L'attente du soldat

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En écho au réchauffement du front à nouveau soumis à une escalade des tirs ukrainiens et des ripostes républicaines, des alertes viennent rythmer nos périodes de caserne, pour des monter sur un secteur tendu ou tout simplement... et le plus souvent pour attandre l'arme au pied que les combats nous appellent...


Dimanche 9 juin 2019

"Boevoene !", un appel retentit le long des couloirs d'un caserne assoupie par la chaleur de juin et, rebondissant de chambrée et étage il électrise les corps, redirigeant les gestes et les pensées vers le barda posé au pied de chaque lit. Sans précipitation les hommes enfilent leurs treillis de combat, gilets pare balles, brelages et casques avant de boucler un sac déjà prêt et gonflé de munitions et de vivres, de vétements et d'équipements divers jusqu'à la gamelle et le rouleau de PQ réglementaire...

Depuis toutes ces années passées au service du front, les hommes sont rompus à ces alertes et moins de 10 minutes plus tard la compagnies est rassemblées "au cul des camions" et au milieu d'un amoncellement de sacs, d'armes, de caisses de vivres et de munitions, de postes de tir AGS (lance grenades automatique) et mitrailleuses lourdes sur affut roulant etc... formant une jungle de matériels et d'hommes au ileiu de laquelle un adjudant de compagnie français aurait une crise d'apoplexie sévère. 

Mais ici, le miracle de l' "opolcheny" (la milice populaire) est encore opérationnel et là où "vache ne retriuverait pas son veau" chacun ici retrouve ét son casque et son arme et son comlément de vivres ou de munitions... 

Un fois les hommes et les équipements contrôlés nous repartons vers nos chambrées retrouver nos activité de service ou de repos, sans oublier de rendre visite à notre cantine dont les menus ferait rougir plus d'un restaurant de Donetsk (ce soir par exemple un plat copieux du traditionnel plov ouzhbek).

Puis commence l'attente, cette fidèle compagne du soldat qui forge son calme mais peut aussi émousser sa rigueur et vigilance; aussi nous en profitons pour contrôler une nouvelle fois nos équipements, ajuster nos gilets de combat ou nettoyer encore les optiques de nos armes avant de se reposer habillés dans des chambrées aux portes et fenêtres grabdes ouvertes sur la chaleur de juin...

Ces attentes occupent certainement la majeure partie de la vie du soldat : attente à la caserne, attente plus tendue dans les tranchées, attente, attente, attente qu'exacerbe en plus cette guerre étrange enlisée au fond de ses tranchées. et l'attente du soldat enchainé à son barda est souvent aussi longue et lourde qu'est éphémère et intense la fulgurance d'un combat donné ou d'un bombardement reçu. 

Mais c'est aussi dans ces moments où les sens guettent ce moment incertain où l'âme et le corps basculeront vers l'inconnu que l'esprit mesure combien la patience est bien "la mère de toutes les vertus" !

Et me reviennent pour conclure cette évocation de l'attente cette prelière compagne du soldat cette citation du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, un de mes grands anciens:


“Le soldat connaît un combat intérieur dont il ne parle pas. 
Il y a d'abord ces interminables heures d'attente et de transport, 
l'anxiété, les tripes nouées, ces vagues pensées que l'on remue sur le destin, 
l'absurdité de la vie, sa fragilité; ces souvenirs que l'on écarte pour ne pas faiblir.”

Car l'attente du soldat du front, n'est jamais vide de sens !

Erwan Castel

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front

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