Les adieux de l'automne
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Retour au régiment après un court repos sur Oktyabrsky d'où j'ai pu suivre l'incident de Kertch tandis qu'un brouillard humide tentait d'effacer le premier assaut de l'Hiver survenu pendant ce mois de novembre 2018.
Il y a 5 ans j'ouvrais la réinformation sur cette crise ukrainienne qui depuis n'a cessé de dégénérer, nous entraînant étape par étape vers le gouffre d'une troisième guerre mondiale qui aujourd'hui semble plus inévitable que pendant la guerre froide où la confrontation entre USA et URSS obéissait finalement beaucoup plus à des règles internationales et une transparence des discours et des actes.
Mercredi 28 novembre 2018
Aujourd'hui le bloc russe (Russie et ses alliés) a en face de lui un ennemi diffus et fluide dont la tête est souterraine et protéiforme engage par procuration et depuis les années 80 les premiers conflits de cette 3ème guerre mondiale que personne ne veut encore nommer et dont les motivations réelles qui ne sont plus idéologiques mais purement économiques confèrent à l'impérialisme occidentale une amoralité criminelle sans limite.
Tout comme le froid qui s'abat sur le Donbass, Un Hiver s'en vient sur l'Histoire des hommes poussé par les vents de leur folie et animé par une vitesse exponentielle que personne ne semble pouvoir arrêter.
Quiconque relève un peu le nez de l'écran plat lumineux de ses rêves narcotiques de consumériste individualiste peut observer les fissures qui lézarde le monde post-moderne secoué par des crises multiples qui ont comme dénominateur commun d'être organisées par une ploutocratie mondialiste qui veut réduire en esclavage une humanité déshumanisée pour n'être plus que de la chair à usine, à supermarché... et à canon !
En Syrie et dans le Donbass, la résistance des peuples à cette dictature de la marchandise a ouvert des conflits armés et meurtriers sans fin, mais qui sont malheureusement la seule alternative à l'aliénation et l'esclavage organisés par un nouvel ordre mondial qui est aussi suicidaire que tyrannique.
Dans le Donbass, le peuple résiste depuis 5 ans grâce à l'appui vitale d'une Russie à laquelle il appartient culturellement et historiquement. Mais ici tout le monde sait que se joue entre Ukraine et Russie que le prélude à un nouveau chaos mondial qui rouvrira bientôt les champs de batailles et les cimetières européens.
L'Hiver arrive !
Je suis né pendant les "trente glorieuses", à cette époque où la réussite économique et l’insouciance sociale permettait à l'Europe de prendre du recul par rapport aux tensions géopolitiques mondiales dot elle se détachait peu à peu via notamment le processus de décolonisation en Asie ou Afrique par exemple.
Puis il y a eu les chocs pétroliers qui ont ouvert le temps de la post-colonisation d'une ploutocratie occidentale, plus sournoise et cynique, s'appuyant sur les dictatures de pantins installés par les vampires de la finance internationale. Aujourd'hui cette ploutocratie amorale et criminelle a étendu sa tyrannie jusque dans les propres pays dont elle est issue pour que rien ne l’arrête, pas même les valeurs civilisationnelles qu'elle agite pourtant comme des vieilles reliques au dessus de ses bataillons de mercenaires, les soldats, terroristes et journalistes asservis.
Si en Syrie la stratégie occidentale cherche son second souffle, elle semble avoir passé le relais au théâtre d'opérations ukrainiens où depuis plus de 4 ans Washington et ses clébards de l'Union Européenne entretient un front de réserve contre la Russie depuis le coup d'Etat du Maïdan.
A l'image de ce milicien courbé sous les assauts du blizzard gelé, le Donbass résiste accroché à une ligne de front terrestre de 300 kilomètres qui n'a pas reculé d'un mètre malgré les grignotages successifs de la zone neutre par les forces ukrainiennes.
En chiffre la guerre du Donbass c'est aujourd'hui entre 10 et 20 000 tués minimum, des dizaines de milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés et réfugiés, des millions de rêves détruits par les bombardements et des milliards de dégâts économiques et matériels.
Mais le Donbass c'est aussi et surtout ,5 ans de résistance à une dictature ethnocentrée ukrainienne mue par une russophobie hystérique venue d'un autre âge, 5 ans à subir une guerre à caractère génocidaire financée par tout l'Occident, 5 ans d'une souffrance humaine intolérable dans l'Europe du XXIème siècle, mais aussi 5 ans de résilience exceptionnelle de la part de ce peuple ostracisé ou ignoré par "l'opinion internationale" et 5 ans d'espérance protégée par un courage, une histoire héroïque, une foi inébranlable et un patriotisme sacrificiel.
Et le pire reste probablement à venir...
Car la provocation de Kertch est beaucoup plus qu'un simple incident frontalier sur une zone contestée entre 2 pays, c'est l'ouverture d'un nouveau cycle de provocations et de violences exponentielles orchestrées par les occidentaux contre une Russie (et directement contre ses forces nationales), qui étant aujourd'hui acculée contre ses frontières n'a plus d'autre alternative que de riposter avec fermeté et d'accepter la guerre que veulent lui déclarer les vampires de Wall Street et de la City.
Oui, différents hivers arrivent à l'horizon poussés par le vent de la haine et du profit, et l'automne où résonnent encore en écho les rires insouciants de l'été et de la paix des parents nous a bel et bien fait ses adieux...
Erwan Castel