Le véritable objectif de la provocation de Kertch

Certes avec la loi martiale étrangement consécutive à l'incident de Kertch qui reste mineur par rapport à ceux de 2014 qui ne l'avait pas provoqué, Porochenko peut espérer prologer sa vie Présidentielle en éliminere l'opposition ou même le scrutin présidentiel ukrainien prévu en mars 2019, mais l'objectif principal de l'incendit organisé à Kertch est plutôt a chercher du côté de l'OTAN.

Source de l'article : Entelkheia

Danger de guerre: 
les USA et le Royaume-Uni engagent encore plus de forces militaires en Ukraine


Par Arkady Savitsky 

Paru sur Strategic Culture Foundation sous le titre 

Deux nouvelles conflictuelles sont parues en même temps : selon RT, « Moscou ouvre le feu pour arrêter des navires de guerre ukrainiens ayant violé ses eaux territoriales ». De l’autre côté, pour Le Figaro, c’est la Russie qui est responsable de s’être « emparée de trois navires ukrainiens ». La tension est au maximum.

La Cour constitutionnelle ukrainienne a récemment donné son feu vert à un projet de loi visant à y inscrire l’objectif final de l’Ukraine, l’obtention de son adhésion à l’OTAN et à l’UE. La décision a été annoncée le lendemain d’une déclaration conjointe des ministères de la défense du Royaume-Uni et de l’Ukraine qui soulignaient la nécessité d’étendre leur coopération militaire avec le pays. Les chefs de la défense ont convenu que l’opération Orbital, le programme d’entraînement de l’Armée de terre ukrainienne lancé en 2015, a été une réussite qui doit se poursuivre au moins jusqu’en 2020. Des instructeurs de l’armée britannique, dont la plupart dotés d’une grande expérience des opérations de combat en Irak et en Afghanistan, ont formé plus de 9 500 militaires ukrainiens. Un nombre non spécifié de soldats britanniques seraient envoyés pour former les forces spéciales et les marines ukrainiens, en plus des 100 soldats actuellement déployés dans le pays.

Un navire hydrographique polyvalent sera déployé en mer Noire l’année prochaine pour démontrer le soutien de la Grande-Bretagne à l’Ukraine et garantir la « liberté de navigation » dans ses eaux. Le HMS Echo n’est pas un navire de guerre, mais il bat pavillon de la marine britannique. En septembre dernier, la Grande-Bretagne avait déclaré son intention d’accroître la présence des navires de guerre dans la mer Noire, avec des escales de plus en plus fréquentes à Odessa.

Dans un contexte de tensions croissantes dans la mer d’Azov, la présence navale de l’OTAN y est perçue comme une provocation par la Russie. Un conflit semble imminent et l’Occident a pris le parti de l’Ukraine, bien que Kiev l’ait provoqué. La vice-présidente de l’UE, Federica Mogherini, estime que de nombreux navires battant pavillon de l’Union européenne ayant été menacés, Bruxelles doit prendre les « mesures ciblées appropriées » pour envoyer un signal à Moscou.

L’extension de la présence militaire britannique va à l’encontre de la lettre et de l’esprit des accords de Minsk, qui stipulent que le conflit en Ukraine doit être traité par des voies diplomatiques et politiques.

L’armée américaine dispose déjà d’un centre d’opérations maritimes situé dans les installations navales ukrainiennes d’Ochakov, conçu pour fournir un soutien maritime flexible dans toute la gamme des opérations militaires possibles. Des centaines d’instructeurs militaires américains et canadiens forment du personnel ukrainien dans le champ de tir de Yavoriv. Les États-Unis vont transférer deux frégates de type Oliver Hazard Perry en Ukraine. Cette mesure assurera une présence navale constante de l’OTAN dans la mer Noire en contournant les restrictions imposées par la Convention de Montreux, car les navires auront à bord des marins américains qui effectueront des « missions d’entraînement » et resteront sous commandement américain, malgré les déclarations contraires des sources officielles [les USA ne sont pas signataires de la Convention de Montreux, non plus que de la  Convention des Nations-Unies sur le droit maritime, NdT]. Au total, dix navires de cette classe sont disponibles à l’exportation. En septembre, les garde-côtes américains ont transféré deux navires patrouilleurs Island-class armés de mitrailleuses de calibre 50 et de canons de 25 mm sur le pont. Ces transferts invitent Kiev à défier militairement Moscou.

Personne à Washington ou à Londres ne se demande pourquoi un pays industrialisé et un important exportateur d’armes comme l’Ukraine, avec des ressources abondantes et des terres fertiles, doit dépendre de l’aide étrangère et est incapable de se défendre seul. Des armes sont fournies et une formation militaire est dispensée dans ce pays où la corruption est endémique dans tous les secteurs de la société, comme l’établit même un récent rapport du département d’État américain. [Plusieurs rapports du Departement d’Etat US font état de la corruption de l’Ukraine, en fait, NdT]. Les protestations populaires sont monnaie courante. Le conflit dans le Donbass est utilisé pour détourner l’attention des problèmes intérieurs. La frustration engendrée par la réticence de Kiev à introduire des réformes indispensables et à réduire l’influence politique des oligarques s’accroît rapidement. Le peuple ukrainien a besoin de réformes politiques et économiques, et non d’une présence militaire étrangère accrue sur son sol.

La seule raison pour laquelle l’Occident maintient l’Ukraine à flot est son obséquiosité et sa volonté de se transformer en tremplin pour menacer la Russie. Malgré les multiples problèmes de l’Ukraine, le pays a récemment été récompensé par un statut officiel au sein de l’OTAN. Le sommet de 2018 de l’Alliance de l’Atlantique Nord a confirmé son soutien à l’adhésion à part entière de l’Ukraine, quitte à ridiculiser les soi-disant « normes de l’OTAN ».

Le gouvernement britannique traverse une période difficile. Il vient d’aboutir à un projet d’accord mal ficelé sur les relations post-Brexit avec l’UE. L’accord n’a qu’une faible chance de passer le vote du Parlement. Personne ne sait exactement comment tout cela finira si les députés disent non. Il se peut qu’il n’y ait pas de Brexit du tout, en fin de compte. Le chancelier Philip Hammond estime que « si l’accord n’est pas approuvé par le Parlement, nous aurons une situation politiquement chaotique…. Dans le chaos qui s’ensuivrait, il n’y aurait peut-être pas de Brexit. »Ou il peut y avoir des négociations sans fin, des conférences de réconciliation, des retards et des reports. Ce sera difficile pour le gouvernement de se maintenir. Il y a des partisans d’une motion de censure au Parlement. Personne ne sait comment les choses vont tourner.

Rien ne soude mieux une nation divisée qu’une menace extérieure, par exemple celle de la Russie. La date limite du Brexit est le 29 mars, après quoi, pendant une période de transition de 21 mois, la Grande-Bretagne sera toujours membre de l’UE. Les événements en Ukraine sont nécessaires pour faire croire que le Royaume-Uni donne un coup de main à une nation pauvre attaquée, et ainsi, améliorer l’image du gouvernement et son taux d’approbation. Les membres du Cabinet ne disent pas à leur peuple qu’en apportant une aide militaire à Kiev, leur pays devient complice d’un conflit qui n’a rien à voir avec sa sécurité ou ses intérêts nationaux. Mais l’aide militaire britannique pousse le gouvernement ukrainien à envisager une solution militaire.

La Russie ne restera pas passive. Si les accords de Minsk sont annulés, elle aura toutes les raisons de reconnaître les républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk comme des États indépendants éligibles à des accords de coopération militaire, y compris le stationnement de bases militaires russes sur leur sol, si leurs gouvernements le demandent. Aucun droit international ne serait violé.

Le gouvernement ukrainien exacerbe les tensions parce que le président Petro Porochenko se présente à une réélection en mars 2019, sur la base d’un programme de sécurité nationale, ce qui le pousse à adopter une ligne plus dure sur le sujet de la mer d’Azov. Ceux qui se précipitent pour lui fournir une assistance militaire deviennent complices de son aventurisme, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. Le Royaume-Uni aura la responsabilité d’inciter Kiev à adopter une approche conflictuelle et à transformer la mer d’Azov en une poudrière qui peut exploser à tout moment.

Arkady Savitsky

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