Avis de désastre force 10 !

Les opérations militaires dans le Nord Donbass au jour le jour : 24 juin 2022

Le visage de ce soldat ukrainien illustre et résume la situation des forces de Kiev
dans ce bastion de Severodonetsk / Lisichansk et que semblent vouloir sacrifier
un pouvoir politique ukro-atlantiste de plus en plus critiqué par son Etat-Major.

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Dernière minute !

L'Etat Major ukrainien aurait donner l'ordre,  ce 24 juin 2022, à ses unités encore à Severodonetsk de se replier sur Lisichansk. Changement de chaudron !

Severodonetsk : "Fin de partie !"

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La situation du front Nord Donbass, qui avait stagné pendant à peu près 1 mois (hormis quelques villages libérés sur la ligne de contact) vient de précipiter plus en avant les forces ukrainiennes du bastion de Severodonetsk / Lisichansk vers leur anéantissement total par des offensives russes avançant derrière le rouleau compresseur démesuré de leur artillerie et aviation.

A peine achevé le précédent rapport de situation annonçant l'imminence de l'encerclement de Lisichansk ce qui scellerait avant qu'elle ne commence l'issue de sa bataille, de nouvelles progressions rapides des forces russes et alliées sortant du saillant de Popasnaya ont pris le contrôle de plusieurs localités situées au Sud du bastion. Après la fermeture hier de la poche de Zolotoe, un nouveau chaudron à Lisichansk, et non des moindres car il concerne le sort de près de 18 000 hommes soit 20 % minimum du corps de bataille ukrainien du Donbass, porterait un coup terrible aux forces ukrainiennes dont la santé physique et morale sont de plus en plus vacillantes.

Progressions russo-républicaines des 22 & 23 juin 2022
Les forces alliées sont arrivées aux portes Sud de Lisichansk et les dernières routes
rejoignaient Slaviansk sont sous le feu de l'artillerie russes et très bientôt coupées

L'offensive des troupes russes dans le front Nord Donbass est sans précédent car c'est une fusion permanente des appuis feux et des drones d'observation au profit d'une infanterie mécanisée qui désormais interagit dans les 3 dimensions du champ de bataille (qui avait déjà commencé ponctuellement sur certaines batailles urbaines en Syrie par exemple), avec une efficacité accrue des préparations d'artillerie. 

Le duo drone / artillerie en action contre 
des positions ukrainiennes dans le secteur 
de Voronove au Sud Est de Severodonetsk.
 
Même si cette numérisation du champ de bataille demande encore de diversifier et spécialiser les drones ainsi que de mettre en place de nouvelles chaines de communications horizontales et plus rapides entre les unités de l'avant et les appuis de l'arrière, nous assistons réellement à une révolution dans le domaine opératif qui progressivement va laisser de plus en plus la ligne de contact "aux mains" de robots de combat aériens et terrestres.

En attendant l'Etat Major russe rend encre plus efficace son vieux rouleau compresseur d'artillerie grâce aux renseignements précis et fournis en temps réel par ses escadrilles de drones.

Ecrasement de positions ukrainiennes avant 
un assaut sur Toshkivka, au début de juin.
Les forces ukrainiennes ayant encore envie de se battre sont obligées de se refugier au plus profond des zones urbaines comme par exemple dans les labyrinthes de l'usine bétonnée d' "Azot" à Severodonetsk ou dans les zones boisées dans lesquelles ils peuvent encore camoufler leurs déplacements.

La plupart des derniers chars de combat 
ukrainiens de Severodonetsk sont planqués 
dans les bâtiments de l'usine "Azot attendant
le dernier assaut russe sur leurs positions.
Plus au Sud-Est de Severodonetsk, les quelques 
zones boisées entourant la ville offrent des zones 
où peuvent encore s'accrocher des combattants 
ukrainiens dans des ultimes combats avant leur 
destruction, leur retraite où leur reddition inévitables

Un effondrement ukrainien exponentiel

Qu'il soit tactique avec l'abandon progressifs de leurs positions, physique avec des pertes quotidiennes effroyables ou moral avec des redditions sans combattre, des désertions et même des suicides, l'effondrement ukrainien du bastion de Severodonetsk / Lisichansk est d'autant plus catastrophique pour Kiev qu'il menace d'être viral très rapidement et miner les capacités opérationnelles et morales restantes ici et là sur le front ukrainien.

Soldats et officiers ukrainiens de la 1ère compagnie du 74e bataillon territorial (secteur
de Voronove) : "Nous avons le sentiments qu'ils veulent se débarrasser de nous"

Plus au Sud, la réduction du chaudron de Zolotoe / Gorskove est quasiment terminée, le Nord et le centre de la ville état désormais sous le contrôle des forces républicaines de Lougansk. Au cours des opérations militaires des dernières 24 heures les forces ukrainiennes de ce secteur se sont très rapidement rendus aux forces alliées et souvent sans combattre. De nombreux prisonniers ukrainiens ont été faits dans les zones libérées mais il semble qu'une partie de la garnison ait pu s'exfliter vers Lisichansk avant la fermeture du chaudron les 20 et 21 juin 

Prisonniers ukrainiens dans le chaudron de Zolotoe

Le coup de gueule du Chef d'Etat-Major ukrainien

Le général Valery Zaluzhny
Devant l'effondrement accéléré de ses garnisons déployées à l'Est de Kramatorsk (chaudrons de Severodonetsk, de Zolotoe, encerclement de Lisichansk etc...) le général Valery Zaluzhny, Commandant en chef de ce qui reste des forces armées ukrainiennes a convoqué ce 23 juin  une réunion d'urgence du Conseil National de Sécurité et de Défense rue Bankovaya à Kiev, au cours de laquelle il a demandé instamment au président Zelensky de pouvoir retirer ses garnisons de la poche de Severodonetsk avant qu'il ne soit trop tard (je pense qu'il aurait dû plutôt le demander directement àu "big boss" Biden vu que l'Ukraine n'est plus qu'une colonie militaire de l'OTAN).

Zaluzhny veut apparemment abandonner la stratégie des bastions qui, devant leur écrasante supériorité ne parvient pas à l'attrition souhaitée des capacités offensives russes pour s'orienter sur une défense de manœuvre mais dont il reste à trouver les moyens. 

Ce n'est pas la première fois qu'à Kiev la logique opérationnelle militaire se heurte à l'obstination irrationnelle politique. Reste à savoir jusqu'où peut aller cette confrontation....

Quitter Lisichansk, malgré de probables pertes lors de l'exfiltration, permettrait certainement de sauver plusieurs milliers de soldats ukrainiens et surtout plusieurs centaines de mercenaires MAIS cela précipiterait aussi une défaite tactique, une défaite politique et accélérerait la chute du corps de bataille ukrainien dans le Donbass. 

La présence de nombreux mercenaires étrangers
dans le bastion de Severodonetsk-Lisichansk peut
inciter le pouvoir de Kiev qui a besoin de l'appui de
l'OTAN dont la Légion Internationale pour l'Ukraine 
est un élément, à ne pas les sacrifier inutilement 
dans une bataille dont la défaite est déjà actée.

Et quand bien même cette retraite serait ordonnée pour Lisichansk je doute que Kiev abandonne les bastions de Slaviansk-Kramatorsk, ceux de Marinka, Avdeevka, Artemovsk etc. car cela reviendrait à capituler et donc à désobéir aux ordres du Pentagone. 

Quant à la "stratégie de manœuvre" évoquée par le général Zaluzhny, elle nécessite des moyens offensifs, des réserves et une logistique très favorables dans un rapport de forces qui n'existe pas sur le front du Donbass où l'Etat Major russe a concentré la majorité de ses groupes bataillonnaires tactiques et dispose renforcés par les corps d'armée des républiques de Donetsk et Lougansk. En revanche il n'est pas exclu de voir les forces ukrainiennes tenter une manœuvre importante sur un autre front, du côté de Kherson par exemple, pour vouloir reprendre l'initiative et imposer une réarticulation des pièces russes sur l'échiquier.

Dans tous les cas de figure je doute que Kiev parvienne à stopper l'hémorragie ukrainienne, entre les pertes subies, les territoires perdus et les réfugiés qui resteront à l'étranger.


En conclusion

L'évolution du front Nord du Donbass est certes en train de donner un net avantage aux forces russes et républicaines, mais il ne faut pas pour autant lui donner une importance exagérée car même si c'est une étape importante sur le chemin de la défaire militaire ukrainienne, elle ne sera cependant, après la libération de Lisichansk, qu'une victoire tactique pour Moscou et également politique pour Lougansk à ne pas confondre avec une victoire finale qui est encore loin d'être actée.

Parmi les options possibles on peut penser que l'Etat Major ukrainien évacue Severodonetsk mais se maintienne à Lisichansk, sachant que si les Lance Roquette Multiples étasuniens arrivent à Kramatorsk et si il y survivent aux frappes russes ils pourront alors harceler l'encerclement de Lisichansk. Beaucoup de si révélant un nouveau fantasme ukro-atlantiste.

La guerre est loin d'être terminée, sauf bien sûr, un changement radical de pouvoir à Kiev, et la libération inévitable du Donbass pourrait même laisser ensuite la place à une nouvelle ligne de front russo-ukrainienne figée pendant plusieurs années, à l'instar de celle vécue dans le Donbass pendant 8 ans

Erwan Castel

Pour rappel, les précédents SITREP de ce secteur du front :

SEVERODONETSK-LISICHANSK


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