Photos du 13 juin

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La météo poursuit son chemin vers la canicule et ce matin lorsque nous montons dans les camions, le mercure caresse déjà les 28°, sur ce polygone de Torez où notre bataillon au complet réalises des exeercices et entrainements oparationnels.


Jeudi 13 juin 2019

Blin, qui a désormais atteint la silhouette d'un jeune chat ambitieux, attend patiemment affalé dans la chaleur du jour que les ombres du soir l'invitent à sortir du baraquement.

Nous arrivons sur le "polygone" pour des exercices de tirs par spécialité (fusil d'assaut, fusil à lunette, mitrailleuses, lance roquettes... ), tandis qu'à côté de nous des chars de combat s'entraînent sur des vielles carcasses de véhicules ukrainiens ramenés de la ligne de front....


Puis c'est le retour vers le camp, où nous attendent nos gamelles et nos écouvillons de nettoyage, de l'eau fraîche et un nouveau plongeon dans la vieille carrière inondée.

Alors que nous sommes pourtant au coeur de notre fonction militaire, la guerre pour laquelle nous portons ces uniformes de volontaires s'est éloignée de notre horizon, et déjà il tarde pour beaucoup d'entre nous de retourner sur ce front qui est devenu notre sanctuaire et raison d'être...
Car sous nos uniformes bigarrés et nos visages mal rasés nous sommes nombreux ici à revendiquer être de ces "soldats du front", loin des gardes de salon, gamellards, chasseurs de breloques et autres courtisans du pouvoir et d'eux-mêmes.

Nous sommes des sentinelles veillant sur cette flamme de la Novorossiya, que menacent des tempêtes extérieures et intérieures.

L'Ukraine de Zelensky non seulement ne peut sortir de l'ornière du capitalisme libéral dans laquelle le Maïdan l'a précipité, mais, après l'échec de la force brutale sous Porochenko, tente aujourd'hui, dans un simulacre de changement politique, d'y entraîner à leur tour, par des diplomaties détournées et des affairismes rampants, les républiques populaires du Donbass...

Mais la conscience du Donbass exacerbée par la guerre ne peut être trompée par des discours faussement populistes. Les files d'attente incalculables devant les bureaux délivrant les passeports russes, tout comme les sentinelles veillant sans relâche sur les 400 kilomètres d'un front à nouveau en ébullition témoignent de la volonté d'en finir définitivement avec un Ukraine devenue folle et criminelle.

La liberté ne peut s'acheter avec du fric, surtout lorsque elle a été acquise avec le prix du sang !

En regardant le soleil décliner vers une Bretagne cachée dans mon coeur et la bas au loin derrière un horizon qui se nacre doucement je pense à cette époque étrange dans laquelle je suis né, où dans le chaos ambiant les espérances sont à la hauteur des inquiétudes qu'il provoque sous ses vagues de sang et de larmes.

Le navire du monde post-moderne craque de partout sous les tempêtes d'une marchandise déchaînée mais nous ne voulons pas l'abandonner, surtout avant la dernière bataille qui sera la plus belle, quelle qu'en soit l'issue...

Erwan Castel


Les autres extraits de mon journal du front, le lien ici : Journal du front

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