine.
Des combats ont commencé à Lisichansk
Peu d'informations confirmées circulent pour le moment sur la situation dans Lisichansk, et même les estimations des effectifs ukrainiens qui seraient dans la ville varient de 4000 à plus de 10 000 hommes.
Soldat ukrainien dans Lisichansk
Les forces russes et républicaines, profitant à la fois de l'abandon précipité de Severodonetsk par les forces ukrainiennes et de leurs percées réalisées depuis le saillant de Popasnaya, ont déjà atteint les faubourgs industriels au Sud de Lisichansk et engagé des premiers combats.
De son coté, l'artillerie et l'aviation russes ont intensifié leurs frappes sur les positions militaires ukrainiennes mais aussi les infrastructures et logistiques comme par exemple les sorties de la ville vers la dernière route d'approvisionnement menant à Slaviansk via Seversk.
Sortie bombardée de Lisichansk vers Seversk
Lisichansk, comme Severodonetsk comptait un peu plus de 100 000 habitants avant la guerre, beaucoup ont fui quand les premiers combats et bombardements ont frappé la rive gauche de la Donets séparant les deux villes, mais ils reste environ 20 000 civils dans cette ville qui est sur le point de devenir le théâtre de la prochaine bataille du Donbass. La dissémination des unités ukrainiennes au milieu des zones résidentielles, parfois intentionnellement pour faire des habitants des boucliers humains, rend difficiles leur bombardement par les forces russes.
Un hélicoptère d'attaque russe Ka 52 tire un missile
305 LMUR sur un position militaire au milieu d'un
quartier résidentiel pour une frappe de précision.
(vidéo de la caméra embarquée du missile)
Quant aux forces ukrainiennes qui ont quitté Severodonetsk et qui comptent dans leurs rangs de nombreux mercenaires (environ 600) de l'OTAN mais également des géorgiens des brésiliens et même quelques russes, certaines ont été suivies par le renseignement russe et a aussitôt déclenché sur leurs nouvelles positions de Lisichansk de puissantes frappes d'artillerie :
Nuit du 25 juin, bombardements russes sur des
positions ukrainiennes en périphérie de Lisichansk
Entre les tués, les blessés et les prisonniers sans compter les disparus, les forces ukrainiennes ont accusé un record le chiffre total de leurs pertes pour la seule journée du 25 juin dépassant les 1000.
Dans le Donbass, l'été 2022 s'annonce être une
bonne saison pour le récolte de l'aneth ("ukrop" en
russe et qui désigne aussi les soldats ukrainiens
comme "vata" (coton) désigne les soldats russes .
Soldats ukrainiens capturés sur le front Nord Donbass.
La grande question concernant ce secteur est de savoir si l'Etat-Major ukrainien, devant la menace d'un nouveau chaudron à Lisichansk va préférer battre en retraite vers Slaviansk et Kramatorsk ou au contraire s'enfermer dans Lisichansk en misant sur 3 inconnues: l'usure improbable des forces d'assaut russo-républicaines et l'appui feu fantasmé de l'artillerie de l'OTAN à longue portée comme par exemple ce lance roquettes étasunien HIMMARS dont les bonimenteurs de la propagande ukro-atlantistes prétendent qu'il fait des miracles.et enfin la valeur combative incertaine des unités ukrainiennes dont le moral, à part quelques groupes de mercenaires et de radicaux nationalistes, est en chute libre.
Les ponts ayant été coupés entre les 2 villes, les forces ukrainiennes ont dû abandonner tous leurs véhicules de combat, y compris des pièces d'artillerie dans Severodonetsk au détriment de la défense de Lisichansk qui se retrouve dans une situation critique selon les propres mots d'un responsable ukrainien sur place, Evgueni Shevchenko : "Nous avons une pénurie de chars , un manque d'artillerie et pas d'aviation . La situation pour nous ne fera qu'empirer. Les combats continuent."
Le 25 juin, des unités ukrainiennes ont tenté de sortir de Lisichansk mais se sont retrouvées sous le feu des forces russo-républicaines et, subissant des pertes importantes elles ont rebroussé chemin.
Même si physiquement le cordon militaire n'est pas encore achevé autour de la ville, factuellement et grâce aux feux de leur artillerie et de leur aviation on peut dire que l'encerclement opérationnel de Lisichansk est déjà réalisé.
A la fois légende et réalité :
la puissance de l'artillerie russe
Il apparait alors la possibilité d'une troisième situation entre la retraite et la résistance et qui est encore pire pour les forces ukrainiennes c'est de voir ses unités de Lisichansk ne pas organiser leur résistance mais sans pourvoir sortir de la ville. Cela conduira à un chaos total et des redditions en masse jamais atteintes jusqu'à présent car on estime à 8000 hommes minimum les effectifs de Kiev pris au piège dans la ville.
Plus au Nord la rivière Donets aurait été enfin franchie par des unités russes qui menaceraient d'un encerclement la garnison ukrainienne de Belogorovka sur la rive droite de la Donets. L'information à ce jour n'est pas confirmée.
Plus au Sud les combats se poursuivent autour du saillant allié de Popasnaya que l'Etat Major russe est en train d'étendre jusqu'à Soledar et Artemovsk (Bakhmut), afin de liquider ce verrou qui contrôle l'accès aux routes menant à Kramatorsk au Nord et Konstantinovka à l'Ouest.
Combat entre alliés et mercenaires polonais
dans le secteur de Kamyshevakha avant les
percées réalisées vers Lisichansk le 20 juin.
Sur le reste du front ukrainien, les lignes ne bougent pas tandis que les frappes des missiles russes continuent de frapper les infrastructures militaires et logistiques ukrainiennes jusque loin à l'intérieur du pays, près des frontières polonaises.
A noter une sensible diminution des bombardements ukrainiens sur Donetsk, malgré de nouvelles victimes dont une enfant de 5 ans et une quasi disparition des munitions de 155mm que l'on peut expliquer soit par un ordre donné de ne pas utiliser des aides occidentales pour bombarder des civils, une pénurie de munitions, des destructions de batteries ou un redéploiement des batteries vers le Nord, dans le secteur de Kramatorsk.
On ne peut que constater que les occidentaux intensifient les faits et gestes pour jeter de l'huile sur le feu de ce conflit russo-ukrainien qui ne concerne pas leurs populations prets à les entrainer dans une spirale infernale et juste pour des intérêts géo stratégiques et militaro-industriels étasuniens.
Tant sur le plan tactique avec cette bataille de Lisichansk qui va être confirmée ou infirmée, sur le plan stratégique avec une recrudescence de frappes par missiles russes Iskander, sur le plan diplomatique avec la crise russo-lituanienne autour de l'exclave de Kaliningrad, sur le plan international avec le sommet de l'OTAN fin du mois et de la question de l'intégration des Finlande et Suède etc... les prochains jours vont continuer à apporter leurs lots de tensions bellicistes alors que s'éloigne au delà de l'horizon la perspective d'une quelconque désescalade.
Erwan Castel