La Turquie jette de l'huile sur le feu
Ankara vend des drones de combats ultra modernes à Kiev
Cette année 2018, l'armée ukrainienne a intensifié ses attaques à l'aide de drones d'observation modifiés pouvant larguer des charges explosives diverses, de la grenade défensive à l'obus de mortier, accrochées dans l'axe de la caméra d'observation.
Et ces bombardements ukrainiens, qui représentent de nombreuses violations des accords de Minsk mais aussi de la convention de Genève (cessez le feu, objectifs civils, zone d'exclusion aérienne etc.), s'ils restent impunis jusqu'à ce jour par les autorités internationales (comme tous les autres crimes de Kiev) semblent être arrivés à terme de leur évolution et emploi, du fait essentiellement des capacités limitées (altitude et charge emportée) de ces petits drones conçus initialement pour l'observation, de leur manque de précision et surtout de leur destruction en vol de plus en plus importante réalisée par les unités de défense républicaines.
Un des derniers bombardements ukrop réalisé
ce mois ci sur des civils de Panteleimonivka
Malgré ces interdictions et ces échecs, le commandement ukrainien a décidé de poursuivre cette tactique de bombardement aérien mais cette fois en lui dédiant des drones de combat spécialement conçus pour cibler et détruire des objectifs, et les regards des criminels de Kiev se sont tournés vers le drone tactique Bayraktar TB2 développé et exporté par la Turquie et dont l'accord de vente à l'Ukraine, après 2 ans de discussions, a été finalisé lors de la visite du Président Porochenko à Ankara. les 3 et 4 novembre derniers.
Lors de cette finalisation du contrat d'équipement de l'armée ukrainienne de ce drone de combat turc, le ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, le premier secrétaire adjoint du Conseil de la sécurité nationale et de la défense, Oleg Gladkovsky, qui accompagnaient Porochenko à Ankara ont même évoqué avec Pavlo Bukin, le Président du consortium lé au ministère de la Défense ukrainien de localiser une unité de production de ces drones tactiques Bayraktar TB2 au sein de l'entreprise d'État "Antonov".
L'acquisition, le développement de ce type d'arme par le régime ukrainien risque fort de radicaliser et d'intensifier les provocations offensives de son armée déployée sur la ligne de front du Donbass et engager là aussi une nouvelle escalade entre Kiev et Moscou.
Le drone tactique Bayraktar TB2
Cet "UAV" turc moderne est un engin important d'une longueur de de 6,5 m et d'une envergure de 12 m pesant 560 kg et capable d'emporter une charge utile de 50 kg sur un rayon d'action de 150 km à une vitesse de 222 km/h (vitesse de croisière : 130 km/h)
Ce drone tactique qui a battu le record du monde des véhicules aériens de sa catégorie en 2014 en volant à 8000 mètres d'altitude pendant plus de 24 heures. Mais surtout il peut transporter et délivrer des missiles antichars et des bombes aériennes dont les performances de tirs ont été confirmées en 2015 et 2016 lors des tests UMTAS et lors de leurs engagements opérationnels récents dans des combats menés en Syrie contre des kurdes.
Un des tests en vol du drone Bayraktar TB2
L'utilisation de ce type de drone tactique dans des missions offensives dans le Donbass risque de bousculer une situation déjà tendue par les violations exponentielles des accords de Minsk l'armée ukrainiennes.
Le contrat initial qui vient d'être signé entre Kiev et Ankara porte sur l'acquisition par l'armée ukrainiennes de 2 complexes aériens sans équipage (BAC) composés chacun de 3 drones tactiques de reconnaissance et de frappe «Bayraktar TB2» et d'une station mobile radio électronique pour piloter les drones et réceptionner les informations de son système de visée optique-électronique embarqué (de type MX-10/15). L'accord initial prévoit également la livraison de 200 missiles guidés MAM-L de haute précision (versio nair-sol des missiles tactiques / antichar polyvalents L-UMTAS).
Station radar et de pilotage du complexe «Bayraktar TB2» vendu à Kiev par Ankara |
Une menace sérieuse pour les républiques du Donbass
Ces nouveaux drones de combat s'ils n'ont aucune chance de passer le bouclier de défense antiaérienne russe installé sur les côtes de la Mer Noire et à bords de navires de la flotte russe risquent par contre de présenter une menace sérieuse pour les républiques populaires de Donetsk et Lugansk :
- En effet de par son plafond pratique situé entre 6500 et 7000 m (avec réservoir à 80%) le drone Bayraktar TB2 sera hors d'atteinte de la majorité des systèmes de défense antiaériens républicains qui avec les missiles portatifs "Igla" ou les complexes "Strela 10M et "Osa AK" ne couvrent qu'une espace entre 2000 et 5000 mètres.
- Ensuite les munitions MAM-l («Smart Micro Munition") de petite taille, larguée dans un tube composite d'un diamètre de 16 cm et d'une longueur de 1 m sont difficilement détectables par les vieux radars en service dans le Donbass républicain du fait de sa faible surface d'écho (environ 0,005 m2.
Donc, lorsque ces 6 premiers drones tactiques et leurs 2 stations de commandement vont être déployés sur le front du Donbass, cela risque de provoquer une nouvelle escalade entre Kiev et Moscou en forcant la Russie a fournir aux forces républicaines des moyens efficaces de parer leurs attaques (batteries de missiles sol-air adaptées et/ou moyens de contre-mesures électroniques).
Cette nouvelle vente d'armes offensives à l'Ukraine russophobe par le Turquie pose aussi la problématique sensible des es relations troubles menées par Ankara dans la région avec un Président Erdogan versatile qui veut rester assis entre la chaise de membre de l'OTAN et celle de partenaire privilégié de la Russie au Moyen Orient.
L'Ukraine de son côté a très peu communiqué sur cette acquisition des drones tactiques turcs de reconnaissance et de combat aux conséquences militaires mais aussi diplomatiques importantes, certainement dans l'intention de préserver au maximum "l'effet de surprise" lors de leur première apparition sur le front du Donbass.
Affaire à suivre...
Erwan Castel
Articles référence :