La carte blanche d'une guerre civile

"The Lensky" et son nouveau chef d'Etat Major, le général Rouslan Khomtchak

Tout homme, surtout lorqu'il est chef politique ne devrait pas être jugé à ses paroles mais seulement à ses actes qui souvent divergent voire contredisent le script initial...

Ainsi des beaux discours populistes de Zelensky et de ses premiers actes politiques concernant la guerre qui continue dans le Donbass à tuer quotidiennement. Et la nomination du général Rouslan Khomtchak à la tête des armées ukrainiennes révéle ce qui se cache derrière les belles promesses de la marionnette étasuinienne de Kiev : un "changement dans la continuité", que son armée confirme depuis par une nouvelle augmentation de ses bombardements contre le Donbass.


La situation militaire

Au cours des précédentes 24 heures, le front a connu une nette augmentation des tirs ukrainiens. Sur le seul territoire de la République Populaire de Donetsk, les forces de Kiev ont tiré pas moins de 579 obus au cours de 23 violations du cessez le feu. 

Les principaux secteurs touchés sont ceux d'Aleksandrovka (Sud Donetsk), d'Oktyabrsky et de l'aéroport (Nord Donetsk) où notamment la mosquée a été prise pour cible au moment d'une fête religieuseSpartak (Est aéroport), Mineralnoye (Nord de Donetsk), mais aussi de nombreux autres villages tComme ceux de Shirokaya Balka, des mines d’Izotov et de Gagagrin et le village de Mikhailovka en périphérie de Gorlovka (Nord de la RPD) ainsi que Kruta Balka et Vasilyevka sur le front de Yasinovataya (Nord de Donetsk), où la station de traitement et distribution d'eau potable de la région a de nouveau été la cible des ukrainiens. Au total ce sont 11 villages et districts urbains qui ont été la cible des forces de Kiev.

Sur le front de la République Populaire de Lugansk dont je reconnais et regrette ne pas pouvoir évoquer plus souvent la situation, les tirs ukrainiens sont également en augmentation (6 violations sur 4 secteus enregistrés la journée précédente) dans de nombreux secteurs comme par exemple ici, à Zoloto au Nord de Lugansk :


Et toujours éloignées des beaux discours du nouveau président ukrainien Zelensky, les troupes ukrainiennes continuent leurs pressions offensives dans "la zone grise", cette espace interlignes sensé resté neutre et démilitarisé, comme par exemple ici toujours dans ce secteur de Zoloto 5 en république de Lugansk :



Une perversité Zelensky "made in Kolomoïsky"

Cette énième escalade de la situation militaire dans le Donbass n'est pas nouvelle et tout comme les sempitrernelles réunions autour des accords de Minsk qui la syncopent régulièrement, elle ne fait que confirmer que la version Zelensky du pouvoir ukrainien reste dans une collaboration directe avec la stratégie du chaos menée par l'impérialisme occidental.

Il se pourrait même que le nouveau président ukrainien impulse, après des discours introductifs, pacifistes et fallacieux, une radicalisation de la guerre menée contre le Donbass et notamment par la réactivation de la doctrine Kolomoisky, qui depuis son retour dans le pays étend à nouveau son ombre sur l'appareil d'Etat que dirige en apparence son poulain Zelensky.

Aujourd'hui, en plus du Président lui-même, des hommes de confiance de l'oligarque Kolomoisky, qui est rappelons-le parrain de plusieurs bataillons spéciaux néo-nazis, commencent à faire leur apparition dans les rouages de l'Etat ukrainien, ainsi de ce général Khomtchak, qu'il serait selon moi imprudent de résumer à la médiocrité de son commandement ayant mené l'armée ukrainienne à des défaites importantes (comme Iliovaisk par exemple), tant sa nomination actuelle est plus politique que militaire.

Rouslan Khomtchak pourrait bien être l'artisan militaire de cette nouvelle stratégie ukrainienne dans le Donbass après que la brutalité de celle de Porochenko ait échouée, autant battue par la résistance des défenseurs du Donbass, l'incompétence des forces ukrainiennes que le discours primaire d'une propagande prétendant à tout bout de communiqué que l'armée russe avait envahi l'Ukraine. Car prétendre faire la guerre contre les forces régulières d'un pays tiers afin de rechercher victimisation et soutiens étrangers relève aussi du droit international, de la médiation étrangère et exclut par définition les civils dans la définition du conflit sur le quel un droit de regard diplomatique est exercé à toutes les actions menées.
Il faut donc pour Zelensky requalifier le conflit pour tenter de paralyser une ingérence russe et même internationale et ainsi donner carte blanche à des opérations qui rentreront dans les définitions de l'ONU juste comme des opérations de "maintien de l'ordre" dans des républiques populaires certes autoproclamées mais pas encore reconnues par la Russie.

Voilà pourquoi Zelensky, loin d'opérer un changement de cap vers la paix semble revenir au contraire vers le narratif initial post-Maïdan, celui qui a généré les massacres d'Odessa ou de Mariupol et déclenché cetrte "Opération Spéciale Antiterroriste" dont l'ennemi désigné est la population du Donbass dans son ensemble et exclusivement, ce qui place officiellement la résolution du conflit dans le domaine de la "sécurité intérieure"(d'où également la réaction du Kremlin d'offrir la naturalisation russe aux habitants du Donbass, ce qui leur redonne, en plus de l'amorçage d'une inétégration souhaitée, une identité internationale).

Voyons pour confirmer cette hypothèse les dires du général Khomtchak, ici analysés par Karine Bechetr Golovko.


Erwan Castel



Le lien de l'article : Russie Politics 

Quand l'Ukraine reconnaît que 
le conflit dans le Donbass est une guerre civile


Karine Bechet Golovko

Le nouveau président ukrainien a débuté ses nominations. Pour l'instant, l'on retrouve dans sa nouvelle administration essentiellement des proches de l'oligarque Kolomoïsky et ses proches du show-business. Avant de revenir sur la composition de l'équipe de Zelensky lorsqu'elle sera complète, arrêtons-nous un instant sur les toutes récentes déclarations de son chef des armées, le général Khomtchak, principalement devenu célèbre pour l'échec sanglant d'Ilovaisk en 2014, où il a abandonné ses hommes après les avoir conduits au massacre. Ce grand stratège vient, en revanche, de reconnaître que le conflit dans le Donbass est une guerre civile. Revenons sur ses déclarations.

Rouslan Khomtchak, le nouveau chef des armées ukrainiennes est un militaire de carrière. Ses liens avec l'oligarque Kolomoïsky, qui se tient dans l'ombre de Zelensky, ont été tissés en 2013, lorsqu'il a pris la tête de la garnison de Dniepropetrovsk. Lors de la phase chaude du conflit dans le Donbass, Khomtchak était à la tête des troupes situées à l'Ouest de Donetsk et a personnellement dirigé les opérations lors du désastre militaire pour l'Ukraine de Ilovaïsk en 2014. Depuis 2016, il est à la tête de l'armée de terre.

Sa nomination comme chef des armées n'est certainement pas due à ses grands exploits militaires, plutôt à sa bonne ligne idéologique et à ses relations avec Kolomoïsky. Afin qu'il n'y ait pas d'espoir déplacé quant à une possible évolution vers un règlement pacifique et politique de la situation dans le Donbass, voici ses premières déclarations, qui ne laissent place à aucun doute.



  • "Nous n'étions moralement pas prêts à tirer sur les nôtres. C'était une barrière psychologique sérieuse qu'il fallait dépasser. Aujourd'hui ces parachutistes font preuve de courage!"
Donc  le général Khomtchak reconnaît que la guerre dans le Donbass est une guerre menée contre les siens, pas contre une armée étrangère. C'est bien une guerre civile.

Mais justement, "les siens" sont devenus pour Kiev des "terroristes", sur lesquels il est donc justifié de tirer : 




  • "Ils ont réussi à dépasser cette barrière psychologique, quand ils ont compris qu'autrement il n'y aurait plus de pays. Contre nous se battent non seulement des terroristes, mais une armée bien équipée, parfois mieux que la notre. Nous avons dépassé ce moment où nous nous sentions contraints. Maintenant, rien ne nous contraint. Ce qui est important est que les terroristes marchent en arrière, qu'ils reculent. Ce qui signifie que nous agissons correctement."
Le général à la tête des armées ukrainiennes déclare donc que Kiev ne considère plus les habitants du Donbass comme leurs concitoyens, mais comme des terroristes, donc l'ennemi qui met la "Patrie post-Maïdan" en danger. Il faut donc les écraser. Autrement dit, les forces armées ukrainiennes ont été reconditionnées, les soldats n'ont plus aucune barrière morale, ce que manifestement ce pouvoir considère comme une grande victoire.

Il me semble que tout commentaire est inutile. 


Karine Bechet Golovko

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