Photos du 14 juin
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Sur le polygone de Torez, nous enchainons les exercices par arme servie, et le chemin vers les pas de tirs nous est désormais familier... et surtout la chaleur qui y règne malgré le vent.
Vendredi 14 juin 2019
Aujourd'hui, les snipers du bataillon sommes retournés "peaufiner" les réglages de nos optiques et s'entraîner au tir avec un vent de travers qui aujourd'hui poussait jusqu'à 50 km/h
Une matinée de concentration que nous avons terminée par un exercice de tir rapide avec 10 cartouches sur 10 silhouettes dynamiques apparaissant entre 300 et 500 mètres.
Ces distances correspondent à la réalité du front du Donbass, où les premiers avants postes ukrainiens sont souvent à 100/200 mètres d'une première ligne qui s'organise sur un maillage de casemates et tranchées d'une profondeur de 500 mètres.
L'attente immobile sur le pas de tir n'est pas sans rappeler ces longues heures d'attente sur le front, heureusement dans des endroits plus ombrés, à observer sans être vu, s'efforçant de maintenir sa concentration en mémorisant le moindre monticule de terre sac de sable posé sur le rebord d'une fenêtre, ou volute de fumée trahissant une position ennemie et une cible potentielle.
Ici sur les pas de tirs tracés au cordeau la concentration n'est bien sûr pas la même mais l'émulation existant dans notre groupe de snipers remplace la tension habituelle que le danger inocule au tireur isolé...
C'est pourquoi l'ambiance est décontractée malgré le cadre strict et réglementaire regnant sur le champ de tir (contrôleurs, directeurs de tirs, radios et fanions, perception signées des munitions et réintégration des étuis etc...)
Contrairement au cycle militaire habituel "incorporation, formation, entraînement, combat", ici la grande majorité des volontaires sont déjà des vétérans ayant reçu le baptême du feu sur le front du Donbass et même, pour les "anciens", sur d'autres théâtres d'opérations comme la Géorgie, la Tchétchénie. Et la formation reçue apparaît alors beaucoup plus qu'une simple normalisation professionnelle d'unités qui hier encore étaient des milices populaires disparates et improvisées, mais l'occasion également de partager des expériences individuelles servant à élever le niveau opérationnel de tous.
Au début de l'après midi et des fortes chaleurs, nous retrouvons l'ombre de nos casernements pour un repos avant le prochain exercice...
Erwan Castel
Les autres extraits de mon journal du front, le lien ici : Journal du front