Bilan de la provocation de Kertch


Rappel des faits : le 25 novembre 2018 matin 3 unités militaires navales ukrainiennes, en violation de du code maritime international qui exige une déclaration et autorisation préalable entre les services frontaliers des pays concernés, ont voulu forcer  le passage du pont de Kertch, situé dans les eaux territoriales russes. Les gardes-frontières maritimes russes, après de nombreux avertissements ignorés par la marine ukrainienne ont alors fait légitimement usage de la force pour bloquer le passage à ces navires. (^pour les détails, voir l'article précédent "Alerte en Mer Noire" et ses mises à jour

Aujourd'hui les preuves que cet incident est le fruit d'une provocation ukrainienne apparaissent comme le nez au lieu d'un visage comme par exemple les témoignages des marins ukrainiens (toujours détenus par les autorités russes) et qui révèlent que les agents du SBU embarqués avec eux dirigeaient l'opération navale.

Vidéo de l'éperonnage du remorquer d'assaut ukrainien qui 
voulait forcer illégalement le passage dans les eaux territoriales russes

Dans la foulée un raz de marée prévisible de réactions ukrainiennes et occidentales a été déclenché pour accuser la Russie d'avoir provoquer un "Casus Belli" en Mer Noire. Parmi les réactions ukrainiennes principales, en dehors des vociférations russophobes habituelles d'ukropithèques s'agitant devant l'ambassade de Russie à Kiev, c'est la demande immédiate du Président Porochenko d'instaurer la loi martiale en Ukraine qui attire l'attention et soulève le voile sur les motivations réelles de cette provocation grossière... 

Car il est à noter qu'au plus fort des combats en 2014 et 2015 (combats de Slaviansk, chaudrons d'Iliovaisk et de Debalsevo par exemple) provoquant des centaines de pertes dans les rangs ukrainiens "officiellement" causés par des unités russes selon la propagande ukrainienne, le Président Porochenko n'a jamais instauré de loi martiale ni même évoqué cette possibilité. 

Qu'est ce qui a changé depuis 2014 ?

Il ne faut certainement pas regarder du côte de Donetsk et Lugansk où la guerre reste enlisée par les accords de Minsk dans les tranchées du Donbass mais plutôt du côté de Kiev où se déroule la course électorale pour les élections présidentielles ukrainiennes de mars 2019.


Échec de la provocation ukrainienne à Kertch


Lorsque les 3 unités navales ukrainiennes veulent forcer le passage après avoir refusé d'obtempérer aux injonctions des gardes frontières russes, la nature de leur mission suicide est plus qu'évidente : provoquer les forces russes et les obliger a engager le feu contre elles.

L'idéal pour Kiev aurait été que les barcasses ukropithèques soient coulées brutalement dans des eaux rougies par le sang de ses marins sacrifiés sur l'autel de la russophobie.

Or il n'en a été rien, car les marins des services frontaliers russes et les soldats du FSB ont fait preuve d'un sang froid et d'une retenue professionnelles dans l'usage de la force provoqué par la violation de leurs frontières. Alors qu'ils pouvaient, et légitimement, envoyer par le fond bateaux et équipages ukrainiens en quelques minutes, les russes ont procédé à un blocage non létal et même risqué pour le "Don" leur propre patrouilleur. Plus tard devant l’entêtement des marins ukrainiens la saisie de leurs unités s'est déroulé avec seulement 6 blessés dans leurs rangs qui ont été immédiatement pris en charge par les services médicaux russes.

Et pour clore la gestion de crise exemplaire des autorités russes, ces dernières qui étaient en droit de saisir définitivement des navires ukrainiens et même de les détruire les ont saisi et maintenu à quai en attendant une négociation pour leur éventuelle restitution peut-etre en échange des bateausx de commerce russes saisis par Kiev (comme le "Sever" par exemple)

Si l'incident provoqué par Kiev a inévitablement eu lieu, en revanche Moscou en a pris immédiatement le contrôle pour que ses objectifs suicidaires ne puissent atteindre les sommets de la crise internationale espérée par Porochenko. 


Échec de Porochenko au parlement ukrainien


Immédiatement, Porochenko faignant la victimisation dans une inversion accusatoire russophobe a évoqué l'instauration de le loi martiale dans le pays. Cette précipitation et dramatisation d'un incident frontalier et des réactions envisagées pour un incident qui n'est pas une nouveauté dans l'histoire des contestés frontaliers à travers le Monde révèle d'une part qu'il s'agit bien d'une provocation ukrainienne programmée et que ses objectifs sont plus du côté de Kiev que de Moscou ou même la Crimée.

Concernant cette idée d'appliquer la loi martiale à l'Ukraine, l'opposition au Président Porochenko, et malgré une russophobie hystérique partagée, a immédiatement compris son objectif politique qui est de vouloir neutraliser voire même d'annuler les élections présidentielles ukrainiennes pour lesquelles le Président sortant est loin d'être le challenger.
Et la réaction de Yuri Kasyanov, qui a annoncé récemment être candidats aux élections présidentielles, résume à elle seule le dessous de cet incident de Kertch : "Il me semble que les événements survenus près du pont de Kertch ne sont pas une provocation de la Russie contre l'Ukraine, mais une provocation du pouvoir de Kiev contre le peuple ukrainien. A première vue, tout ce qui s'est passé ne semble être qu'une opération bêtement planifiée et une autre manifestation de la lâcheté". 

Résultat, le parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, soucieux de ne pas voir son hémicycle se transformer encore en ring de boxe, a adopté le 26 novembre, mais de façon partielle, cette loi martiale en Ukraine appuyée par le Président Porochenko par 276 voix pour (sur 424 députés), avec des aménagements dans les contraintes et les territoires d'application qui montrent bien qu'il s'agit plus d'une nouvelle gesticulation russophobe de principe, destinée à ne pas faire perdre la face au pouvoir en place tout en discréditant sa provocation grossière qui ridiculise plus l'Ukraine qu'elle ne la victimise. 

Extrait du discours de Porochenko après révision à la baisse de son projet d'instaurer la loi martiale : "Sur la base des résultats de la discussion, il est supposé que la loi martiale sera introduite exclusivement dans les régions situées le long de la frontière russe, le long du segment transnistrien de la frontière ukraino-moldave et le long de la mer Noire et de la mer d'Azov - exactement là où une grève peut être frappée. Je tiens à lire une liste de ces régions, sur lesquelles les conditions de qualification sont clairement soulignées: il s'agit des régions suivantes: Vinnitsa, Louhansk, Nikolaev, Odessa, Soumy, Kharkov, ainsi que Chernigov, Kherson et les eaux intérieures de la zone d'eaux Azov-Kertch".


Mais il reste le joker occidental


Si le Président Porochenko a lancé une provocation dans l'espace maritime intercontinental de la Mer d'Azov plutôt que sur le front militaire du Donbass par exemple, c'est certainement parce que ce domaine est régit par des lois internationales maritimes et qu'il espérait, dans l'environnement d'une Crimée toujours non reconnue comme territoire russe par la communauté internationale, que cette dernière se précipiterait à sa suite dans une charge contre Moscou.

Et le Conseil de sécurité des Nations unies convoqué logiquement en urgence, va confirmer que l'incident sert effectivement la stratégie occidentale anti-russe qui s'exprime dans tous les domaines possibles aux quatre coins du globe et qui peut-être même a été l'inspiratrice de cette provocation pour protéger sa marionnette kiévienne et s'offrir encore un prétexte pour de nouvelles représailles économiques et militaires contre la Russie.

En effet ce Conseil des Nations Unies sous contrôle des occidentaux, alors que les faits accusent l'Ukraine dans l'incidents de Kertch, a bloqué la question de la Russie concernant la situation dans le détroit de Kertch, 7 membres ayant voté contre 4 pour et 4 autres se sont abstenus. 

Le représentant adjoint russe, Dmitry Polyansky, commentant la décision partiale du Conseil a déclaré qu'il regrettait les résultats du vote. Il a noté que le Conseil de sécurité mettait en péril sa réputation en appuyant la position de l'Ukraine dont les intentions réelles, qui sont mêmes reconnues au sein des milieux politiques d'opposition ukrainiens anti-russes, sont de saboter un processus électoral pour lequel Porochenko est en mauvaise position et exacerber le conflit qui sévit dans le Donbass depuis 5 ans bientôt.


Et du côté de l'OTAN...

Jen Stoltenberg, secrétaire Général de l'OTAN

Le soutien de l'OTAN au régime de Kiev est quant à lui encore plus virulent comme en témoigne la réunion d'urgence réalisée d'ailleurs dans la capitale ukrainienne pour symboliser par son lieu de quel côté sr positionne le bras armé du Mondialisme dans cette crise majeure.

Et là aussi les occidentaux vont montrer rapidement leur jeu dans cette affaire de Kertch. En effet après les discours diplomatiques de façade qui prétendent vouloir "maintenir le dialogue" en appelant  à une désescalade des tensions et un retour en Ukraine des marins et agents du SBU toujours prisonniers des services russes,  l’Alliance atlantique par la voix de son secrétaire général Jen Stoltenberg demande à Moscou de garantir aux navires ukrainiens la liberté de navigation dans le détroit de Kertch et la mer d’Azov. 

Or cette liberté de circulation des navires ukrainiens en Mer d'Azov a toujours été garantit par la Russie (y compris pour les unités militaires) a condition qu'ils se conforment aux procédures de navigation dans les mers intracontinentales telles que définies par les lois maritimes internationales, ce qui n'a pas été le cas le 25 novembre 2018.

Après cette accès de mauvaise foi, Stoltenberg, ce porte-flingue russophobe de la ploutocratie mondialiste, finit par se lâcher :

« La situation en Ukraine et autour, y compris la mer d’Azov, la mer Noire et la militarisation de la Crimée, a été évoquée maintes fois lors des réunions avec la Russie, déclare Jens Stoltenberg, le secrétaire-général de l’Otan. Nous avons même remis le sujet sur le tapis il y a quelques semaines lors du dernier conseil Otan-Russie. L’Otan a entrepris les plus importants des renforcements de sa défense collective depuis une génération. La Russie doit comprendre que c’est une conséquence de ses actions ».



Nous y voilà !!!

Et vient d'être à nouveau avoué le véritable but de la stratégie occidentale en Ukraine, ce "pivot stratégique de l'Europe" comme le rappelait le géopoliticien et conseiller spécial US Zbigniew Brzeziński, à savoir la militarisation atlantiste de cette région à cheval entre l'Eurasie et l'Occident.

Les buts inavoués mais évidents de la provocation de Kertch organisé par Kiev et certainement ses parrains occidentaux sont désormais confirmés :
  • Tenter de redorer le blason de Porochenko voire même de reporter les élections présidentielles 
  • Engager de nouvelles sanctions internationales anti-russes par les occidentaux et parallèlement de nouvelles aides financières aux mendiants de Kiev
  • Accélérer et renforcer la militarisation de l'Ukraine par l'OTAN malgré le fait qu'elle ne soit pas membre de l'alliance
et accessoirement :
  • exacerber les manifestations russophobes en Ukraine et chercher une union nationale favorable au régime actuel
  • et certainement radicaliser et relancer également les provocations de l'armée ukrainienne dans le Donbass.
Manifestation russophobe devant l'ambassde de Russie à Kiev à l'issue de l'incident de Kertch

En conclusion, si l'incident de Kertch a été littéralement un "coup d'épée dans l'eau" pour le "piètre" Porochenko, en revanche il reste un formidable prétexte pour la stratégie belliciste occidentale d’accélérer son mouvement vers une confrontation ouverte avec la Russie comme vont certainement le confirmer de très probables nouveaux trains de sanctions anti-russes et opérations de l'OTAN en Ukraine ...

Erwan Castel 

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