Photo du 11 juin

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Au milieu de la nuit, notre bataillon a fait mouvement vers l'Ouest de Donetsk, au coeur de cette région minière symbolique de Torez, une ville de 55 000 habitants dont le toponyme soviétique rend hommage à Maurice Thorez, l'homme politique français qui dirigea le parti communiste de 1930 à sa mort survenue en Mer Noire en 1964.

Npous rallions pour plusieurs semaines le "Polygone" Nord de la République Populaire de Donetsk, un terrain de manoeuvres et d'exercices interarmes permettant aux unités de défense d'améliorer leurs capacités opérationnellles et de réaliser des exercices communs grandeur nature.


Mardi 11 juin 2019

Dès les premières lueurs du jour, un soleil de plomb s'abat sur la steppe, et le vent peine à freiner les degrés qui galopent et bondissent avant le zenith par dessus la barre des 30° comme de folles antilopes humant le lion dans le vent des inquiétudes. 

Mais ici, ce n'est pas la savane africaine qui nous entoure mais cette steppe riveraine de la Mer Noire et dont les hommes remuant depuis des siècles la terre toit aussi noire ont bousculé la monotonie du paysage, sous les galops de leurs chevaux ou les éventrements de leurs pioches. 

Et dans la sueur et le sang des mineurs du charbon, un relief est né dans le morne paysage du Donbass, semant des bornes quasi pyramidales dont les croissances lentes er continues rappelent les boyaux invisibles creusés par les gueules noires dans le royaume d'Hadés.

Lorsque la guerre s'abat en 2014, cette région parsemée par les terrils noirs des mines et les dômes dorées des églises orthodoxes, refuse la russophobie agressive vomir par le coup d'Etat du Maïdan et la région de Torez, des mars 2014 entre en résistance.

De violents combats vont secouer cette région pendant l'été 2014, labourant à force chars et bombardements la sérénité du paysage et de ses habitants. Mais le pire arrive le 17 juillet de la même année lorsque les ukrainiens, volontairement ou accidentellement abattent en plein vol le MH 17 de la Malaysian Airlines faisant 298 tués dans son crash survenu près de Torez. Et le nom de cette ville minière redevenue tranquille depuis la retraite vers la Nord des forces ukrainiennes début 2015 ne cesse de revenir dans la polémique politico juridique dans laquelle les ukrainiens et leurs parrains occidentaux essayent d'accuser Moscou du crash du MH17.

Aujourd'hui le vent venu reconforter les arbres et les hommes asséchés par le soleil rapporte les grondements tranquilles des mines de charbon, des usines métallurgiques bornant devant nous le paysage, mais aussi ceux des chars et véhicules blindés qui s'entraînent ici dans des tournoiements de poussière...

La guerre qui continue au delà de l'horizon reste roujours présente dans les esprits....

Erwan Castel

Les autres extraits de mon journal du front, le lien ici : Journal du front

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